Thierry Breton: « créer une nouvelle référence mondiale pour un tourisme responsable, durable et innovant »
25 avril 2020Ce n’est pas un professionnel du tourisme qui parle de son secteur mais un politicien avisé qui semble mesurer la gravité des conséquences attendues sur le secteur touristique à cause de la crise du Covid-19 et des mutations qui vont suivre. Sa vision future ne devrait pas tomber dans l’oreille d’un sourd.
Inventer le tourisme de demain : « Au-delà de l’immédiateté de la situation et de la gestion des conséquences à court terme de la crise, nous devons maintenant regarder vers l’avenir, vers le monde de demain, qui sera inévitablement différent pour toutes nos sociétés et toutes nos économies.
Ne vous y trompez pas: le tourisme ne fera pas exception. Ensemble, nous devrons réinventer et repenser un secteur du tourisme européen durable, numérique et résilient. Tout plan de relance, tout soutien public au tourisme, doit s’accompagner d’une transition, pour intégrer, comme dans tous les autres secteurs, les réalités environnementales, numériques et stratégiques.
##dt20##
C’était une nécessité avant cette crise, et cela devient maintenant un impératif de sortie. Parce que mon ambition est de maintenir l’Europe en tant que première destination touristique mondiale en termes de valeur, de qualité et d’innovation. Mais c’est aussi créer, ensemble, une nouvelle référence mondiale pour un tourisme responsable, durable et innovant en réponse aux excès du tourisme de masse, à la réalité de la transition écologique et à l’émergence de nouvelles plateformes qui remettent en cause l’équilibre de l’écosystème.
Je vois trois composantes d’une telle stratégie:
Premièrement : le tourisme doit être au cœur du Green Deal européen et promouvoir le tourisme durable face au «sur-tourisme» que l’on observe dans certaines villes ou régions. Il s’agira de trouver un équilibre entre la préservation des écosystèmes touristiques et les réalités économiques. Je suis bien conscient de la difficulté d’un tel changement. Il ne s’agit pas d’empêcher les gens de voyager, mais de promouvoir, par exemple, le tourisme local. Un tel changement devra également s’accompagner d’une nouvelle politique européenne de mobilité touristique et d’un engagement fort au niveau local.
Deuxièmement : le tourisme devra passer au numérique et trouver un équilibre entre les acteurs dits traditionnels et les grandes plateformes numériques. Il ne s’agit pas de dresser l’un contre l’autre. Chacun devra s’adapter, certains en devenant plus numériques, d’autres en devenant plus responsables dans leur rôle au sein des écosystèmes. La responsabilité des plateformes en général, et dans le secteur du tourisme en particulier, est un élément sur lequel je pense qu’il y aura un avant et un après cette crise. La loi sur les services numériques sur laquelle nous travaillons déjà sera l’occasion de trouver un tel équilibre.
Troisièmement: le tourisme doit devenir stratégique: en raison de son poids économique et social, et parce qu’il est basé sur une histoire européenne riche et une diversité culturelle européenne inestimable, il doit également se protéger. En particulier, il doit se protéger des stratégies d’investissement agressives des pays non européens, qui pourraient voir la crise actuelle comme une opportunité d’acquérir des bijoux européens à un prix inférieur.
Je propose d’organiser dès que possible – dès que la situation sanitaire le permettra – un sommet européen du tourisme, afin de réfléchir ensemble sur l’avenir et de construire une feuille de route vers un écosystème touristique européen durable, innovant et résilient.
Au-delà de l’urgence sanitaire, qui reste notre priorité actuelle, cette crise accélère les changements dans le monde, dans nos modes de vie et de production, à l’ère de la digitalisation et de la prise de conscience de notre impact sur les ressources de la planète. Face à cette crise sans précédent, il n’y a pas de temps à perdre, notamment pour le tourisme. Il faut tout d’abord – et c’est normal – sauver les acteurs de l’écosystème, et transformer très rapidement ce secteur pour qu’il puisse jouer pleinement son rôle dans les transitions profondes de notre économie et de nos sociétés ».
Lire aussi les autres intervenants au Think-Tank DestinationTunisie.info #Covid-19
Ridha Habazi, directeur général de l’hôtel Golden Yasmine Taj Sultan
Nadaa Ghozzi, directrice générale de l’agence de voyage Select Travel
Wissem Ben Ameur, directeur général de l’agence Liberta Voyages
Anis Suissi, directeur Commercial et Marketing dans l’hôtellerie à Hammamet
Nebil Sinaoui, propriétaire de Maison Didine, Signature Traiteur et Le Gourmet
Tarek Lassadi, directeur général de l’agence de voyage Traveltodo
Mourad El Kallal, hôtelier à Djerba et ancien tour-opérateur
Jabeur Ben Attouch, président de la FTAV
Anis Sehili, directeur commercial central groupe El Mouradi
Karim Kamoun, agent de voyages, hôtelier, tour-opérateur
Dr Samy Allagui, consultant en services de santé
Mehdi Hachani, président de la Fédération tunisienne des guides agréés de tourisme
Laisser un commentaire