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Sabri Oueslati: «créer des activités donnant envie aux touristes de venir en Tunisie»

Sabri Oueslati: «créer des activités donnant envie aux touristes de venir en Tunisie»

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S’il ne partage pas l’appellation consacrée de « tourisme alternatif », c’est néanmoins son secteur professionnel de prédilection.

Président depuis 2013 de l’Association Edhiafa qui regroupe les unités d’hébergement de petites tailles, Sabri Oueslati est également propriétaire depuis 2009 de la maison d’hôtes Dar Sabri dans la médina de Nabeul et d’une agence de voyage licence A, Dar to Dar, structure complémentaire adaptée au type de clientèle qu’il traite.

Rentré de sa Belgique natale après la révolution, il souhaite aujourd’hui voir le secteur en Tunisie s’inscrire dans une démarche éco-responsable et durable. 

Alors que la pandémie de COVID-19 est un drame pour le business du tourisme, pour lui, il constitue une opportunité pour actionner le changement.  

 

La pandémie de COVID-19, un drame et une opportunité

Si la pandémie de COVID-19 constitue un drame collégial pour le business, elle présente une opportunité pour plusieurs acteurs en leur permettant de respirer un bon coup et de repenser en profondeur leur business, de se remettre en question, de revoir et retravailler des aspects qu’ils n’ont pas eu l’occasion de revoir.

Nous avons pu dépenser ce temps de répit à des fins professionnelles et afin de réfléchir à notre positionnement ou encore à préparer un plan de travail à court, à moyen et à long-termes. Il s’agit de même d’une occasion pour partager pas mal de réflexions avec des collègues du secteur et de se former. Tout cela est capital et doit nous permettre de rebondir.

Nos petites structures d’hébergement

Les petites structures d’hébergement rassemblent les hôtels de charme, les chambres d’hôtes, les gîtes ruraux, les campements, les hébergements de courte durée. Pour leur créer des cadres juridiques et des agréments propres, nous avons déjà travaillé dans le passé sur la mise en place de cahiers de charges.

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Mais il y a un travail à faire pour les nouvelles structures de type Airbnb vu l’absence de cadre juridique et à la concurrence déloyale qui existe. Il faut que l’on se mette autour d’une même table et aborder tous ces sujets sensibles. Cette activité est importante puisqu’il existe en Tunisie plus de 300 unités d’hébergement de petite taille et on dépasse largement les 1000 lits.

Aller vers le digital

Dans cette remise en question globale, le digital doit suivre aussi. Nous parlons actuellement de la 5G qui va arriver et des objets connectés. Investir dans le digital est une exigence tant pour le privé que pour le public. À titre indicatif, nous pouvons concevoir des solutions en vue de faciliter les démarches administratives comme l’octroi des visas touristiques à travers des démarches simplifiées et automatisées.

J’ajoute dans ce même contexte que l’association Edhiafa travaille sur la création d’une plateforme qui devrait recenser ses 40 membres mais qui permettra également de faire des réservations et d’effectuer des paiements sécurisés en ligne. C’est un outil innovant avec sa conception qui assurera l’automatisation des processus.

« Edhiafa travaille sur la création d’une plateforme qui devrait recenser ses 40 membres »

La formation

La formation est un autre sujet auquel il faut accorder plus d’attention. Notre secteur manque d’employés qualifiés à cause de l’absence de formation. A chaque fois où nous voulons recruter, nous sommes contraints de faire des formations sur mesure aux nouvelles recrues. Néanmoins, le personnel doit être hautement qualifié pour qu’il puisse assurer le fonctionnement de la structure en l’absence du premier responsable qui n’est pas toujours disponible.

La reprise

Il est plus facile de mettre en œuvre les mesures sanitaires au sein de ces petites structures que dans les hôtels classiques. A mon avis, la reprise y sera plus rapide et plus facile.

Pour cette raison, l’association Edhiafa a pris l’initiative de travailler sur les bonnes recommandations du protocole sanitaire de l’OMS mais également sur celles du protocole sanitaire tunisien pour créer un document simplifié propre à notre secteur car les propriétaires s’occupent généralement de tout : la comptabilité, l’hygiène, la maintenance, les ressources humaines, la communication et la promotion. Cela implique que le modèle de gouvernance n’est pas toujours aussi pointu que dans un hôtel.

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Il y a en fait peu de petites structures d’hébergement ayant un manuel de procédures clairement écrit et adapté à son fonctionnement. Nous allons donc aider ces exploitants à avoir un document simplifié ludique et compréhensible à la fois pour sa mise en application et pour communiquer dessus. Une sorte de label qui sera créé au profit des petites structures d’hébergement. C’est aussi pour démontrer la maturité de la Tunisie et afin de rassurer les touristes qui choisiront cette destination.

Faire du surplace pendant 10 ans

En revanche, il y a quand même un sentiment de frustration qui reste après tout ce travail de formation et de réflexion sur des questionnements tels que : Où en sommes-nous ? Que faisons-nous ? Et où allons-nous à court, moyen et à long-termes ? J’ai compris du coup que nous faisons du surplace depuis 10 ans car les mêmes questionnements perdurent toujours.Une impression que tout le monde partage et confirme d’ailleurs.

« En fait, nous possédons une énorme capacité de réflexion contre une réelle difficulté, même une incapacité de mettre en œuvre ce que l’on pense ».

Concrètement, il n’y a pas un changement marquant ni dans le paysage touristique ni dans l’offre touristique tunisienne. Le tourisme tunisien était toujours axé autour des hôteliers et des agences de voyage tandis qu’il est beaucoup plus large et plus riche.

Créer le changement

Les solutions pour changer dans le tourisme en Tunisie existent, nécessitant simplement une volonté et une envie politiques ainsi qu’une collaboration inter-acteurs, entre les autorités publiques concernées d’une part et la société civile et les privés d’autre part.

Cela requiert également du bon sens car beaucoup d’éléments qui peuvent avoir un impact positif sur le changement n’ont pas forcément besoin de beaucoup de moyens financiers mais seulement une capacité d’analyse pour prendre les bonnes décisions. Il est temps d’arrêter de réfléchir et de passer à l’action conjointe. Cela me semble un inconditionnel pour pouvoir créer le changement d’une manière positive.

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Il faudra par ailleurs qu’une feuille de route soit mise en place une fois pour toute sur laquelle nous devrons nous tenir et suivre. Elle devra impliquer tous les partenaires qui apporteront une valeur ajoutée au changement.

En parallèle, il est fondamental de comprendre définitivement que nous ne détenons pas le monopole des belles plages, du beau climat, de 3000 ans d’histoire ou de sites archéologiques. Nous ne pouvons pas nous démarquer seulement par ces éléments vu que nombreux pays regorgent de tels atouts.

Nous avons une offre touristique intéressante certes sur laquelle nous pouvons capitaliser mais il y a un travail important à mener pour arriver à nous différencier par rapport aux autres destinations. Pour capitaliser sur nos acquis comme nos belles plages, il faut avant tout les mettre en valeur et les préserver.

Le manque des signalétique de sensibilisation à la nécessité de la propreté des plages, la bonne gestion des poubelles, la collecte des déchets… tant de défaillances à remédier. Pourquoi ne pas sensibiliser de même les personnes qui veillent sur les parkings sur les plages pour qu’ils passent le message et incitent les visiteurs à maintenir nos plages propres ? Pourquoi pas aussi un contrôle qui se fait par la municipalité accompagné d’une répression effective afin de pousser les gens à changer leur attitude ?

Hélas, aucune politique imaginée actuellement pour garantir la propreté des plages. Si par exemple un privé utilise une plage d’une façon un peu privatisée, il doit déployer une procédure pour garantir sa propreté.

Donner envie au touriste de venir en Tunisie

Je dirais qu’en termes d’offre d’hébergement, une diversification est sur le point de se constituer. Nous continuons à agrandir le champ des offres qualitatives telles que l’Anantara, La Badira ou la Cigale, etc. Des investissements sont par ailleurs entrepris dans le but de fournir des hébergements qui correspondent à la grande majorité des attentes des clients.

Mais encore une fois, notre offre est essentiellement axée sur les hôtels et les agences de voyage. Plusieurs autres produits manquent.

« Il y a par exemple un grand travail à faire pour l’optimisation des sites archéologiques ».

Nous avons également 15 parcs nationaux à l’instar du Parc national de l’Ichkeul qui ne sont pas exploités ni même accessibles.

Ce sont des éléments sur lesquels nous devons travailler et réfléchir dans un cadre de partenariat public-privé intelligent pour créer des activités donnant envie aux touristes étrangers de venir en Tunisie.

Il y a encore des projets très petits autour de l’artisanat qui devraient être plus importants. Idem pour la gastronomie, le vinicole, etc. Il y a en outre certaines initiatives comme la route des vins Iter Vitis Magon qui n’ont pas eu l’impact souhaité parce qu’elles nécessitaient d’être accompagnées d’une réelle volonté politique. Nous aurons besoin de développer une chose à la fois grandiose et solide.

Les initiatives émanant du privé ne peuvent pas souvent aboutir et soutenir le changement car les blocages et les complications administratifs sont toujours au rendez-vous. Car l’Etat ne remplit pas sa mission de facilitateur. De toute évidence, un tel climat pousse les investisseurs à perdre l’envie de créer de nouveaux projets.

Le tourisme de masse a ses raisons d’être

Le tourisme de masse à ses raisons d’être en Tunisie. Toutefois, il s’agirait de proposer des opportunités diversifiées et complémentaires et d’attirer une nouvelle cible de clientèle, celle qui est dans l’attente de nouvelles prestations non proposées jusque-là. L’un des créneaux à développer est le transport de luxe.

D’ailleurs, je trouve aberrant d’imposer des droits de douane sur des voitures exploitées pour des fins touristiques sous prétexte qu’elles ne sont pas destinées au tourisme en bloquant ainsi ce business en Tunisie.

 

Lire aussi les autres intervenants au Think-Tank DestinationTunisie.info #Covid-19

Maher Mokaddem, directeur commercial hôtel Le Royal

Nicolas Pezout, directeur général du Mövenpick Hôtel du Lac Tunis

Mehdi Allani, CEO de l’hôtel Le Sultan

Brahim Ouerzazi, agent de voyages

Ridha Habazi, directeur général de l’hôtel Golden Yasmine Taj Sultan

Nadaa Ghozzi, directrice générale de l’agence de voyage Select Travel

Wissem Ben Ameur, directeur général de l’agence Liberta Voyages

Anis Suissi, directeur Commercial et Marketing dans l’hôtellerie à Hammamet

Nebil Sinaoui, propriétaire de Maison DidineSignature Traiteur et Le Gourmet

Tarek Lassadi, directeur général de l’agence de voyage Traveltodo

Mourad El Kallal, hôtelier à Djerba et ancien tour-opérateur 

Jabeur Ben Attouch, président de la FTAV

Anis Sehili, directeur commercial central groupe El Mouradi

Karim Kamoun, agent de voyages, hôtelier, tour-opérateur

Dr Samy Allagui, consultant en services de santé

Mehdi Hachani, président de la Fédération tunisienne des guides agréés de tourisme

Thierry Breton, commissaire européen pour le marché intérieur

 

 

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