Syphax Airlines : demain le monde… vous demandera des comptes
3 août 2015C’était le slogan de Syphax Airlines lors de son entrée en Bourse en 2013: « Demain le monde », avec la promesse pour ses actionnaires d’ouvrir tout un réseau de lignes sur Paris, Istanbul, Casa, mais aussi Montréal, New York, Pékin, etc.
A la base, il s’agissait de faire de Sfax la base opérationnelle de cette compagnie, eu égard au potentiel économique de la 2e ville de Tunisie, mais aussi aux origines de son fondateur, Mohamed Frikha.
Après bien des déboires, la compagnie a réussi à ouvrir des lignes sur Paris (CDG Terminal 3) et Istanbul (Sabiha), à effectuer quelques dessertes vers Montréal avant de jeter l’éponge. Jamais elle n’est allée au Maroc et encore moins en Chine.
Le dernier vol qu’elle continuait d’effectuer de manière régulière, le FS 104/105, est désormais annulé. Tous les jours depuis le 31 juillet, le départ pour Paris du quotidien de Syphax Airlines est en effet supprimé.
L’IATA achève Syphax
En cause, une décision de l’IATA (l’Association internationale du transport aérien) qui, pour défaut de paiement, l’a exclue du BSP, le système qui permet aux compagnies aériennes d’être vendues par les agences de voyages. Sans réseau de ventes, sans possibilité de vendre de billets, la compagnie se retrouve clouée au sol. Du moins pour le seul appareil qu’elle exploite encore pour son compte, un Airbus A.319.
A l’annonce de l’IATA, Syphax Airlines a jugé qu’il s’agissait d’une décision « brusque, surprenante et bloquante ». Mais les observateurs du transport aérien n’ont eux, pas été surpris par l’annonce. Car déjà depuis plusieurs mois, des articles de presse et des dénonciations sur les réseaux sociaux faisaient état de nombreux impayés auprès de ses fournisseurs.
Passagers lésés
Mais ce sont aussi les passagers de la compagnie qui ont fait les frais de cette annonce, survenue qui plus est en plein rush estival, qui a entraîné la suspension de tous les vols le 30 juillet à minuit. Syphax a tout de suite demandé à ses clients de prendre contact avec elle ou avec les agences de voyages « pour plus d’informations ». Sans stipuler noir sur blanc la mention « remboursement des billets déjà achetés ». C’est finalement de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV) que viendra l’annonce claire et sans ambages : « Syphax doit assumer ses responsabilités à l’égard de ceux qui sont supposés bénéficier de ses services ». Comprenez par là les passagers qui n’ont pas pu prendre leur vol mais aussi les agences de voyages qui ont vendu des billets d’avion et qui se retrouvent désormais dos au mur.
Les observateurs estiment que la compagnie n’a plus d’avenir. Peut-être uniquement dans la location de ses deux appareils, dont l’un est d’ailleurs opérationnel au Maroc. Mais il s’agit en général de locations saisonnières qui ne la mèneront pas loin. Syphax tente tant bien que mal de survivre mais elle semble de toute évidence condamnée.
Et ses créanciers ne lâcheront certainement pas prise car ce sont quelques milliards de millimes d’impayés qui sont en jeu. Le feuilleton Syphax va encore se poursuivre, mais certainement cette fois devant les tribunaux.
Donia Touihri
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