Long-courrier : le joker caché de Tunisair
21 octobre 2013La compagnie publique Tunisair lorgnait depuis longtemps vers la destination Montréal. Le projet d’ouvrir une ligne directe au départ de Tunis n’est donc pas nouveau mais il vient de franchir une étape décisive ces derniers jours. Une délégation conduite par le PDG de la compagnie nationale, Rabeh Jerad, (et comprenant le directeur central du Produit, le directeur de la Planification et celui de la Sécurité des vols), s’est rendue au Canada du 16 au 20 octobre pour concrétiser l’ouverture très prochaine d’une ligne aérienne entre les deux pays.
Selon certaines informations qui devraient être confirmées les prochains jours, l’exploitation de cette ligne se fera dans le cadre d’un nouveau partenariat qui liera Tunisair à la compagnie aérienne libyenne Afriqiyah Airways qui mettra à disposition un Airbus A.330-200 (230 sièges en bi-classes)qui volera sous les couleurs de Tunisair et avec une immatriculation tunisienne pour de nouvelles liaisons vers l’Amérique du nord tout d’abord avec un vol qui effectuera le parcours Tripoli-Tunis-Montréal. Ce rapprochement sera profitable aux deux parties dans la mesure où la compagnie libyenne optimisera le remplissage de ses avions grâce à la clientèle que la Tunisie lui procurera, en plus des passagers qui partiront de Tripoli.
Cette collaboration tuniso-libyenne concernera ensuite la ligne Tunis-Dubaï à travers un accord de code share entre les deux compagnies qui leur permettra d’effectuer 4 fréquences par semaine, à raison de deux vols assurés par chaque compagnie. Tunisair jouirait de 150 sièges sur les appareils d’Afriqiyah. Ces dernières années, la compagnie publique tunisienne connaissait de grosses difficultés de rentabilité sur cet axe face à la concurrence des compagnies du Golfe. En partageant l’exploitation de la ligne avec le transporteur libyen, Tunisair fait d’une pierre deux coups : elle allège ses charges et se maintient sur le marché, y compris sur son escale de Koweït City en continuation du vol de Dubaï.
Sur la Chine, un accord de code share est également à l’ordre du jour sauf que les passagers au départ de Tunis devront se déplacer à Tripoli (ou Benghazi) pour joindre la Chine sur un appareil d’Afriqiyah Airways.
Last but not least, l’ouverture d’une ligne sur le Canada permettrait à Tunisair de contrer la compagnie privée Syphax Airlines laquelle s’est engagée dans une vaste campagne de communication dans la perspective de l’ouverture d’un vol Tunis-Montréal à compter de début 2014 grâce à la location d’Airbus A.330, appareils que Tunisair avait elle-même commandés auprès d’Airbus Industrie mais dont la livraison a été reportée aux calendes grecques (2015 aux dernières nouvelles) vu les difficultés financières par lesquelles passe le transporteur public. Sauf qu’il ne faudra pas perdre de vue que les accords aériens entre les gouvernements tunisien et canadien portent sur l’exploitation uniquement de 3 vols par semaine entre les deux pays.
En tout état de cause et sachant que le coût d’exploitation d’une rotation Tunis-Montréal est estimée à 400.000 DT, les compagnies aériennes, indépendamment de leur pavillon, auront du pain sur la planche pour assurer la rentabilité de la desserte et garantir un coefficient de remplissage optimal de leurs avions. Parmi les solutions préconisées par certains observateurs, la création d’une dynamique de transit sur l’Europe du sud, la Libye et l’Afrique en utilisant Tunis-Carthage comme plate-forme de correspondance pour des vols en continuation. Reste maintenant à être en mesure de finaliser toute la logistique nécessaire et surtout, de réviser les standards opérationnels de l’aéroport Tunis-Carthage qui, vu son fonctionnement actuel, serait capable de faire capoter les initiatives même les plus pertinentes.
Laisser un commentaire