Billetterie aérienne : prises en étau, les agences de voyages appellent l’Etat tunisien à intervenir auprès de l’IATA
29 mars 2020La FTAV sollicite un « ordre gouvernemental » à l’adresse de l’IATA lui demandant de reporter le paiement de l’échéance du mois de mars due aux compagnies aériennes par les agences billettistes en Tunisie.
Les agences de voyages agissant dans la billetterie aérienne se disent actuellement dépitées par le cercle vicieux dans lequel elles se trouvent. Le 31 mars, elles devront s’acquitter auprès de l’IATA (l’Association du transport aérien international, qui collecte les recettes des billets d’avion pour le compte des compagnies aériennes) du montant intégral du mois de mars dû au BSP (système interprofessionnel régissant les paiements entre agences de voyages et compagnies aériennes dans chaque pays).
Or, il se trouve que l’argent que ces agences devront verser n’a pas été réellement encaissé puisque les billets d’avion qu’elles ont vendus n’ont finalement pas été utilisés étant donné les circonstances liées à la crise du Coronavirus. Sauf que les compagnies aériennes ont fait le choix de ne pas restituer le montant de ces billets (même les billets remboursables), y compris sur les GDS, mais d’offrir à leur détenteur la possibilité de voyager avec plus tard, sans pénalité de changement.
N’ayant pas encore utilisé ces billets, les clients, individuels ou corporate, ne les ont par conséquent pas réglés, mettant ainsi les agences de voyages en porte-à-faux, tiraillées entre l’exigence de l’IATA d’être payée rubis sur ongle, et leurs clients n’ayant pas bénéficié du service.
La réputation d’intransigeance de l’IATA
Face à cette situation inaccoutumée, la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV) a demandé à la Direction générale de l’Aviation civile d’émettre un « ordre gouvernemental » qui permettrait aux agences de voyages de reporter les paiements jusqu’à la levée du confinement actuel et sans avoir à en subir les conséquences de défaut de paiement face à une IATA réputée intransigeante même en cette période où le cas de force majeure aurait dû primer.
La FTAV a également saisi à cet effet non seulement l’IATA mais aussi l’ECTAA (Confédération européenne des associations d’agences de voyages et de tour-opérateurs) sur un sujet qui, finalement, n’est pas propre à la Tunisie mais qui fait également débat dans de nombreux pays actuellement.
« Les agences billettistes sont sinistrées à cause de la crise qui les a touchées de plein fouet. Les compagnies aériennes n’ont pas remboursé ces billets mais offert la possibilité de les utiliser plus tard, ce qui pose un énorme problème dans la relation client-agence de voyage » confirme Jabeur Ben Attouche, président de la FTAV, qui prévient que les agences, bien qu’ayant honoré leurs engagements auprès des compagnies aériennes le 15 mars dernier, risqueraient d’être dans l’incapacité de payer le dû des compagnies aériennes à la fin du mois en cours.
Ce délai permettrait aux agences sinistrées de pouvoir préserver leur trésorerie et assurer autant que faire se peut le salaire de leurs employés.
« Si l’échéance n’est pas reportée, il faut s’attendre à un effondrement de tout le système mis en place affectant aussi bien l’IATA que ses clients compagnies aériennes, que les agences accréditées » a averti de son côté Abdelaziz Ben Aïssi, président de la Commission Transport aérien (CTA) à la FTAV, indiquant que ce secteur ne bénéficiait d’aucune ligne de crédit pour survivre.
La course contre la montre est engagée dans un contexte extrêmement délicat où, pour des questions désormais de survie, chaque partie défend comme elle peut son pré carré.
D.T
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