Tunisair : les vrais dessous du week-end noir
23 juin 2015Une trentaine de vols totalement annulés le week-end du 20 et 21 juin 2015. Tel est le bilan affiché par Tunisair suite à l’absence au même moment d’une quinzaine de ses pilotes qui devaient prendre leur service. Certains ont parlé d’une grève du zèle, mais en fait, s’agissait-il d’une vraie grève ? Non puisque les pilotes absents, tous au même moment comme par enchantement, ont justifié cette absence par des certificats médicaux, n’ayant pas été soutenus par leurs syndicats.
Au sein de la direction de la communication de Tunisair, on informait, par voie de communiqué samedi que « les passagers des vols sur Paris TU 716/7 et TU720/1 ont été protégés sur les vols TU 718/9 et 722/3 de manière à ce que tous puissent regagner leur destination de et vers Paris. Pour tous les autres vols, des solutions ont été trouvées », soulignait encore le communiqué qui ajoutait que « la compagnie a dû même avoir recours à l’affrètement, cependant ces vols subiront des retards. Seuls les vols de Londres et Jeddah ont dû être annulés, et les passagers seront acheminés le 21 juin ». Sauf que le 21 juin, le même scénario s’est reproduit.
En définitive, l’absence des pilotes a eu pour conséquence l’annulation d’une trentaine de vols aller et retour. Samedi, Tunisair a enregistré l’annulation de 16 vols : deux vols sur Paris (TU 716 et 720), de même qu’elle a annulé ses deux fréquences sur Istanbul (TU 214 et 216). De plus, ont été supprimés les quotidiens sur Londres (TU 790), Milan (TU 796), Casablanca (TU 711), Jeddah (TU 713) et le Djerba-Paris (TU 734).
Le dimanche 21 juin, même scénario avec l’impossibilité pour la compagnie d’assurer 14 vols : vers Alger (TU 374), Barcelone (TU 514), Bordeaux (TU 628), Nantes (TU 208), Rome (TU 752), Casablanca (TU 711) et Venise (TU 472).
Bizarreries en tous genres
Ceux qui est surprenant dans la gestion de cette crise, c’est que Tunisair n’a pas utilisé les possibilités de « rerouting » comme cela est en vigueur en général chez les compagnies aériennes. En d’autres termes, Tunisair n’a pas donné la possibilité à ses passagers d’emprunter d’autres compagnies aériennes pour arriver à destination, à quelques rares exceptions si l’on en croit certains témoignages recueillis sur place à l’aéroport Tunis-Carthage.
Mais le plus ridicule dans l’affaire, c’est certainement aussi ce porte-parole syndical qui, pour se dédouaner, déclarait au plus fort de la crise à l’agence officielle de presse TAP que l’absence des pilotes était due à une coïncidence de leur journée de repos !!
Les vraies raisons de la crise
Passé l’orage, les langues se délient et certains pilotes prétendent qu’il s’agissait d’un premier avertissement à la direction de la compagnie pour dire que les PNT ne revendiquent pas d’augmentations salariales, mais une amélioration des relations avec leur direction, et pour également dénoncer l’absence de catering à bord des appareils depuis le 1er mars 2015. Mais à y voir de plus près, Destination Tunisie a appris d’une source proche de l’affaire que ce débrayage a été décidé par les pilotes ayant demandé récemment des autorisations de coopération technique de 3 ans pour aller travailler à l’étranger, chose qui leur aurait été refusée par la direction générale de la compagnie qui leur aurait rétorqué qu’ils n’avaient d’autre choix que de démissionner s’ils voulaient partir ailleurs.
Nous croyons en effet savoir que la compagnie Saudi Airlines, dans le cadre d’une politique d’expansion pour contrer les Emirates et autre Qatar Airways, serait en pleine campagne de recrutement et aurait approché plusieurs pilotes et co-pilotes tunisiens avec des offres allant jusqu’à 15.000 US$ de salaire mensuel. Le refus d’obtenir des autorisations de détachement serait donc la seule et unique cause de la crise provoquée le week-end dernier et qui laisse craindre le pire pour cet été sur le plan social pour Tunisair.
Donia Touihri
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