Ils jugent Syphax Airlines sur le marché canadien
1 novembre 2013«La tunisienne Syphax Airlines est l’une des rares success-story du printemps arabe». Ainsi titrait l’agence de presse Reuters dans l’une de ses dépêches du 27 octobre dernier, parlant de la compagnie aérienne privée tunisienne quelques jours après la mise en place de son vol direct test entre Tunis et Montréal. Mais la presse n’était pas la seule à saluer cette initiative. Les professionnels du tourisme tunisien ont également applaudi l’annonce et ont tout de suite manifesté leur soutien à cette future ligne aérienne. Les réactions à ce titre ont été nombreuses, les recommandations aussi :
Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV) :
«Même si elle arrive en retard, cette ligne est une bonne chose au moment où l’on parle de diversification des marchés lointains pour drainer une clientèle à haute valeur ajoutée. Mais la question que l’on doit se poser est la suivante : a-t-on bien étudié le marché ? La représentation de l’ONTT sur place est délaissée, en témoigne sa très modeste participation au dernier salon de Montréal. L’approche sur le marché canadien est totalement différente des autres marchés et ne doit pas se faire que par des salons mais plus par des actions ciblées comme par exemple approcher la Fadoq, la fédération des séniors du Québec, ou encore par des road-shows car les Canadiens aiment le contact direct, les T.O l’attestent. Tous les adhérents de la FTAV seront sensibilisés à l’importance du marché canadien afin de se préparer dès à présent pour que tout soit prêt quand le vol commencera et réfléchir à des synergies avec l’aérien».
Tarek Lassadi, directeur général de l’agence de voyages en ligne Traveltodo :
«L’axe principal du développement d’une destination, c’est la mise en place d’un avion. Ensuite, il faut bien optimiser la ligne. La compagnie Syphax Airlines a pris le risque sur la partie aérienne, maintenant, c’est à l’Etat tunisien et à l’ONTT d’investir dans la communication car il ne faut pas laisser l’opérateur privé seul. C’est donc une occasion en or de vérifier la crédibilité et la capacité de l’ONTT à soutenir les initiatives privées. L’Etat est tenu de donner le bon exemple pour que les privés suivent.
Sur le court-terme, pour Syphax, il s’agit de suivre la démarche la moins coûteuse en attaquant le créneau touristique en allant voir les T.O et mettre en avant le vol sans escale. Ensuite, pour ce qui concerne la communauté tunisienne au Canada, il faudra lui faire des packs attractifs comme par exemple trois voyages pour le prix de deux dans l’année pour éviter de la laisser filer vers d’autres compagnies. Il y aussi le développement de l’out-going au profit des Tunisiens mais aussi des Algériens et des Libyens.
Au niveau de Traveltodo, nous allons immédiatement déclencher des packages pour être prêts dès que les vols seront opérationnels et soutenir M. Frikha. Il faut soutenir la compagnie par de bons conseils et en mettant en place de bonnes initiatives».
Tahar Khadraoui, président du T.O Air Marin Suisse :
«Le marché canadien est prometteur et je me pose la question de savoir pourquoi il est négligé. Les Marocains occupent le terrain depuis longtemps. Pour la Tunisie, c’est un marché alternatif qui peut nous servir en hiver mais ce n’est pas un grand marché vue la distance. C’est un marché qui ne dérange personne et sur lequel on pourra par exemple capter une clientèle golf. J’ai trouvé un correspondant sur place pour une éventuelle collaboration future mais tout dépendra de l’engagement de la ligne.
La seule chose qui me tracasse, c’est que si Tunisair et Syphax se mettent toutes les deux sur la ligne, elles risquent de se casser le nez toutes les deux. L’idéal serait qu’elles se mettent ensemble quelque soit la formule, code share, pool, etc. Par le passé, Tunisair l’a bien fait avec Air France sur Paris, alors pourquoi pas des vols en partages de codes SF/TU ou TU/SF. L’autre question que je me pose, c’est pourquoi Tunisair n’a pas pris les devants sur la Chine ? Y a-t-il une question d’égo entre les principaux concernés ?»
Rached Krid, directeur commercial Medina Hotels & Resorts :
«Si j’ai décidé d’aller à Montréal avec Syphax, c’est parce que je sais que le vol va aider les T.O à développer la destination. Les deux grands T.O qui opèrent sur la Tunisie volent avec Air France (Exotic Tour) et avec Royal Air Maroc (Sultana Tours). J’estime que c’est une opportunité pour les petits T.O d’avoir ce vol car ils trouvent généralement des difficultés à trouver des sièges. Cependant, les voyagistes attendent la stabilité politique de notre pays.
Dans nos hôtels à Yasmine Hammamet, nous recevons des clients canadiens long-séjour, c’est-à -dire qui passent jusqu’à 2 mois et plus en hiver. Ce sont des gens qui fuient leur pays à cause du climat mais qui recherchent aussi un rapport qualité/prix».
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