Khaled Chelly, P-dg de l’OACA : « Des pourparlers pour donner en concession certains aéroports »
15 février 2016Le P-dg de l’OACA (Office de l’aviation civile et des aéroports) parle dans cette interview exclusive à « destinationtunisie.info » des grands chantiers aéroportuaires ouverts actuellement, du casse-tête de la rentabilité des aéroports et des nouvelles mesures sécuritaires mises en place. Mais il annonce, surtout, la possibilité de donner en concession certains aéroports de l’intérieur du pays.
Il y a quelques jours, une séance de travail a été tenue au ministère du Transport en présence du ministre autour de l’amélioration de la fluidité d’accès à l’aéroport Tunis-Carthage. Plus d’éclaircissements sur cette rencontre ?
Deux points ont été abordés. Tout d’abord, comment transformer la partie Filtre police et le scanner pour les rendre plus fluides ? Nous avons présenté quatre variantes (conceptions architecturales). Puis, nous avons opté pour celle pouvant assurer plus de fluidité. Le choix sera discuté avec la douane et le ministère de l’Intérieur en vue de se décider. Il y a, donc, cette volonté de revoir certains aspects au niveau de l’aéroport Tunis-Carthage pour une meilleure fluidité et un meilleur service rendu au passager.
Le deuxième volet consiste à revoir les points de contrôle installés au niveau des portes d’entrée. L’idée est de trouver comment les préparer pour mieux accueillir les passagers durant toute l’année et les rendre plus sécurisés. La décision devra être prise très bientôt par les trois départements (OACA, douane et ministère de l’Intérieur) et la mise en vigueur ne dépassera pas le mois de juin, soit avant la haute saison.
Comment préparer le futur de l’aviation civile ?
À mon avis, en tant que représentant de l’aviation civile et des aéroports, je tiens à ce qu’une étude très approfondie concernant les perspectives de développement de l’aviation civile dans sa totalité à l’horizon 2035 soit entamée. Quel transport aérien ? Pour quelle demande ? Quelle offre ? Et quelle infrastructure ? Telles sont les questions à poser actuellement et sans tarder encore, car nous sommes tenus de résoudre les problèmes actuels et de préparer le futur, de front.
En termes d’infrastructures, ce sont des mégaprojets à préparer suffisamment à l’avance, tout en associant tous les demandeurs et les acteurs afin d’aboutir à un modèle d’aviation civile qui répondra aux exigences de 2035.
Quels sont les chantiers urgents ?
Il s’agit, avant tout, d’optimiser les facilités au niveau de l’aéroport Tunis-Carthage. Bien que l’activité soit en baisse, nous sommes contraints de répondre aux besoins des passagers qui, selon le feedback que nous avons, ne sont pas très satisfaits de la qualité des services dans sa totalité, même ceux qui ne concernent pas l’OACA.
En conséquence, nous œuvrons à inciter toutes les parties à améliorer leurs services. La priorité concerne les aspects sécurité-sûreté, fluidité et facilité d’accès des passagers vers la partie Airside.
À l’intérieur de l’aéroport, il y a eu un changement radical au niveau du Duty Free, de la restauration et des cafés. De plus, nous sommes en train de changer la climatisation. Ce sont des solutions rapides qui ne vont pas révolutionner, certes, l’aéroport, cela requiert une refonte totale de l’infrastructure, mais au moins, cela rend la vie du passager plus facile à l’aéroport Tunis-Carthage.
En même temps, nous sommes en train de chercher des solutions pour rentabiliser les aéroports de l’intérieur du pays. Nous avons contacté des investisseurs pour y monter des centres de maintenance ou des écoles de formation dans le but de réduire le coût et contribuer au développement économique de la zone. En l’absence du tourisme et du passager, il y a d’autres activités à y développer pouvant rapporter de l’argent.
Avez-vous reçu des échos positifs de la part des investisseurs contactés ?
Oui. Au niveau de l’aéroport de Tozeur, il y a le projet de stockage temporaire des avions. Il s’agit aussi de la possibilité d’y monter une école de formation et de maintenance. Quant à l’aéroport de Tabarka, les pourparlers sont en cours avec des investisseurs tunisiens pour y mettre en place un méga centre de maintenance et pourquoi pas des écoles de formation.
Il y a aussi des pourparlers pour donner en concession certains aéroports de l’intérieur, comme celui de Tabarka. Mais il faut préciser que nous sommes encore en phase de pourparlers. Il y a des Italiens, des Allemands et des Français qui sont intéressés, mais ils attendent la stabilité politique et plus de visibilité quant au climat des affaires. Une fois la stabilité là, il y aura énormément d’investissements, j’estime, avec une bonne dynamique.
A votre avis, combien de temps faut-il encore pour atteindre la satisfaction des passagers à l’aéroport Tunis-Carthage ?
A vrai dire, nous avons avancé beaucoup dans ce sens, en élargissant les parkings, en réorganisant l’activité des taxis, en fournissant 6 portes d’accès, en révisant le système de traitement des bagages au niveau de la réception et de l’enregistrement (qui sera appliqué prochainement) avec l’élargissement de la partie de réception des bagages, en améliorant la disponibilité des banques et des cafés et en lançant de grandes campagnes contre le tabagisme dans l’aéroport en concertation avec la police et la douane.
Depuis la mise en œuvre de ces mesures, nous n’avons pas eu de réclamations. Mais nous devons attendre encore pour tester ce dispositif durant la haute saison où les flux des passagers sont beaucoup plus importants.
J’ajoute qu’il y aura bientôt une réunion ministérielle avec tous les intervenants, y compris l’Intérieur et la douane, pour plus de coordination et afin que ce dispositif soit efficace pendant la haute saison, tout en soulignant que nos prévisions ne voient pas malheureusement de grands flux touristiques pendant la haute saison.
Entretien conduit par Kemel Chebbi
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