Chokri Zarrad : « Nouvelair est une compagnie saine et solide financièrement »
11 janvier 2024Nouvelair a annoncé avoir transporté au cours de l’année écoulée 2,1 millions de passagers. Chiffre record qui reflète la santé économique de la compagnie.
Nouvelair semble se porter à merveille. La compagnie aérienne privée tunisienne a annoncé qu’elle avait franchi, au cours de son exercice 2023, un nouveau record avec plus de 2 millions de passagers transportés de et vers la Tunisie.
Son directeur général, Chokri Zarrad, garde cependant la tête froide quand il annonce les réalisations de 2023, sans pour autant cacher les ambitions de la compagnie pour le futur. Ce qui a en tout cas changé chez le transporteur, c’est sa vocation charter exclusive qui n’a de toute évidence plus lieu d’être avec l’élargissement de son réseau régulier, mais surtout face à un changement des paradigmes traditionnels du transport aérien auxquels il a, de toute évidence, su s’adapter.
55% de touristes à bord
La proportion de vols purement charters au cours de l’année 2023 a été de 25% chez Nouvelair. Sauf que la barrière entre vols réguliers et vols charters est en train de disparaître en ce sens que les vols réguliers étant ouverts à tous les canaux de vente, prennent place à bord aussi bien des touristes individuels ou venus via tour-opérateurs en packages, des hommes d’affaires, des étudiants, des Tunisiens résidant en Europe, etc. En conséquence, la part de touristes sur les vols de la compagnie est désormais estimée à 55%.
Nouvelles lignes en 2024
La compagnie ne semble en tout cas pas prête de faire du sur-place. Elle annonce pour la nouvelle année un programme ambitieux de nouvelles dessertes qui vont porter à 40 le nombre de ses routes actuellement en exploitation. « Ces nouveautés s’inscrivent dans la stratégie de croissance expansive entamée en 2023 avec le lancement de 15 lignes étendues sur 5 pays : l’Espagne avec Madrid et Barcelone, le Maroc avec Casablanca, l’Allemagne sur Hambourg au départ de Tunis et la Belgique avec un vol vers Bruxelles au départ de Monastir » a-t-elle annoncé.
Les nouvelles lignes vont démarrer à compter du mois d’avril et se présentent comme suit:
–Hambourg au départ de Tunis à raison de 2 vols par semaine
–Casablanca au départ de Tunis à raison de 3 vols par semaine
–Madrid au départ de Tunis à raison de 2 vols par semaine
–Bruxelles au départ de Monastir à raison de 2 vols par semaine
–Barcelone au départ de Tunis à raison de 2 vols par semaine
Compétition sur l’Espagne
L’annonce de l’ouverture de nouvelles lignes Tunis-Madrid et Tunis-Barcelone a fait couler beaucoup de salive dans les milieux du voyage, notamment à cause de la présence sur ce marché d’autres opérateurs précurseurs. « Nous n’allons pas desservir une route où il n’y a pas de passagers » se défend le responsable de la compagnie privée. « Il faut qu’il y ait de la rentabilité derrière avec un volume suffisant de passagers ».
Nouvelair met en avant le fait qu’elle va ajouter des jours d’opération différents que ceux des autres transporteurs concurrents (tunisiens et espagnols). « Cela améliorerait la compétition sur cette ligne. Et cela augmenterait le nombre de touristes », a ajouté M. Zarrad qui n’exclut pas une extension du réseau sur ce pays avec de probables ouvertures futures sur des villes comme Malaga, Valence, Bilbao, ne serait-ce que parce qu’elles constituent « des bassins importants de touristes possibles. »
Pourquoi pas les Pays-Bas
Aucune compagnie aérienne tunisienne n’opère actuellement de vol sur Amsterdam. Interrogé sur le sujet, Chokri Zarrad explique que l’absence de slots sur Schiphol par exemple empêche de pouvoir desservir cet aéroport. Idem pour Rotterdam.
Flotte flexible
Pour Nouvelair, la taille de la flotte « n’est pas la vraie barrière » et la possibilité d’ajouter des avions ne pose de toute évidence pas de difficultés. « Quand une compagnie est saine et solide financièrement, elle peut passer à 20/25 avions sans problèmes, mais il faut qu’il y ait de la demande derrière » souligne M. Zarrad. Le business plan de la compagnie table en effet sur 20 à 22 appareils à l’horizon 2030 mais en gardant la même ADN, à savoir de rester sur le moyen-courrier dans un rayon d’environ 6h de vol autour de la Tunisie.
« Nous n’avons pas vocation à concurrencer notre compagnie-mère sur Montréal par exemple mais je crois que nous avons encore de l’espace pour desservir l’Afrique, quelques points au Moyen Orient et je dirais même vers d’autres pays comme la Géorgie ou l’Arménie où il y a un bassin de touristes important ».
Sauf que l’un des freins au développement de la compagnie actuellement se situe au niveau du personnel navigant et surtout les PNT (les pilotes). Elle estime cependant avoir mis en place les dispositifs et les mécanismes nécessaires à une croissance étroitement liée à la demande.
Une politique bagage différente
A la différence de nombreuses autres compagnies aériennes, Nouvelair a opté pour la formule dite du Weigth Concept pour les bagages, à savoir qu’un passager ayant droit à 25 kg par exemple (dans l’option tarifaire Easy) a le droit de répartir ce poids sur plusieurs bagages et non pas un seul. Cette politique est valable sur tout le réseau régulier – sauf sur la Turquie où la limite est de 2 pièces bagages avec une franchise de 40 kg. « Ce changement sur Istanbul, nous avons dû le faire pour une histoire de volume pour pouvoir prendre les bagages de tout le monde.»
Report du lancement de la Premium Economy
Alors que tous ses vols sont proposés en classe économique unique, la compagnie avait envisagé à un moment donné de lancer une « Premium Economy ». Cependant, il s’avère que le projet a été reporté, au moins jusqu’à 2025. En cause, un dispositif à mettre en place assez contraignant à bord, mais également ce qui est qualifié de « déficit en logistique sur les aéroports desservis » par la compagnie, et en premier lieu desquels Tunis-Carthage qui ne permet pas d’offrir des services de qualité.
©Destination Tunisie
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