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Le premier charter arrive à Djerba dans une ambiance touristique morose et un climat social tendu

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Les premiers touristes en charter depuis la réouverture des frontières ont débarqué hier à Djerba en provenance du Luxembourg. L’île continue cependant de manger son pain noir face à une activité touristique qui tarde à redémarrer.

L’arrivée du premier vol affrété par le tour-opérateur Luxair hier à Djerba avait plus une portée symbolique : celle du retour du trafic charter sur la Tunisie et l’entame d’une reprise un tant soit peu de l’activité touristique classique.

Car dans la foulée de la réouverture des frontières tunisiennes le 27 juin dernier après la crise du Covid-19, les flux touristiques espérés n’ont pas été au rendez-vous en dépit des dispositions sanitaires qui ont été déployées et du slogan « Ready & Safe » adopté pour rassurer autant que faire se peut les clients.

Mohamed Ali Toumi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, en visite de travail à Djerba les 17 et 18 juillet courant, rappelait à ce propos que l’image négative de l’île, qualifiée en pleine crise sanitaire de « foyer de Coronavirus », avait été corrigée grâce aux tests massifs de dépistage effectués.

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A l’aéroport Djerba-Zarzis, le ministre du Tourisme s’entretenant avec une passagère arrivée sur le charter de Luxair.

Mais les problèmes sont désormais autres. « Les pays émetteurs ne sont pas contre la Tunisie, mais il y a beaucoup de nouveaux paramètres exogènes qui freinent encore la reprise » expliquait  le ministre qui, néanmoins garde espoir et  « compte beaucoup sur le marché français », notamment à partir du mois d’août.

Quoiqu’à l’heure actuelle, il est encore difficile, voire impossible pour les ressortissants de nombreux pays européens de pouvoir quitter leur pays pour partir en vacances vers la destination de leur choix à cause des restrictions mises en place par leurs gouvernements.

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Application du protocole sanitaire à l’arrivée des touristes à leur hôtel à Djerba.

Morosité ambiante

En attendant à Djerba, certains signes ne trompent pas. La traditionnelle route touristique qui longe la côte de Houmet Souk vers Midoun, habituellement encombrée par le ballet des bus touristiques, des taxis et des voitures particulières en tout genre et à toute heure de la journée, reste totalement fluide. « A pareille époque de l’année, on y roule presque au pas » rappelle Jalel Henchiri, président de la Fédération régionale de l’hôtellerie du sud-est, qui se désole face aux commerces qui n’ont toujours pas rouvert, aux cafés dont les terrasses sont quasi-désertes et face à l’ambiance morose qui plane.

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Que dire sinon encore des hôtels toujours fermés (dont 25 depuis plus d’un an), par choix ou par obligation. Conséquence, leurs employés ne sont plus payés. Du moins partiellement dans le meilleur des cas. Ce qui entraîne une crise sociale et des mouvements de protestation quelquefois virulents. « Les problèmes sociaux ne sont pas nouveaux » souligne Jalel Henchiri. « On négocie à Tunis et on fait grève à Djerba », allusion faite aux syndicats locaux qui ne suivent pas toujours les décisions de leur centrale.

« A Djerba, nous respirons tourisme, nous vivons tourisme, 95% du PIB provient du tourisme, les 5% restant, ce sont les administrations publiques » soutient le représentant régional du patronat hôtelier. « Mais l’aide de l’Etat n’a toujours pas pu être acheminée à cause des intérêts politiques et économiques ».

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500 MD pour les salaires des employés

A ce sujet, Mohamed Ali Toumi annonce la nouvelle : « j’étais au téléphone avec le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie qui m’a informé que la convention avec la Sotugar (devant garantir les « crédits spéciaux Covid-19 ») a été signée et que les banques recevront dès lundi matin (20 juillet) une circulaire pour permettre d’ouvrir les crédits attendus par les opérateurs du tourisme. En tout, 500 MD qui devront servir à payer les salaires des employés. En contre-partie, les employeurs se devront de préserver tous les emplois sans exception.

Cela sera cependant loin d’être suffisant pour remonter le moral des professionnels. «  A chaque fois que nous avons des problèmes, nous cherchons des solutions puis nous les oublions dès que l’activité reprend son cours normal » prévient pour sa part Hamda Abdellaoui, président de la Fédération régionale des agences de voyage et de tourisme. « Nous avons une île qui nous donne 8 à 9 mois de travail par an, mais nous devons étendre notre offre au-delà des produits classiques car il y a tellement d’histoires à raconter à nos clients ».

Restaurants touristiques : ouvrir le soir

La situation des restaurants touristiques à Djerba n’est également pas brillante. Salim Msallem, président régional de la Fédération des restaurants touristiques, rappelle qu’à Houmet Souk il n’y a pas si longtemps, la ville comptait 7 restaurants touristiques et qu’il n’y en a plus que 2 actuellement. Et cet été, sur la vingtaine d’établissements de Djerba et Zarzis, seuls 11 ont pu rouvrir leurs portes et les clients ne s’y bousculent pas. « On se plaint souvent que le soir à Djerba, il n’y a pas où sortir. Je propose d’imposer aux municipalités touristiques de laisser au moins une partie de la ville ouverte le soir pour les touristes ».

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Mais les chiffres demeurent implacables avec un recul des entrées de non-résidents de plus de 91% à l’échelle nationale. « Le début de l’année était tellement positif qu’on pensait renouer avec les réalisations de 2008 (année record), explique Hichem Mehouachi, commissaire régional au Tourisme. A titre de rappel, la zone de Djerba-Zarzis avait totalisé, en 2019, 1,2 million d’arrivées touristiques, soit 19% des arrivées globales du pays. Au niveau des nuitées, ce sont 7,2 millions qui avaient été totalisées, sur un total de 30 millions à l’échelle nationale, soit 24% de part de marché. Sauf que cette année, tout le monde est conscient qu’il ne faudra certainement pas compter sur ce volume de réalisations.

« Il ne faut plus que notre tourisme navigue à vue. Le challenge, c’est d’avoir une activité linéaire, qui ne soit plus en dents de scie, fragile et tributaire d’un acte terroriste, d’une crise politique ou d’un problème spécifique à un marché émetteur » soutient Mohamed Ali Toumi. « C’est pour cela que nous avons défini un ensemble de projets structurants « qui vont changer le visage de la destination ». Le ministre du Tourisme qui rappelle qu’il devra y avoir continuité de l’Etat. Comprendre que ce qui a été bâti se devra d’être poursuivi par les futurs gouvernements.

 

Texte : Hédi HAMDI

Photos : Moslem BEN ALI

 

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