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Le projet « Tunisia Economic City » survivra-t-il à l’assaut des critiques qui fusent ?

Le projet « Tunisia Economic City » survivra-t-il à l’assaut des critiques qui fusent ?

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L’association « Architectes citoyens » se déchaîne contre le projet présenté il y a un mois de Tunisia Economic City. Pendant ce temps, les investisseurs annoncés seraient en train de lorgner vers le Maroc. En effet, selon des informations obtenues par Destination Tunisie, parmi les entreprises prenant part aux projets, certaines auraient d’ores et déjà exprimé leur lassitude face à la position du gouvernement tunisien dans le dossier.

Depuis son annonce officielle le 9 septembre dernier, le mégaprojet Tunisia Economic City a fait l’objet d’un tapage médiatique sans précédent. Le projet évoque une nouvelle ville révolutionnaire  sur le littoral Est tunisien. Mais pour « Architectes citoyens », une association d’architectes tunisiens, Tunisia Economic City (TEC) n’est qu’un cadeau empoisonné pour le pays et ses intérêts.

Ambigüité sur la position du gouvernement

Lors d’une  conférence de presse tenue jeudi 16 octobre à Tunis, le président de l’association « Architectes citoyens », Elyes Bellégha, a indiqué que TEC n’est qu’une nouvelle version, améliorée, d’anciens projets présentés au gouvernement tunisien depuis 2004. Le projet initial étant celui du port en eaux profondes d’Ennfidha annoncé en 2004 et réapparu en 2007 avec une version plus développée.

Pour Bellégha, les gouvernements de l’après-révolution n’ont su maintenir une position claire vis-à-vis de ce projet nonobstant son envergure et l’importance de ses effets socio-économiques « alors que Riadh Toukabri, fondateur du projet Tunisia Economic City, affirme avoir eu l’accord du gouvernement de Jebali, le gouvernement de Jomaa est venu nier tout engagement dans ce projet et c’est cette contradiction qui nous a interpelés en premier lieu », dit Elyes Bellégha. Et de rajouter que « la présence du président de l’ANC, seule autorité légale dans le pays, le jour de la conférence de présentation de TEC n’a fait qu’attiser davantage nos doutes et soupçons ».

Le président de l’association a reformulé ses interrogations dans une lettre qu’il a adressée au Chef du gouvernement, au président de l’ANC et au ministre de l’Équipement sans réussir à avoir la moindre réponse. Un mutisme total qui a conduit ce groupe d’architectes à s’orienter vers un travail d’investigation dont les résultats méritent d’être profondément étudiés.

Incongruité des chiffres 

Le président de l’association, Elyes Bellégha, accompagné de son confrère, Elyes Zahaf ont parlé de  « l’incongruité des chiffres » dans le projet TEC.

Ayant fait leurs calculs sur la base de chiffres affichés sur le site internet officiel du projet, ces architectes ont constaté « un décalage flagrant » entre ces chiffres officiels et les normes et ratios nationaux et internationaux. A titre d’exemple, ils ont fractionné le coût total du projet, estimé à 90 milliards de dinars, par sa superficie globale équivalant à 180.000 m². Ils ont déduit que le coût de construction par mètre carré (y compris l’aménagement du terrain et l’équipement) ne dépasse pas les 500 DT dans Tunisia Economic City, soit donc la moitié de la moyenne nationale estimée à 950 dinars par mètre carré pour le moyen standing (construction hormis aménagement et équipement). Voilà qui semble donc surprenant !

L’association a relevé d’autres irrégularités. Selon Elyes Bellégha, cette incongruité des chiffres aurait été atténuée si l’équipe du projet avait pris le soin de préparer une étude d’impact. Le ministère de l’Équipement, seule autorité à avoir répondu présent à l’invitation de l’association à la conférence, a affirmé, à travers l’un de ses représentants, n’avoir reçu aucune étude de ce genre et a nié par conséquent tout engagement de sa part dans ce projet.

Risques à la pelle

En fouillant dans l’historique de Tunisia Economic City, l’association s’est procuré une étude qui a été recommandée par le ministère de l’Environnement  en 2007. Il s’agit d’une étude d’impact faite pour un projet baptisé à l’époque « Développement Industriel Ennfidha Tunisie ». Un projet similaire à TEC  mais de moindre envergure.  Le travail, confié au cabinet « Eco-Ressources International », laisse voir une large palette de risques environnementaux tels que la régression de la côte, la diminution de la densité des dunes de sable, la pollution de la mer par les résidus industriels et la perte de 200 ha de la flore maritime.

En dehors des risques environnementaux, Elyes Bellégha parle d’une réelle menace pour la souveraineté de l’Etat tunisien qui ne serait désormais qu’un simple actionnaire dans un « projet de promotion immobilière » basé sur une  « superficie égale au 1/6ème de l’île de Djerba ». Ceci étant, l’association entend saisir la justice en vue d’élucider cette affaire et d’en définir les tenants et les aboutissants.

Les « architectes citoyens » disent ne s’être pas  laissés bernés par l’architecture de Tunisia Economic City et sont allés au-delà des dessins. Néanmoins, pour ceux qui voient en ce projet une opportunité inouïe pour l’économie nationale, cette polémique ne pourrait être qu’une tempête dans un verre d’eau du moment où le gouvernement imposerait ses règles du jeu et à faire prévaloir les intérêts communs du pays. Toujours est-il que le silence du gouvernement actuel ne permet ni d’affirmer ni d’infirmer les craintes d’une société civile qui épie avec vigilance le moindre avancement de  cette affaire.

Fédia Abid

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