A Tozeur, l’arrivée du premier vol Transavia redonne du baume au cœur du tourisme dans la région
31 octobre 2023L’arrivée du premier vol régulier de Transavia sur l’aéroport de Tozeur est perçu par toute la région comme une magnifique lueur d’espoir pour la reprise du tourisme saharien.
Plus de 8 ans à attendre le retour d’un vol international régulier. L’aéroport de Tozeur-Nefta a renoué hier avec les dessertes internationales régulières avec l’arrivée du premier vol opéré par la compagnie Transavia au départ de l’aéroport de Paris-Orly.
Le Boeing 737-800 de la filiale low-cost du groupe Air France-KLM s’est posé à 14h05 avec 183 passagers et 4 bébés à bord . Un vol quasiment plein annonciateur de belles perspectives pour cette ligne qui va opérer tous les lundis et vendredis jusqu’à fin mars 2024.
A bord de ce vol, plusieurs personnalités avaient pris place pour marquer ce voyage très significatif. La nouvelle ambassadrice de France en Tunisie, Anne Guéguen, le président de la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-française, Khelil Chaibi, mais aussi le directeur général de Kars International, Karim Chouchane, l’une des chevilles ouvrières du projet de ligne en sa qualité de compagnie d’assistance de Transavia en Tunisie.
L’ONTT a également été partie-prenante de l’opération. Saisissant l’opportunité de ce premier vol, son antenne française a invité plusieurs journalistes non seulement pour couvrir l’événement mais pour leur proposer à l’occasion de découvrir le produit touristique régional.
A l’entrée du terminal, les autorités régionales avaient également mis les petits plats dans les grands pour célébrer ce moment fort pour le tourisme dans la région. Car en l’absence jusqu’à présent de toute desserte régulière (outre les vols intérieurs de Tunisair Express trois fois par semaine au départ de Tunis), les perspectives d’une reprise concrète de l’activité touristique dans la région demeuraient compromises. Le gouverneur de la région, Aymen Béjaoui, en avait fait un objectif et s’est acharné, notamment au cours des deux dernières années, à mettre la pression nécessaire pour une reprise du vol.
Mais le défi qui repose aujourd’hui sur les épaules de Tozeur, de ses dirigeants et de ses opérateurs privés, consiste à avoir la capacité de maintenir le vol et surtout d’en assurer le remplissage nécessaire à sa rentabilité commerciale et, par voie de fait, à son renouvellement en octobre 2024 pour accompagner l’entame de la saison touristique.
A ce propos, Karim Chouchane n’y va pas par 4 chemins et estime que la responsabilité d’assurer un coefficient de remplissage optimal de l’avion incombe désormais aux tour-opérateurs tunisiens agissant au départ du marché français qui ont promis qu’ils déploieraient tous les moyens pour contribuer au succès de la ligne. Ils seront par conséquent attendus par toute la filière touristique sur leurs résultats.
Modèle économique à part
Transavia est en tout cas un cas d’école sur le marché tunisien. Devenue la première compagnie aérienne étrangère en nombre de vols, elle détient désormais une très grosse part de marché entre la France et la Tunisie grâce notamment à sa force de frappe commerciale. Pour preuve, le vol Paris-Sfax qui n’avait réussi à aucune autre compagnie. Le transporteur franco-néerlandais en a fait un quotidien avec le succès que l’on sait.
Le rêve devient permis et certains se prennent à espérer que cette ligne Paris-Tozeur sera suivie par d’autres, notamment un Lyon-Tozeur (de la même manière que l’avait fait Tunisair dans le temps).
Solutions urgentes
Les deux vols par semaine de Transavia ne vont cependant pas modifier en profondeur la situation touristique de la ville et de ses alentours, tout le monde en est conscient. Car il faudrait bien plus qu’un avion deux fois par semaine pour véritablement pouvoir parler de redécollage du tourisme dans la région.
Avant cela, il faudrait d’abord trouver une solution radicale aux 22 hôtels actuellement fermés dans le gouvernorat. Rached Chebil, propriétaire de l’hôtel Sarra dans la zone touristique de Tozeur, en appelle aux autorités pour plus de souplesse afin de pouvoir reprendre une activité régulière. Comprendre par là un soutien financier de la part des banques (ne serait-ce que des facilités de caisse pour aider au redémarrage), une exemption de certaines obligations fiscales ou encore un allégement des charges sociales.
Mais la zone n’a jamais été déclarée zone sinistrée et n’a donc pas pu bénéficier d’aides exceptionnelles. Même au plus fort de la crise, quand elle avait été décrétée Zone rouge par les chancelleries occidentales, le gouvernement tunisien n’avait jamais osé franchir le pas.
Insuffisance de 4X4
Du côté des agences de voyage également, on ne manque pas de s’inquiéter de la non résolution des problèmes de transport existants. Tahar Osma, ancien président de la FRAV (Fédération régionale des agences de voyages) rappelle que le parc roulant continue de vieillir dangereusement et que bientôt, les 4X4 encore opérationnels seront à bout de souffle. En l’absence de disponibilité suffisante sur le marché du neuf de véhicules tout-terrains et surtout au vu de leurs prix jugés inabordables, les agences locales ne voient d’autre solution à ce problème que de disposer d’une dérogation de la part des pouvoirs-publics pour leur permettre d’acheter des véhicules d’occasion de l’étranger.
Sauf que les autorités de tutelle ne l’entendent pas de cette oreille et continuent de botter en touche arguant du fait qu’une telle décision ouvrirait la porte à des sollicitations à n’en plus finir tous secteurs d’activité confondus. Mais le fait est que s’il n’y a plus de véhicules pour le transport de touristes, la quintessence même du produit de la région perdrait sa raison d’être.
Un parcours de golf fantôme
Il fut un temps où Tozeur pouvait également se prévaloir de disposer d’un produit unique, à savoir un parcours de golf aux portes du désert. Aujourd’hui, celui-ci fait partie de l’histoire ancienne. Les golfeurs ayant déserté le site au cours de la dernière décennie, il est inévitablement tombé dans la désuétude, rattrapé par l’aridité du site qui l’a emporté sur le green d’antan.
Et pendant que les professionnels se débattent dans leurs sempiternels problèmes conjoncturels et structurels, la ville de Tozeur n’arrive toujours pas à trouver une solution définitive à la question environnementale et précisément la propreté de ses artères et de ses quartiers touristiques. La société civile se mobilise pourtant régulièrement pour des campagnes de nettoyage, mais il est évident que quand bien même on chasse le naturel, il revient au galop.
H.H
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