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Wissem Ben Ameur: «C’est à la CNSS de prendre en charge les salaires des employés au chômage technique»

Wissem Ben Ameur: «C’est à la CNSS de prendre en charge les salaires des employés au chômage technique»

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Son agence de voyage fut parmi les premières à être touchée par la suspension de la Omra, son activité principale. Il s’évertue depuis à maintenir son entreprise à flot et gérer la crise. Le directeur général de Liberta Voyages, Wissem Ben Ameur, ne cache pas son mécontentement par rapport à la façon avec laquelle l’Etat agit pour résoudre le problème des agences de voyage. Il estime que l’heure est venue d’ouvrir les tiroirs et en sortir les dossiers brûlants.   

Gestion de la crise:

« Activité à l’arrêt total et secteur parmi les plus sinistrés, telle est la situation dans laquelle évoluent aujourd’hui les agences de voyage. Les premières séquelles de la crise du Covid-19 ont commencé à apparaître fin décembre 2019. Les annulations, les reports et les modifications des réservations sur les destinations asiatiques étaient les éléments annonciateurs de cette crise. Fin février 2020, la suspension de notre activité principale, la Omra, nous a enfoncés encore plus dans la crise.

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Et puis, le coup de grâce est venu avec la fermeture totale des frontières. C’est le deuxième mois consécutif que nous gérons la crise. Nous avons 30 employés chez Liberta Voyages. Un nombre important qui constitue une charge lourde pour l’entreprise avec zéro activité. De plus, nous naviguons à vue. Rien n’est clair. Nous vivons au jour le jour, selon l’évolution de la situation de la pandémie, en attendant de bonnes nouvelles qui nous redonneraient espoir.

Mesures « palliatives »:

L’Etat fait certes des efforts et essaie de proposer des solutions, hélas, pas assez radicales à mon sens. Il voit un seul côté du problème, celui lié à la liquidité et au paiement des salaires. La décision de nous assurer une ligne de crédit se justifie justement par ce raisonnement. Dans la conjoncture actuelle, nous sommes tous conscients, responsables et solidaires. Toutefois, je ne vois pas les choses se dérouler ainsi. C’est à la CNSS de prendre en charge les salaires des employés au chômage technique. Les caisses sont vides, dites-vous ? C’est le moment opportun pour ouvrir ce chantier et restructurer les caisses de sécurité sociale. De mon côté, j’ai toujours honoré mes engagements envers elles. Et le moment est venu pour qu’elles honorent les leurs. Agir autrement, c’est pousser les entreprises à ne plus signer désormais de CDI.

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Je dois rappeler aussi que l’Etat déjà par le passé ne prenait aucune décision pour protéger le secteur. Il laissait la concurrence déloyale gangrener l’activité et affaiblir le secteur légal. Les intrus et les sociétés de services ne perdent pas grand-chose aujourd’hui car ils n’ont pas d’employés et ne paient pas les cotisations sociales.

En contrepartie, les agences de voyage qui respectent la loi et contribuent à résoudre le problème du chômage sont pénalisées. La CNSS aurait dû payer 40% des salaires, pour ne pas dire 80% à l’instar de certains pays européens. L’Etat nous oblige à adopter sa politique, c’est à dire d’emprunter pour payer des salaires. Un modèle de gestion qui a largement démontré son inefficacité. C’est d’ailleurs la principale raison pour laquelle les caisses de l’Etat sont vides. Je ne veux pas emprunter ce même chemin car cette crise pourrait perdurer 12, voire même 24 mois; pourtant, j’ai décidé de verser 100% des salaires du mois courant.

La reprise:

Personne ne peut savoir ni la date ni comment se fera la reprise. Elle dépendra de l’évolution de la pandémie. Quoi qu’il en soit, il vaut mieux s’y préparer pour ne rien laisser au hasard et envisager plusieurs scénarios.

Elle pourrait se faire par le biais du marché local avec, par exemple, la formule de distanciation sociale et un taux d’occupation ne dépassant pas 30%. Mais là aussi, il y a des doutes puisque le comportement du consommateur ne sera pas le même, du moins pendant quelques mois. Certains vont sans doute privilégier des logements, des villas ou des résidences en bord de mer. D’autres pourraient aller dans les hôtels appliquant des protocoles sanitaires performants.

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Créer une nouvelle carte touristique:

Si nous arrivons par exemple à zéro cas contaminé en Tunisie, en Algérie et au Maroc, le gouvernement pourrait commencer par l’ouverture des frontières sur ces deux pays. Puis, il s’agirait de voir les pays où ils ont su maîtriser le virus pour étendre le réseau, soit créer une nouvelle carte touristique d’incoming et d’outgoing avec uniquement les pays non contaminés.

L’aérien premier problème devant l’outgoing:

La reprise de l’outgoing dépendra de plusieurs paramètres endogènes et exogènes comme le choix de la Tunisie d’ouvrir ou de maintenir ses frontières fermées. Quels pays vont-ils aussi accepter de s’ouvrir sur la Tunisie ? Je suis toutefois optimiste là-dessus. Si nous parvenons à maîtriser totalement la pandémie, les Tunisiens seraient partout accueillis à bras ouverts. Et la Tunisie, en tant que destination, serait demandée. Je dirais encore qu’un tel scénario pourrait aider beaucoup à la promotion du pays et son image dans le monde entier.

Le chantier juridique:

Mais avant de parler de la reprise, il est indispensable durant cette trêve de revoir certains aspects, tel le cahier des charges régissant l’activité des agences de voyage qui nécessite d’être révisé et de concevoir tout un nouveau cadre juridique capable de protéger le secteur, mais de même d’assurer une meilleure valeur ajoutée au secteur.

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Je demande également d’exonérer les agences de voyages de payer les cotisations sociales pendant les années 2020 et 2021 et que la CNSS prenne en charge 60% des salaires bruts des employés au chômage technique pour une période allant de 6 à 24 mois. Je propose en outre de suspendre les poursuites judiciaires à l’encontre des agences de voyage (liées aux infractions fiscales).

Il s’agit de même d’accorder de toute urgence des crédits à long-terme de gestion et de capitalisation sans intérêts avec deux années de grâce. Quant aux ressources financières, le gouvernement pourrait tenter des solutions innovantes en impliquant par exemple les tours opérateurs et les convaincre d’engager des lignes de crédit au profit des agences de voyage.

J’appelle également à supprimer le plafond de l’enveloppe réservée à l’activité outgoing, une mesure qui, en l’état, encourage le marché parallèle aux dépens du légal. Et pour conclure, je demande la libéralisation de l’organisation du pèlerinage ».

Propos recueillis par Kemel Chebbi

 

Lire aussi les autres intervenants au Think-Tank DestinationTunisie.info #Covid-19

Ridha Habazi, directeur général de l’hôtel Golden Yasmine Taj Sultan

Nadaa Ghozzi, directrice générale de l’agence de voyage Select Travel

Anis Suissi, directeur Commercial et Marketing dans l’hôtellerie à Hammamet

Nebil Sinaoui, propriétaire de Maison Didine, Signature Traiteur et Le Gourmet

Tarek Lassadi, directeur général de l’agence de voyage Traveltodo

Mourad El Kallal, hôtelier à Djerba et ancien tour-opérateur 

Jabeur Ben Attouch, président de la FTAV

Anis Sehili, directeur commercial central groupe El Mouradi

Karim Kamoun, agent de voyages, hôtelier, tour-opérateur

Dr Samy Allagui, consultant en services de santé

Mehdi Hachani, président de la Fédération tunisienne des guides agréés de tourisme

Thierry Breton, commissaire européen pour le marché intérieur

 

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