Karnak Travel, nouveau régulateur de l’outgoing vers la Turquie
7 juin 2016Moins de deux ans après l’implantation d’une filiale locale, Karnak Travel, le voyagiste turc spécialiste des marchés arabes, peut se prévaloir d’avoir remis un peu d’ordre dans l’organisation des voyages des Tunisiens vers la Turquie en court-circuitant notamment tous les anciens intermédiaires et rabatteurs qui pullulaient sur le marché.
Mieux encore, son arrivée a permis aux agences de voyages de bénéficier des services d’un partenaire parfaitement structuré, assurant des prestations dignes de ce nom et également des tarifs plus compétitifs et donc plus attractifs en dépit du glissement du dinar par rapport aux devises convertibles et aux nouvelles taxes aériennes entrées en vigueur cette année.
Malgré ces handicaps, la Tunisie peut se prévaloir de disposer d’un avantage de taille: en comparaison avec d’autres pays comme l’Algérie par exemple, les ressortissants tunisiens ne sont pas soumis au visa quand ils se rendent en Turquie. Du moins pas pour l’instant, malgré les pressions que cette dernière subit dans ses démarches d’intégration de l’UE.
Le bureau de Karnak Travel à Tunis, ouvert en 2014, compte une équipe de 7 personnes. Sur le plan juridique et en l’absence de statut spécifique régissant l’activité tour-opérateur, Karnak agit comme une agence de voyages Licence A. « Quand le cahier de charges pour l’activité tour-opérateur sera officiel, nous migrerons vers cette dénomination » explique Asma Kaabechi, directrice générale de Karnak Travel à Tunis.
L’activité de la représentation est donc exclusivement BtoB. « Nous travaillons uniquement avec les agences de voyages, nous ne faisons même pas de Corporate » tient à souligner la première responsable du bureau. « Nous leur fournissons des packs terrestres et des départs garantis avec l’aérien si elles le souhaitent ». Sur le plan marketing, Karnak n’agit pas en direct afin de ne jamais « torpiller » ses partenaires. Elle a fait le choix d’agir avec eux sur des opérations de publicité croisées en dépit des moments difficiles rencontrés par la destination ces derniers mois.
La Turquie, destination phare
Depuis la suspension de l’attribution des visas pour les Tunisiens se rendant à Dubaï, Karnak Travel ne commercialise plus de séjours de groupes vers cette destination. Restent désormais le Maroc, sur lequel beaucoup d’efforts sont déployés ces derniers mois (lire notre article à ce sujet), et bien-sûr la Turquie, principale destination du voyagiste. En 2015, il a assuré à partir de Tunis des départs chaque semaine vers Istanbul en fournissant des blocs-sièges sur Turkish Airlines.
Autre exemple: grâce à un partenariat stratégique passé avec l’agence Taha Voyages, cette dernière organise jusqu’à 25 charters par an sur la Turquie. Rien que durant la saison été 2016, elle en a programmé 9 neufs avec Nouvelair au départ de Tunis-Carthage vers Istanbul à compter du 9 juillet courant.
De manière générale, il s’agit de packages d’une semaine, combinés quelques fois avec Antalya. Sauf que sur cette destination, il est généralement recommandé de ne pas séjourner plus de 4 jours car pour la clientèle tunisienne, la formule All inclusive pendant une semaine dans un hôtel n’est pas vraiment la formule indiquée. « Antalya, c’est une destination Leisure qui n’est pas à la portée du Tunisien moyen » confirme Hafedh Akremi, directeur Marketing et Communication chez Eden Tours, qui reconnait tout de même que des investissements de folie ont été réalisés sur cette station
Hôtels en tous genres
Et c’est effectivement sur l’énorme panoplie d’hôtels (650.000 lits) que la destination Antalya s’appuie. Dans cette ville, on se plait à raconter que les femmes propriétaires d’hôtels sont plus nombreuses que les hommes. Il s’agit d’un constat tout à fait réel qui s’explique par le fait que les terrains situés en bord de mer, autrefois sans grande valeur, avaient été légués en héritage aux filles. Les garçons, eux, héritaient de terrains fertiles à l’intérieur des terres, l’agriculture (et notamment la culture sous serre) étant l’autre activité économique de la région. Avec le développement du tourisme, les femmes se sont retrouvées avec des terrains revalorisés qui leur ont permis de se retouver plus nanties que les hommes.
A Antalya, les hôtels impressionnent par leur concentration. En bord de mer, en seconde ou en troisième zone, ils rivalisent par leur créativité architecturale à l’image de l’hôtel Kremlin Palace qui a reconstitué fidèlement des pans entiers des monuments qui se trouvent autour de la Place Rouge à Moscou. Il faut dire aussi qu’avec le flux de touristes russes qu’a connu la destination jusqu’à une date récente, nombre d’investisseurs en provenance de Russie ont misé sur l’hôtellerie de la Riviera turque.
Malgré les innonbrables parcours de golf, malgré la multitude terrains de football destinés à attirer les équipes des 4 coins du monde, Antalya demeure cependant une destination balnéaire de luxe. L’hôtel Rixos dowtown est un exemple typique de la démesure hôtelière mais aussi de l’offre haut de gamme offerte à la clientèle. Compter 200 euros par nuitée et par chambre (et non pas personne). Des tarifs de haute saison mais qui ont cependant connu une baisse sensible depuis l’arrêt net des arrivées de Russes. A proximité immédiate, un énorme parc aquatique s’offre aux visiteurs plus jeunes.
Malgré la crise ambiante, les projets continuent de plus belle. En témoigne le formidable projet d’hôtel de catégorie 5 étoiles avec une capacité de 401 chambres, couplé à un grand parc d’attractions. Il s’agit de l’hôtel Rixos World qui, outre la partie hébergement classique, comprendra également un shopping mall, un delphinarium… Plus encore, il sera doté d’une plage reconstituée avec du sable importé d’Egypte. Mais le clou du spectacle résidera dans cet énorme aquarium dans lequel les visiteurs pourront s’immerger en scaphandres et côtoyer de près les poissons et les requins. Un véritable paradis pour les enfants qui ouvre ses portes le 1er juillet 2016 pour la partie hébergement et dont les autres composantes seront totalement opérationnelles en 2017. Preuve qu’à Antalya, malgré le départ des Russes, le business du tourisme n’est pas prêt de s’arrêter.
Hédi HAMDI (Reportage à Antalya)
Laisser un commentaire