Ce que les professionnels du tourisme ont à gagner en s’ouvrant au monde des startups
24 octobre 2021Le Comité Innovation déployé par les deux fédérations professionnelles du tourisme, la FTAV et la FTH, veut rapprocher les deux écosystèmes du tourisme et des startups pour trouver des solutions aux besoins actuels.
Comment les startups peuvent-elles contribuer à améliorer l’offre touristique ou encore l’image de la destination ? C’est sur cette question que le Comité stratégique Innovation initié par les fédérations professionnelles du tourisme FTAV et FTH se penche actuellement.
Entre les deux écosystèmes, il semble évident que beaucoup de synergies peuvent être mises en place. Grâce au fameux Startup Act promulgué en Tunisie, ce sont aujourd’hui pas moins de 600 startups qui sont labellisées, selon Zeineb Messaoud, directrice de The Dot.
Ces startups sont ouvertes à toute forme de développement de leur champ d’activité, et notamment avec le secteur du tourisme, pour peu qu’on les sollicite et qu’on les implique dans le développement de solutions innovantes.
« L’innovation est une façon efficace et nécessaire pour régénérer le secteur touristique » soutient Nadaa Ghozzi, présidente du Comité Innovation FTAV. « Il y a énormément de startups qui travaillent dans le secteur touristique, mais ce ne sont pas des opérateurs conventionnels et ne sont pas affiliés au ministère du Tourisme mais à celui des Technologies » explique-t-elle.
L’objectif aujourd’hui pour ce Comité, c’est de tenter de tracer le secteur touristique de demain, de comprendre les nouveaux Business Model et, surtout, ne pas penser que « ces startups sont une menace mais au contraire une opportunité pour le tourisme étant donné qu’elles sont capables de répondre à nos besoins » ajoute Nadaa Ghozzi.
Partenariats gagnants/gagnants
Tout le monde s’accorde à dire que les startups sont tout à fait aptes à trouver des solutions aux besoins exprimés par le secteur touristique actuellement en termes d’innovation, de Data, de solutions commerciales et marketing….
L’idée portée par le Comité Innovation est de pousser à créer des partenariats entre les opérateurs classiques du tourisme et les startups de la même manière que se fait une coopération traditionnelle clients/fournisseurs ou alors par le biais d’une acquisition, d’une entrée dans le tour de table par la participation au capital d’une jeune pousse, etc.
« Nous ne vous demandons pas de vous transformer en startuppers mais vous ouvrir à ce monde porteur d’idées » lance Salma Baghdadi à l’intention des professionnels du tourisme. « Vous pouvez être acheteurs et vous pouvez être mentors car beaucoup de startups ne connaissent rien au tourisme, 3% d’entre elles uniquement agissent dans le secteur » précise encore la directrice de l’écosystème startup auprès de l’opérateur public Smart Capital, formulant le vœu de « développer une palette d’expériences et des liens qui apporteront une ouverture sur le monde ».
Les startups tunisiennes sont incontestablement des porteuses d’idée. Souvent parties de rien, certaines ont eu la capacité de lever des fonds qui feraient pâlir des promoteurs touristiques et non des moindres. D’autres ont réussi à développer des produits et des services à des entreprises aux 4 coins du monde dans divers secteurs. On citera à ce titre les exemples d’Instadeep, Datarova, Travaris ou encore Wantotrip.
Outre les solutions et les services, certaines startups travaillent aujourd’hui dans l’IA (intelligence artificielle) qui connaît une très grosse avancée actuellement et qui pourrait être utilisée par les hôteliers notamment.
Business Model révolu
Partant du principe admis que l’innovation naît en général de situations de crise, les opérateurs touristiques sont appelés aujourd’hui à se faire une raison et admettre que leur Business Model est révolu et qu’il finira par être totalement érodé avec le temps.
« Il faut investir dans l’innovation en temps de crise » confirme pour sa part Kais Mejri, directeur général de l’Innovation au ministère de l’Industrie. « Si vous n’êtes pas ouverts, c’est une défaillance. Et pour être innovant, il faut être ensemble, chasser en meute » recommande-t-il aux opérateurs touristiques.
Mis à part les solutions qu’elles peuvent apporter au tourisme, les startups tunisiennes ont sans aucun doute besoin d’être soutenues par les grandes entreprises locales, au risque de les voir partir ailleurs et mettre leurs compétences aux services d’autres pays.
Ce qui fait dire à Houda Ghozzi, CEO de l’association OST, qu’en définitive, l’innovation est « le monde de l’espoir qui apporte des solutions aux problèmes, développées par des porteurs d’idées et de créativité ».
Le défi est donc de convaincre les opérateurs touristiques en créant une génération de professionnels qui accepte l’innovation et le changement dans sa manière d’agir. C’est ainsi que l’on pourra parler de Tourisme 2.0 et que l’on pourra enfin prétendre que le secteur a réellement engagé sa révolution.
D.T
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