Tunisair : son plan A refusé, place au plan B
29 avril 2019Enorme paradoxe chez Tunisair : les chiffres sont en croissance régulière depuis près de 2 ans mais les résultats ne suivent pas.
170 MD pour se remettre à flot. C’est le montant que Tunisair demandait à l’Etat dans le cadre du plan de redressement élaboré pour améliorer sa compétitivité, réparer et renouveler sa flotte et payer ses dettes et notamment celles contractées auprès de l’opérateur aéroportuaire public OACA.
Car avec 20 appareils réellement opérationnels sur un total de 28, Tunisair a lancé à maintes reprises des alertes sur sa situation technique mais aussi financière et ses conséquences sur ses activités. Paradoxalement, et encore à fin mars 2019, la compagnie enregistrait son 23e mois consécutif de croissance. Fin 2017, elle avait annoncé 17% de progression dans le nombre de passagers transportés (+800.000) et en 2018, elle a continué sur un taux également positif, quoique moins important (+9%).
Au niveau chiffre d’affaires, la compagnie a progressé de 50%, totalisant 1500 MD fin 2018. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, même le taux de remplissage de ses avions s’est amélioré pour atteindre 74%, tandis que leur moyenne d’exploitation quotidienne a été de 8h00.
Pourquoi de tels problèmes ?
En dépit de ses résultats en apparence positifs, Tunisair ne génère pas de bénéfice. Et en termes de ponctualité, elle est tombée sous la barre des 35%. Autrement dit, plus de 65% de ses avions sont en retard. En cause, une flotte vieillissante de 17 ans de moyenne d’âge qui connaît de nombreux problèmes techniques entraînant des immobilisations intempestives.
Du côté du Top Management, on rappelle à qui veut bien l’entendre que la compagnie a investi sur l’Afrique, que le carburant a augmenté, que l’impact de la chute du dinar par rapport à l’euro s’est fait sentir sur les coûts en devises, etc. Conséquence, les investissements n’ont pas permis de gagner de l’argent. Et pourtant, Tunisair doit continuer à fonctionner. Pour sauver une année 2019 qui s’annonce encore difficile, de l’aveu même de son DGA, Ali Miaoui, la compagnie a revu ses ambitions financières à la baisse. Le gouvernement lui a en effet signifié qu’il n’était en aucun cas possible de lui fournir l’aide financière demandée dans le contexte actuel. En conséquence, Tunisair va passer d’un plan de redressement à un plan d’action pour sauver la saison avec nettement moins d’exigences. Elle demande désormais 80 MD d’aide « seulement ».
Avec cet argent, la compagnie veut procéder à la location de 5 appareils pour passer le cap de 2019 admis comme étant « difficile ». Puis, à compter de 2020, elle entamera un nouveau plan de flotte portant sur l’introduction progressivement de 10 nouveaux avions. Dans le même temps, 5 appareils seront retirés de l’exploitation. Un plan destiné à améliorer la ponctualité, la qualité et les résultats. Encore faudra-t-il que ce nouveau plan B soit validé par le gouvernement.
Le charter tombe à 10%
Le trafic de Tunisair s’est réduit comme peau de chagrin ces dernières années pour ne plus représenter que 10% actuellement. Même si elle soutient qu’elle demeure un partenaire privilégié du secteur touristique avec l’argument du maintien de ses vols en hiver, Tunisair semble avoir réajusté sa stratégie commerciale. Elle ne manque d’ailleurs pas de mettre en avant cet état de fait, histoire de contredire ceux qui seraient tentés de considérer que le transporteur aérien public est derrière tous les maux de l’hôtellerie et du tourisme. Quant au sujet de l’Open Sky, elle prépare un séminaire à la rentrée avec la FTAV afin qu’avec ses partenaires agences de voyages, elle présente le résultat de son plan d’actions ainsi que les nouveaux partenariats qu’elle compte mettre en place pour contrer les low cost.
©Destination Tunisie
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