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Mohamed Frikha, l’homme qui encaisse désormais sans broncher

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Le patron de Syphax Airlines est-il en train de tenter le tout pour le tout pour se racheter une virginité ? Sinon comment expliquer la multiplication de ses passages à la TV ces dernières semaines et ses tentatives vaines de justifier la situation par laquelle passe sa compagnie aérienne ?

Mohamed Frikha a en effet effectué deux apparitions, d’abord sur la chaîne privée El Hiwar Ettounsi le 10 janvier 2016 et au cours de laquelle il n’a pas sourcillé face à un animateur qui ne l’a pourtant pas ménagé à plusieurs reprises, au point même de le ridiculiser dans certains cas sans qu’il n’en soit offusqué pour autant.

Second passage sur la Watania 2 le 25 janvier où il s’est fait malmener cette fois non pas par l’animateur mais par un invité comme lui sur le plateau, en l’occurrence l’expert économique Moez Joudi, qui a appelé en direct à ce que l’immunité parlementaire de Frikha soit levée « pour que la justice puisse le poursuivre pour malversations dans l’affaire du rachat du Falcon de Sakher El Matri » (confisqué après la révolution ndlr). L’intéressé était à deux doigts de quitter le plateau avant finalement de reprendre sa place comme si de rien n’était.

Au cœur de la tourmente

Ce qui est sûr, c’est que le député-homme d’affaires qui ne possède plus que 45% de la société n’a pas peur de se faire humilier et camper sur des positions défensives loin d’être convaincantes et encore moins pertinentes.

A l’arrêt depuis le mois de juillet, sa compagnie Syphax Airlines va reprendre ses activités si l’on en croit ses fantasmes. Mohamed Frikha se donne d’ailleurs 3 mois. Il indique à ce propos que ses deux Airbus A.319 ont été déplacés de l’aéroport de Sfax vers celui de Monastir pour être entretenus dans la perspective d’une reprise de service. Et quand on lui rappelle qu’il avait déjà promis une reprise de Syphax pour le 17 octobre dernier, il accapare Tunisair qui aurait dû lui louer des avions mais qui se serait rétractée à la dernière minute. Renseignement pris, la compagnie publique avait été en effet à deux doigts de lui louer deux appareils en septembre dernier mais n’aurait reçu aucune garantie financière en retour. Frikha aurait-il perdu la confiance de ses banques au point de ne plus pouvoir produire la moindre caution ?

Actuellement, ce sont ses 160 employés qui ne manquent pas une occasion pour médiatiser leur situation et dire tout haut qu’ils n’ont pas perçu leur salaire depuis le mois de juillet dernier. Réponse du fondateur de la compagnie : « la plupart de mes employés que vous avez vus à la TV exercent un second emploi ailleurs ».

Et pour ce qui concerne ses 5000 passagers lésés qui attendent d’être remboursés, Frikha se contente de dire qu’il s’est « excusé auprès d’eux ». «  On est en train de rendre l’argent : ceux qui ont payé par carte bleue ont été remboursés et pour les autres, le process de remboursement avec l’IATA a débuté en novembre pour ceux qui ont acheté auprès des agences de voyages ».

60 milliards de dettes

Mais ce ne sont pas seulement les passagers de la compagnie qui ont été lésés. Les fournisseurs l’ont été tout autant. Il reconnaît être endetté à hauteur de 40 MD en Tunisie et de 20 MD à l’étranger.

« Nos créanciers, nous allons leur rendre leur argent. Je suis un homme de réussite qui n’accepte pas les revers » s’est-il exclamé dans l’émission de Samir El Wafi. Ce dernier n’y est pas allé par 4 chemins et lui a rappelé qu’il incarnait désormais l’échec. Et Mohamed Frikha de rétorquer : « Dès le départ, on n’a pas accepté cette compagnie. Le 29 avril 2012, le premier vol sur Tozeur avait dû être encerclé par les forces de l’ordre (…) J’ai fait l’objet d’une campagne contre moi, je suis visé personnellement pour des raisons politiques (…) Je ne regrette pas d’être entré en politique mais je regrette « peut être » d’avoir racheté l’avion de Sakher El Matri car je ne pensais pas qu’il allait m’apporter tous ces problèmes (…) On m’a respecté à l’étranger plus que dans mon propre pays (… ) Syphax n’est pas la seule compagnie à avoir des problèmes mais on m’a visé car je me suis présenté aux élections sous la bannière Ennahdha mais je suis indépendant, je ne suis pas membre du parti.

L’animateur revient à la charge: « vous avez toujours refusé de servir de l’alcool à bord de vos avions pour des raisons morales mais quand vous ne payez pas les salaires, cela ne vous pose pas de problème de morale ?  » Réponse de Frikha: « j’ai payé les salaires de ma poche pendant 6 mois pour sauver la compagnie (…). Le chef PNC (qui serait à l’origine de la campagne de soulèvement des salariés), je sais qui est derrière ».

L’animateur insiste : « Monsieur Frikha, qui vous vise ? Des gens, des partis politiques ? Qui ? Dites-le une fois pour toutes ! »  Le concerné esquisse la réponse en baissant la tête.

Hédi HAMDI

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