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Qui doit craindre l’arrivée des low cost en 2011 et qui doit s’en réjouir ?

Qui doit craindre l’arrivée des low cost en 2011 et qui doit s’en réjouir ?

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L’année 2011 va être marquée par l’ouverture totale du ciel tunisien aux compagnies aériennes internationales et ce à  partir de la date fixée, celle du 7 novembre prochain.

Craint par les uns, applaudi par les autres, l’open sky a de fortes chances de bouleverser le paysage aérien de et vers la Tunisie, peut-être pas à  partir de 2011 mais certainement de manière progressive sur le moyen-terme avec l’arrivée de compagnies à  bas prix alléchées par le potentiel de la destination et par les opportunités commerciales qu’elles sont capables d’offrir face aux opérateurs déjà  existants.

Un premier constat tout d’abord : l’arrivée de la première low cost sur le marché tunisien fin 2010, en l’occurrence Air Arabia Maroc, sur la ligne Casa-Tunis, a immédiatement provoqué une baisse des prix chez les transporteurs traditionnels, Tunisair et Royal Air Maroc. Cependant, l’entrée de cette compagnie sur le marché s’est faite en toute discrétion, sans tambour ni trompette. Car avec Air Arabia Maroc, nous sommes face à  un modèle économique spécifique et son arrivée sur le marché tunisien a été avant tout rendue possible par les accords intergouvernementaux signés entre la Tunisie et le Maroc.

Deux types de low cost

Mais c’est à  partir de l’Europe que les low cost devraient théoriquement commencer par arriver, donc principalement avec des vols dans le sens Nord-Sud. Ce qui est important de souligner, c’est qu’il existe deux modèles low cost en Europe. Le premier est incarné par les compagnies telle que Ryanair, dont l’activité repose sur l’ouverture de nouvelles lignes sur lesquelles aucune compagnie aérienne n’opère, ce qui permet des coûts d’exploitation par siège kilomètre offert très compétitifs.

Ensuite, il y a le second modèle incarné par easyJet qui privilégie volontairement de se positionner sur des lignes déjà  existantes et donc concurrencer de front les compagnies présentes sur le marché et notamment l’opérateur historique occupant souvent une place de quasi-monopole.

Si l’on se réfère à  cette tendance, on pourrait donc en déduire qu’une compagnie comme Ryanair serait d’abord intéressée par l’aéroport d’Enfidha et pourrait y ouvrir des lignes régulières au départ de certaines de ses escales européennes. Les compagnies du style easyJet seraient plutôt tentées de se positionner sur l’aéroport de Tunis-Carthage sur des lignes à  fort trafic, notamment vers la France, l’Italie ou l’Allemagne, et se positionner ainsi en concurrents directs des majors, Tunisair, Air France, Lufthansa et Alitalia/Air One sur le marché tunisien. Ce sont donc ces transporteurs traditionnels qui devraient être bousculés par l’agressivité des nouveaux entrants et qui ont toutes les raisons de craindre leur arrivée.

Les gagnants et les perdants

Les premiers à  bénéficier de l’ouverture du ciel tunisien seront sans aucun doute les passagers individuels. Les Européens tout d’abord, qui pourront bénéficier de tarifs certainement plus compétitifs que les tarifs actuellement pratiqués par les compagnies régulières. Quoiqu’il faille nuancer cette approche car depuis de nombreuses années, le ciel tunisien étant ouvert au trafic charter, les tour-opérateurs ont toujours vendu des vols secs sur les vols charters à  destination de la Tunisie et souvent à  des prix très attractifs.

Du côté de l’hôtellerie, on se réjouit de la perspective de l’open sky car on considère qu’il permettra de drainer une catégorie de clientèle différente avec des attentes nouvelles. Théorie et espoir qui restent encore à  se vérifier. D’autant plus que l’expérience de Marrakech a démontré que l’arrivée des low cost sur la destination a dynamisé les arrivées individuelles mais a aussi fait baisser le nombre de nuitées dans les hôtels de la ville. Les professionnels du tourisme en Tunisie devraient donc ne pas se réjouir trop vite de la perspective.

Mais c’est certainement le passager individuel au départ de la Tunisie désireux de voyager de point à  point qui devrait bénéficier des avantages tarifaires des compagnies low cost car celles-ci auront besoin d’optimiser leur remplissage dans les deux sens du trafic. Les transporteurs à  bas prix contribueront sans aucun doute à  élargir la taille du marché, la baisse des prix donnant accès à  l’avion à  des clients qui voyageaient peu ou qui privilégiaient notamment le bateau (dans le cas du déplacement des TRE). Là  encore, il y a lieu de s’interroger sur le potentiel réel des passagers tunisiens et sur les rituels immuables des TRE qui continueront de privilégier le bateau (celui-ci ne limitant pas le poids des bagages et assurant le transport des véhicules).

Cependant, une compagnie comme Transavia, déjà  opérationnelle sur le marché tunisien, n’a pas été en mesure de capter un pourcentage suffisant de clients au départ de la Tunisie. Il faut dire aussi que ce transporteur a été confiné sur l’aéroport de Monastir alors que l’essentiel du trafic régulier individuel au départ de la Tunisie se concentre sur Tunis-Carthage. Pour preuve, plus d’une année après son entrée en fonction, l’aéroport d’Enfidha n’a toujours pas un seul vol régulier programmé dans son trafic.

Pour ce qui est des vols long-courriers, les compagnies traditionnelles préserveront sans aucun doute leur part de marché car leur capacité de correspondance sur les hubs européens sera difficile –pour ne pas dire impossible- à  concurrencer.

Face à  cette situation, l’idéal serait de voir se créer une compagnie low cost tunisienne opérant sur les principales destinations européennes dans le sens Sud-Nord. Selon certaines indiscrétions, le projet serait en cours de réalisation. Toutefois, cette compagnie fera face à  un handicap de poids : elle devra concentrer plus de 50 % de sa communication sur le marché européen et s’adosser à  un système de réservation ultra-performant avec tout ce que cela exige en investissement et en suivi technologique.

En tout état de cause, la Tunisie est une destination qui a ses spécificités propres et que les compagnies aériennes low cost prendront sans nul doute en considération. Il ne faut pas se leurrer : elles ne viendront sur le marché que si elles y trouveront leur compte. Dans le cas contraire, elles ne se bousculeront pas au portillon du ciel tunisien.

Hédi HAMDI
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