Jabeur Ben Attouch : « le fonds d’aide de l’Etat doit être enclenché de toute urgence »
24 avril 2020Depuis le début de la crise liée au coronavirus, le président de la FTAV (Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme), Jabeur Ben Attouch, est au four et au moulin, tentant de sauver ce qui peut être sauvé dans le secteur des agences de voyages toutes spécialités confondues, frappant à toutes les portes et ne reculant devant aucune petite ouverture susceptible d’atténuer la gravité du moment. Tour d’horizon des principales actions engagées.
Mobilisation de la FTAV : « Il y a actuellement en Tunisie plus de 1300 agences de voyages qui contribuent à employer directement et indirectement plus de 20.000 personnes. Depuis le déclenchement de la crise sanitaire du COVID-19, des commissions de veille et des cellules de travail ont été créées au sein de la FTAV ainsi que plusieurs autres mécanismes qui ont été déployés afin de suivre l’évolution de la crise et son impact sur les différentes agences de voyages, d’autant que la reprise de nos activités ne peut pas être envisagée avant le premier trimestre 2021. La gravité de la situation dans notre secteur est donc sans aucune mesure par rapport aux autres.
La FTAV a, par la suite, multiplié les rencontres avec les premiers responsables politiques afin de faire entendre sa voix. Nous avons rencontré à deux reprises le chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh. Deux autres entrevues ont eu lieu avec le ministre des Affaires sociales et celui du Tourisme.
Nous avons envoyé plusieurs correspondances à la Banque centrale et aux différentes banques leur expliquant et les informant de la situation difficile par laquelle passe notre secteur, sollicitant leur solidarité et demandant le rééchelonnement des crédits sans frais supplémentaires. La date butoir nécessaire est le 15 mai. A défaut d’exécution au-delà de cette date, nous serons dans l’immense de regret de ne pas pouvoir payer les salaires du mois de mai ».
Des tentatives pour arrêter le paiement des factures BSP : « Nous avons envoyé des correspondances au directeur général de la DGAC (direction générale de l’Aviation civile) et à l’IATA (Association du transport aérien international) leur demandant de reporter le paiement des factures BSP (système interprofessionnel organisant et régulant le paiement des factures des compagnies aériennes dans chaque pays, ndlr).
L’objectif était de tenter de préserver la trésorerie des agences de voyages billettistes et d’assurer les salaires de leurs employés pour quelques mois. Un report du paiement des factures BSP aurait aidé à préserver des fonds de plus de 90 millions de dinars chez les agences de voyages. Malheureusement, la réponse était négative.
Les agences de voyages ont payé les salaires du mois de mars et ceux d’avril seront également versés dans le cadre de l’accord qui a été signé le 23 avril courant avec l’UGTT portant sur un taux de 65% du salaires assorti d’un montant de 200 dinars fourni par l’Etat dans le cadre de son soutien aux entreprises en grandes difficultés telles que les agences de voyages qui ont été touchées à 100%. Néanmoins, les caisses sont désormais vides et les agences de voyages n’ont pas de liquidités pour continuer à payer les salaires des prochains mois. Il s’avère donc très urgent que le fonds d’aide aux entreprises annoncé par le gouvernement soit enclenché dans les meilleurs délais ».
Solidariser les partenaires : « Nous avons contacté nos partenaires locaux et étrangers en vue de nous aider à sortir de cette crise. À cet égard, j’annonce qu’il y a des bailleurs de fonds et des partenaires tunisiens et européens qui ont exprimé leur solidarité avec nous et leur disposition à nous aider dans cette phase difficile ».
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Force de proposition : « Sans attendre la réaction des pouvoirs publics, nous étions dès le début de la crise une force de propositions et nous avons présenté au gouvernement, aux ministres du Tourisme, des Affaires sociales et des Finances ainsi qu’au gouverneur de la Banque centrale une liste de mesures que nous jugeons susceptibles d’aider à atténuer les répercussions de la crise sanitaire sur notre activité. Il s’agit, entre autres, d’ouvrir une ligne de garantie de crédits à taux zéro laquelle permettra d’apporter les liquidités nécessaires aux agences de voyages pour qu’elles puissent préserver les emplois et reprendre leur activité.
Cette ligne de crédit devra bénéficier d’une période de remboursement comprise entre 3 et 5 ans. Le paiement des salaires est déjà une charge qui pèsera lourd sur notre rentabilité future. Dans d’autres pays, la prise en charge directe est totale s’est faite au niveau de l’Etat. Cependant, nous sommes conscients de la réalité nationale et des nos moyens, c’est pour cela que nous n’avons pas réclamé cette mesure. Quant aux crédits de fonctionnement, ils devront nous être accordés avec un taux fixe de 3% remboursables sur 8 à 12 ans.
En outre, nous avons demandé la suspension de toutes les poursuites judiciaires à l’encontre des professionnels en rapport avec des infractions financières. Nous avons appelé de même à rééchelonner les crédits bancaires et de leasing sans intérêts ni pénalités de retard ».
Création de l’Union tunisienne du Tourisme : « la FTAV, avec les autres syndicats patronaux du tourisme comme la FTH (Fédération tunisienne de l’hôtellerie), la Fédération tunisienne des restaurants touristiques (FTRT), la Fédération interprofessionnelle du tourisme tunisien (Fi2T) et l’Union nationale de l’industrie hôtelière (UNIH), sommes actuellement en concertations avancées afin de créer l’Union tunisienne du Tourisme, une organisation patronale sectorielle coiffant toutes les activités du tourisme qui aura son poids et qui sera en mesure de représenter et de défendre convenablement l’intérêt du secteur ».
Création d’un fonds de solidarité : « Nous sommes en concertations pour la création d’un fonds de solidarité et d’assurance financé par les professionnels permettant au secteur de se protéger étant donné que les compagnies d’assurance sont incapables de nous couvrir lors de la faillite des grandes sociétés et de nous assurer contre les éventuelles crises liées au terrorisme ou par exemple comme la faillite de Thomas Cook ».
Message d’espoir : « Je suis confiant en ce qui concerne l’avenir. Grâce à la solidarité entre nous et notre détermination, nous nous en sortirons plus forts. Cette crise représente une opportunité pour restructurer notre secteur. D’ailleurs, au niveau de la FTAV, nous avons ouvert des chantiers que nous n’avions pas pu engager auparavant par manque de temps.
Les présidents de commissions ont mis en place un programme travail qui porte sur les futures actions à entreprendre tant qu’il n’y a pas eu de vaccin. Nous pensons déjà à la définition d’un protocole sanitaire pour les agences de voyages par exemple dans le transport touristique qui répondent aux exigences de nos partenaires étrangers.
Notre objectif est aussi de relancer la saison le plus tôt possible. Avec le ministère du Tourisme, il est question également de revoir plusieurs questions stratégiques dans toutes les activités qui sont les nôtres. La machine FTAV continue de tourner en dépit du confinement ».
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