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Mohamed Saadaoui: « Aucun pays au monde n’oblige de faire des séparations de touristes par nationalité »

Mohamed Saadaoui: « Aucun pays au monde n’oblige de faire des séparations de touristes par nationalité »

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Acteur majeur du tourisme russe sur la Tunisie depuis 1998 et localement en tant que réceptif depuis 2006, Mohamed Saadaoui joue actuellement la carte de l’anticipation afin d’être à 100% opérationnel quand l’activité touristique reprendra. En attendant la réouverture de la Russie, c’est avec la Biélorussie, l’Ukraine et la Bulgarie qu’il élabore des programmes de charters avec ses partenaires. A condition que les autorités tunisiennes suspendent les mauvaises décisions, précise-t-il avec la spontanéité et la franchise verbales qui sont sa marque de fabrique.

 

Vous avez annoncé récemment avoir consolidé votre capacité hôtelière avec votre label Novostar. Etes-vous si optimiste quant à la reprise du tourisme cet été ?

Je prends actuellement des engagements comme si le tourisme allait reprendre. Dans notre secteur, si l’on sort du circuit pendant deux mois, c’est l’équivalent d’une année d’absence. C’est comme si un commercial éteignait son portable pendant cette période, c’est inconcevable. Notre rythme actuel de travail est de 12h/24. Nous organisons beaucoup de webinaires avec nos partenaires partout en Europe centrale et de l’Est pour se préparer. Nous avons pris part au salon MITT Moscou il y a quelques jours et nous serons aussi présents à un salon touristique en Ukraine.

Concernant notre stratégie pour Novostar, nous voulons arriver à un minimum de 7 hôtels en franchise commerciale totale d’ici 2023. L’objectif n’est pas de concurrencer les hôteliers, c’est au contraire un atout, sachant que je n’oriente jamais les clients vers mes hôtels d’abord. Pour preuve, en 2018, l’hôtel que nous avons le plus vendu était le One Resort à Monastir. Novostar est « un hors d’œuvre » et demeure ouvert également à l’Europe de l’Ouest.

De même, nous sommes rentrés dans l’activité F.I.T (tourisme individuel) que nous n’avions pas abordé jusqu’à présent manque de temps. On a travaillé ces derniers mois sur Zanzibar, l’Egypte et Dubaï où nous avons des filiales, mais pas sur la Tunisie puisqu’elle est encore considérée comme fermée. En tout cas, nos produits sont proposés dans le monde entier également en BtoB grâce à nos plates-formes Wordwide.

Comment analysez-vous la gestion de la crise Covid en Tunisie dans le secteur touristique ?

Nous avons très mal géré la pandémie. En tant que médecin à l’origine, la fermeture des frontières dans le sillage des autres pays s’est faite sans évaluation des conséquences. Par ailleurs, je suis contre les gens qui disent que ce sont les Tunisiens résident à l’étranger qui ont ramené le virus dans le pays après la réouverture des frontières le 27 juin 2020. Ils ont oublié qu’ils ont ramené avant tout des devises.

En tout cas, aucun touriste contaminé n’est venu en Tunisie. La preuve, aucun employé d’hôtel n’a attrapé le virus à cause d’un touriste. Je pense qu’au cours de l’hiver, les professionnels, à travers leurs fédérations, auraient dû travailler à sensibiliser le citoyen sur ce point. Les hôteliers et les autres ont plus été accaparés à payer leurs factures de la STEG et autres engagements.

En tant que Carthage Group et vos trois agences de voyages, comment avez-vous géré la crise, notamment sur le plan social ?

Au niveau du personnel, le plus important était de maintenir les salaires parce qu’il y va de la survie des familles. A part les fins de contrat, nous n’avons licencié personne. Les chauffeurs se sont juste vu demander de travailler par alternance un mois sur deux avec leurs collègues. Nous travaillons malgré tout dans une bonne ambiance, que ce soit en Tunisie ou en Russie. Nous avons d’ailleurs achevé notre programme de maintenance et d’entretien des bus qui était prévu pour 2020.

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« Je suis contre les gens qui disent que ce sont les Tunisiens résident à l’étranger qui ont ramené le virus dans le pays après la réouverture des frontières le 27 juin 2020 ».

Selon vous, qu’est-ce qui devrait être fait pour sauver la prochaine saison touristique en Tunisie ?

Déjà, il faut savoir que nous avons perdu tout le mois de mai, tout est fini. On regarde maintenant vers juin.

La condition à lever, c’est le 2e test PCR après 48h de l’arrivée des voyageurs. A 65 euros, nous avons le test PCR le plus cher du monde. Je suis cependant favorable au maintien du 1e test PCR à présenter au départ, pour être tranquillisés. Sinon, il y aura aussi la possibilité de présenter la preuve que le touriste a été vacciné. Je pense que si le 2e PCR est levé, cela va déclencher de très grosses ventes.

Ensuite et concernant ceux qui ont proposé de faire des hôtels pour les étrangers et y interdire les locaux, arguant du fait que cela se fait en Egypte, c’est inconcevable. Aucun pays au monde n’oblige de faire des séparations par nationalité. Les touristes pourraient voir cela d’un très mauvais œil. Et comment ceux qui ont avancé cette idée contrôleront-ils cette règle ? En Egypte, je confirme qu’il n’y a pas d’hôtels pour les étrangers et des hôtels pour les locaux, je suis réceptif dans ce pays et je sais de quoi je parle. Donc en Tunisie, soit tout ouvrir, soit ne rien ouvrir !

Vous êtes le réceptif de plusieurs T.O dans les pays de l’Est, comment la situation se présente actuellement ?

Nous avons profité de la situation qui a prévalu pour nous rapprocher des T.O avec qui nous n’avions pas pu contracter. En 2015- 2016, nous avions fait le choix de quitter l’Ukraine. Nous reprenons cette année sur ce marché en tant que réceptif de Join Up, le plus grand T.O dans ce pays ; et en plus du continent, nous le ramenons sur Djerba. Nous sommes également le nouveau réceptif du T.O bulgare Emerald Travel. Là aussi, nous le poussons à mettre des avions sur Djerba dans le cadre d’une approche gagnant-gagnant où le risque est partagé entre nous. Nous avons également des charters prévus au départ de la Biélorussie (qui n’a rien à voir avec le marché russe soit dit en passant).

Pour ce qui concerne la Russie, notre partenaire Biblio Globus ne peut pas vendre la Tunisie faute d’autorisation mais c’est un marché capable de faire 500.000 clients d’un coup. Les conditions d’ouverture du marché russe sont politiques. Il suffit qu’ils « ouvrent la vanne ».

Quelles sont les prévisions de Carthage Group pour la saison ?

Si la Russie ouvre, nous pourrons faire jusqu’à 100.000 clients au total. A défaut, nous ne ferons que la moitié. L’Ukraine est ouverte et nous tablons sur 40.000 touristes, les dossiers de réservation sont en train de tomber tous les jours. En 2019, nous avions totalisé 105.000 clients d’Europe de l’Est, même si notre meilleure année reste 2013 avec 120.000 clients.

Mais ce qui m’inquiète, c’est le climat social, j’ai réellement peur, d’autant que nous avons une carence en capital humain. Il faudra aussi éviter de faire un mauvais début avec des hôtels qui ne sont pas prêts parce qu’ils n’ont pas reçu les avances habituelles de leurs partenaires car il n’y a pas assez d’early booking.

©Destination Tunisie

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