Djerba: après l’euphorie de l’été, retour à la réalité
4 octobre 2017Djerba a tourné la page de l’été 2017 et s’attelle désormais à regarder vers l’arrière-saison. Mais avant cela, un petit bilan s’impose: les professionnels, dans l’ensemble, affichent une mine ravie, ce qui est plutôt rare.
Après deux années de crise aiguë, le tourisme insulaire revient de loin malgré un net recul des arrivées de Russes par rapport à l’été 2016 (-38%).
Cette année, la saison a été marquée tout d’abord par un retour prononcé de la clientèle française (+101.3%) qui, elle, boudait la destination depuis plusieurs années. Mohamed Jerad, manager du complexe Radisson Blu (deux hôtels sur l’île), confirme, chiffres à l’appui, « les retrouvailles avec la clientèle traditionnelle française d’avant 2011 » qui a longtemps constitué la moitié de la clientèle des Radisson de Djerba (55% à l’hôtel et 75% à la thalasso). « On s’était effondré en même temps que ce marché » rappelle amèrement M. Jerad. Signe de la réelle reprise, le Radisson Ulysse, contraint de fermer ses portes en 2015, restera désormais ouvert toute l’année.
Autre clientèle à débarquer à Djerba cette année, les Algériens grâce à la programmation de charters pour la première fois mais aussi avec la venue de nombreux bus affrétés par des comités d’entreprises notamment avec une clientèle à dominante familiale. On a également vu beaucoup plus de voitures immatriculées en Algérie, signe que les individuels n’ont pas hésité à prendre la route. En tout, l’île a recensé 14.831 Algériens dans les hôtels.
La clientèle locale n’a pas été en reste non plus puisque la demande a été de toute évidence supérieure à l’offre durant les pics de l’été. Les hôtels ont enregistré près de 217.000 clients tunisiens locaux et 2800 Tunisiens résidents à l’étranger.
Et il y a eu également l’ouverture d’un énorme Aqua Park (Le Pirate), en annexe de l’hôtel Sun Connect (ex-Miramar), ce qui a permis de diversifier l’offre loisirs notamment à l’intention des clientèles algériennes et tunisiennes en dépit de problèmes de stationnement et de circulation générés par cette ouverture.
Ce qui est également à souligner, c’est la nette amélioration de l’hygiène sur toute l’île, même si encore des imperfections demeurent. Mais on est très loin de la situation catastrophique de 2012 malgré la situation administrative prévalent dans les municipalités notamment de Houmet Souk et de Midoun.
Arrière-saison: de quoi être optimiste
« La saison a été bonne mais c’est surtout l’arrière-saison qui est très bonne puisque les hôtels sont encore pleins en octobre » se réjouit Khaled Rojbi, réceptif avec l’agence Spring Travel Services et patron de la plate-forme de réservation en ligne Tunisie Booking. « Ce sont les hôtels de qualité qui se sont distingués » ne manque-t-il pas de lancer au passage, indiquant que « la clientèle tunisienne à Djerba recherche la qualité, ce qui n’est pas systématiquement le cas sur le continent ».
La reprise des charters est un signe qui ne trompe pas sur la reprise évidente de la destination. Les premiers avions de Thomas Cook Belgique et Jetair (TUI) sont attendus à compter du 28 octobre grace à la suppression des dernières restrictions qui prévalaient. Mais c’est encore la reprise du marché français qui réconforte. TUI France par exemple rouvre la destination avec un engagement de 12.000 sièges avec des départs de Paris mais aussi de la province (Lyon, Marseille, Toulouse, Nantes et Lille). Le T.O russe Anex Tour a lui aussi confirmé la mise en place de deux charters hebdomadaires sur Djerba cet hiver, ce qui va de toute évidence consolider les réalisations de ce marché.
Et il y a aussi la réouverture progressive du complexe touristique mythique de Dar Jerba qui va sans aucun doute permettre de renouer avec des revenants et offrir des capacités supplémentaires sur la base d’infrastructures de qualité grâce aux rénovations engagées.
Au final et sur les 9 premiers mois de l’année, Djerba et Zarzis ont totalisé 620.685 arrivées de touristes, en augmentation de 17,5% par rapport à la même période de 2016. Les hôtels ont enregistré au 30 septembre 2017 exactement 3.867 476 nuitées, en progression de 12,9%. La moyenne de séjour sur l’île aura été de 6,2 jours.
Loin de s’endormir sur leurs lauriers, les professionnels de l’île remettent sur la table leurs vrais problèmes et appellent à résoudre les plaies qui continuent de faire souffrir le tourisme insulaire. Farhat Ben Tanfous (Les Jardins de Toumana) ne décolère pas face à la situation de la desserte aérienne qu’il juge déficiente et incompatible avec les capacités et les ambitions de Djerba. De son côté, Laroussi Ben Attia (hôtel Green Palm) lui ne cache pas son désarroi face au manque de main d’oeuvre spécialisée et aux répercussions qui en découlent sur les prestations et la qualité de service offertes. Les débats qui animent le secteur sont loin d’être clos.
Hédi Hamdi
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