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Le tourisme saharien attend toujours des solutions concrètes pour reprendre son envol

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Le tourisme saharien et oasien demeure le maillon faible du secteur en Tunisie et n’arrive toujours pas à retrouver ses lettres de noblesse après son déclin engagé en 2010. Au-delà des causes connues, ce sont des solutions concrètes que la région attend pour relancer une activité qui pèse énormément dans la balance économique mais aussi sociale.

Le tourisme saharien et oasien tunisien offre un produit diversifié et particulier grâce à son patrimoine culturel et historique, à l’architecture typique de la région et aux diverses oasis de montagnes qui le caractérisent. Cependant, l’activité peine à décoller et ce dossier a toujours été un casse-tête pour les différents responsables du tourisme qui n’arrivent pas à trouver la bonne formule pour le relancer.

Cela est dû essentiellement à plusieurs facteurs très compliqués dont essentiellement la fermeture de la plupart des hôtels, des projets touristiques à l’arrêt à cause des créances accrochées, la capacité d’hébergement en baisse, l’absence de lignes aériennes internationales directes avec la région et la vétusté du parc automobile des agences de voyage.

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Faute de renouvellement, le parc de véhicules tout-terrain nécessaire aux excursions qui caractérisent le tourisme saharien, se déprécie et diminue de manière inquiétante pour la poursuite de l’activité des agences de voyage.

Cette triste situation prive la région en particulier et le pays en général des grandes potentialités inexploitées dans le sud tunisien et d’un produit différent qui pourra aider à tirer vers la haut la qualité des produits touristiques proposés par le pays ainsi qu’attirer de nouvelles niches de touristes dépensières et de convaincre les tours opérateurs à mettre des liaisons aériennes directes entre le sud et des pays étrangers.

L’heure est-elle venue pour trancher le nœud gordien ? En tout cas, cela passera forcément par l’engagement d’un dialogue sérieux entre l’administration et les professionnels. Les deux ministres du Tourisme et de l’Economie qui étaient présents à la conférence sur « le développement du tourisme saharien et oasien » organisée le 9 novembre à Tunis par le ministère du Tourisme avec l’appui du programme Tounes Wijhetouna initié par l’Union européenne, ont exprimé leur ferme volonté d’éplucher ce dossier et de trouver des solutions concrètes en collaboration avec les professionnels.

De gauche à droite, le ministre du Tourisme, celui de l’Economie et l’ambassadeur de l’Union européenne.

Lors de cet évènement tenu quelques jours avant la célébration de la Journée nationale du tourisme saharien (12 novembre), Mohamed Moez Belhassine a considéré que le tourisme saharien est vital pour la région sud du pays. Pour cette raison, des mesures concrètes ont été prises par son ministère et le gouvernement dont certaines sont sur le point d’être exécutées tandis que d’autres seront mises en œuvre au fur et à mesure. Il a poursuivi que le problème était l’absence de convergence des efforts et l’unification des énergies et des visions pour pouvoir développer le tourisme saharien.

Programme de promotion spécifique au tourisme saharien

Pour cette raison, le ministère du Tourisme a décidé de mettre en place un programme de promotion spécifique au tourisme saharien. Par ailleurs, la signature d’une convention avec le programme Tounes Wijhetouna va aider à promouvoir le patrimoine culturel et environnemental saharien. Parmi les autres solutions proposées par Mohamed Moez Belhassine est de construire un réseau commun regroupant l’ensemble des parties impliquées dans l’organisation de festivals et de manifestations dans le but d’élaborer des programmes pratiques et un plan national susceptible de promouvoir le patrimoine matériel et immatériel du sud tunisien.

Liaisons aériennes, postes frontaliers, révision des textes législatifs

En outre, il prévoit de redynamiser le trafic aérien à travers des liaisons aériennes internationales au niveau de l’aéroport Tozeur-Nefta et des lignes intérieures au niveau de l’aéroport Gafsa-Ksar. Le développement des postes frontaliers et la mise en place de circuits touristiques durables avec la valorisation de l’artisanat sont d’autres dossiers sur lesquels le ministère devra travailler dans la prochaine période. Mais avant tout, il faudra revoir les textes législatifs qui freinent le développement du tourisme saharien et oasien.

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En l’absence actuellement de trafic international, l’aéroport de Tozeur se contente de recevoir 3 à 4 fois par semaine des vols intérieurs en provenance de Tunisie assurés par la compagnie Tunisair Express.

Dans cette optique, le ministre du Tourisme a fait savoir que son département s’active en vue de développer la législation en relation avec l’hébergement touristique alternatif, notamment dans les zones d’interdiction au sud tunisien. « Nous œuvrons à réviser les textes législatifs relatifs aux produits touristiques sahariens vu leur particularité et leur spécificité par rapport au tourisme balnéaire et dans le but de faciliter l’accès au désert qui est classé souvent comme zone militaire », a-t-il dit.

Problème d’efficacité

Le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïd, a de son côté insisté sur la nécessité d’un partenariat public-privé et de mettre en place une feuille de route pour le développement et la mise en valeur du tourisme saharien et oasien. Il a avoué dans ce même contexte que le pays souffre d’un problème d’efficacité d’exécution et de mise en œuvre des différentes initiatives et décisions. Pour le résoudre, il a proposé d’élaborer des calendriers pour l’exécution des projets engageant toutes les parties prenantes.

L’accord de l’Open Sky prêt à être signé

Quant à l’ambassadeur de l’Union européenne à Tunis, Marcus Cornaro, il est revenu sur l’importance de l’accessibilité aérienne dans le développement du tourisme saharien, en considérant que toutes les conditions sont réunies aujourd’hui pour avancer sur la finalisation de l’accord de l’Open Sky qui est prêt à être signé. « L’Open Sky est une véritable opportunité pour la Tunisie comme c’était le cas pour plusieurs autres pays à l’instar du Maroc en facilitant l’accessibilité à la destination », a-t-il poursuivi et d’ajouter que l’UE est en train de réfléchir pour mettre en place des mécanismes de financement directs au profit des opérateurs touristiques tunisiens. Une initiative qui pourra résoudre en partie la question de financement des projets.

La faible moyenne des nuitées passées dans les régions de Tozeur, Kébili, Gafsa et Tataouine est un autre sujet soulevé par Mehdi Haloui, directeur du tourisme saharien à l’ONTT. Il a précisé que la moyenne n’a pas dépassé 1,6 nuitée par visiteur dans la région de Tozeur. Cela se justifie notamment par la chute vertigineuse de la capacité d’hébergement en passant de 3000 à 250 lits en quelques années. Il a en effet proposé de multiplier les manifestations internationales à dimension médiatique et à créer un label touristique spécifique à la région en tant que solution pour augmenter le nombre de visiteurs étrangers. Cet avis a été partagé par José Froehling, chef du projet développement durable à la GIZ qui a appelé à travailler plus sur le tourisme Outdoor.

Le dossier épineux de financement

Les intervenants ont expliqué les origines du problème d’endettement qui est dû essentiellement à la mauvaise gestion des projets qui étaient dès le début sous-capitalisés avec un dépassement d’investissement. Cela a engendré un refus de financement par les banques ainsi que l’endettement de l’entreprise envers les fournisseurs. Cette situation a été aggravée par le manque de fonds de roulement. Le résultat était un endettement total qui passait de 70% prévu au début avec 30% de fonds propres à un endettement de 90% qui va à 100% dans certains cas contre 0% de fonds propres.

Les projets était donc plombés dès le lancement avec un engagement financier très lourd. En contrepartie, leur rendement était faible à cause d’une politique de pays qui privilégiait l’augmentation de la capacité au détriment de la qualité. Cela a causé une concurrence tarifaire, soit la baisse des prix pour vendre davantage.

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Vue du panel consacré au financement lors de la conférence.

Selon les panélistes, le besoin annuel de financement du tourisme s’élève à 1000 millions de dinars. Toutefois, les entreprises opérant dans le tourisme saharien ont beaucoup de difficultés à accéder au financement. Selon Khaled Fakhfakh, ancien président de la FTH (Fédération tunisienne de l’hôtellerie), 70% des établissements opérant dans le tourisme saharien n’ont plus accès au financement.

Il a proposé donc de mettre à zéro tous les compteurs bancaire, social et fiscal pour ces structures endettées à condition que l’opérateur présente un nouveau modèle économique, s’engage dans un nouveau business plan et une gouvernance nouvelle avec la transparence totale ainsi qu’il procède à la mise à niveau de son projet par ses fonds propres.

Kemel CHEBBI

 

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