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Les vrais résultats de l’année touristique 2016 en Tunisie

Les vrais résultats de l’année touristique 2016 en Tunisie

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Les chiffres des entrées de touristes en Tunisie pour l’année 2016 sont désormais connus.

La destination a enregistré exactement 5.524.021 d’arrivées de non-résidents à ses différents postes frontières aériens, maritimes et terrestres, en baisse de 6,8% par rapport à 2015, mais surtout de 20,1% par rapport à 2014.

En apparence, ce chiffre officiel peut paraître satisfaisant dans la mesure où il n’est pas très éloigné des réalisations d’avant 2011 (6.902.749 visiteurs en 2010). Sauf qu’il y a un gros hic: désormais, l’ONTT, qui compile les chiffres sur la base des données que lui communique le ministère de l’Intérieur, prend  en considération les entrées de Tunisiens résidents à l’étranger. Oui, vous avez bien lu, les TRE !

En fait, l’administration du Tourisme, dans son décompte, n’a pas tout à fait tort puisqu’elle se base sur les normes édictées par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) qui stipule que chaque individu passant au moins une nuitée hors de son pays de résidence est comptabilisé comme touriste.

En conséquence, tout le monde se retrouve dans le même panier. 1.198.259 Tunisiens sont rentrés au bled en 2016 dont certains ayant effectué plusieurs allers et retours au cours d’une même année et ont été comptabilisés comme touristes autant de fois qu’ils ont fait la navette entre leur pays d’accueil et leur pays d’origine.

Mais les TRE, aussi gentils soient-ils, ne font pas fonctionner les hôtels, encore moins les agences de voyages, et certainement très peu les autres opérateurs du tourisme. Donc, qui est réellement venu en vacances au cours de l’année 2016 en Tunisie ? En vérité, la destination a reçu 4.525.562 visiteurs étrangers l’année dernière, en baisse de 7,7% par rapport à l’exercice précédent.

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Les Européens à la peine

Ce n’est une surprise pour personne et l’administration du Tourisme l’a crié sur tous les toits: l’année 2016 restera incontestablement comme celle de l’année du tourisme russe avec 623.397 visiteurs en provenance de ce pays, ce qui correspond à une croissance de 1096 % (oui, 1096 %) par rapport à une année 2015 morose qui n’avait pas réussi à dépasser la barre des 53 mille visiteurs de ce pays.

Pour être très réalistes (et l’avenir nous le prouvera), ces chiffres ne seront plus atteints, du moins pas en 2017, n’en déplaise aux politiciens et aux responsables du tourisme qui ont osé se gargariser de ces réalisations. Les touristes russes seront moins nombreux en Tunisie à l’avenir car plusieurs facteurs exceptionnels sont entrés en ligne de compte: l’année 2016 a été marquée par un transfert de la clientèle russe initialement destinée à la Turquie vers la Tunisie en raison de la brouille politique intervenue entre les présidents russe Poutine et turc Erdogan. Depuis le 1er septembre 2016, le problème a été résolu et les charters russes ont de nouveau renoué avec la Turquie et notamment Antalya.

Deuxième facteur ne permettant pas d’atteindre les mêmes réalisations, près de 30% des Russes ont été insatisfaits du produit « Tunisie » selon des évaluations qui nous ont été communiquées par les réceptifs de T.O russes sur la Tunisie ! Et en la matière, les réceptifs sont indiscutablement les mieux placés car étant au cœur de l’activité.

Au départ des autres pays d’Europe centrale et de l’Est, on notera l’arrivée de 30.586 Tchèques, de 11.041 Polonais et de 11.271 Ukrainiens.

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« Nos frères algériens »

Avec 1.808.315 arrivées à nos frontières, les Algériens sont de très loin les premiers touristes étrangers en Tunisie en volume. Et ce qui est d’autant plus satisfaisant, c’est que la croissance se poursuit de plus belle avec une évolution de 22,1% par rapport à 2015 et de 40,8% par rapport à 2014. Ces chiffres sont le résultat d’une tendance, mais aussi de gros efforts de communication réalisés sur l’Algérie tant par l’administration que la profession. Mais pour être parfaitement honnêtes, il y a lieu de signaler à ce propos deux points importants. D’abord, le fait que 70% des Algériens ne résident pas en milieu hôtelier et privilégient des formules d’hébergement chez des particuliers. Soit, c’est de l’argent qui tourne dans les circuits en Tunisie même s’il s’agit de l’informel. Pour les hôtels qui reçoivent des Algériens, il n’est pas rare d’entendre parler de la nécessité pour eux d’être sélectifs notamment à l’égard d’une certaine catégorie, et spécifiquement les jeunes qui viennent en groupes de célibataires et qui ne brillent pas par leur comportement exemplaire.

Photo: ONTT Alger

Photo: ONTT Alger

Les arrivées de visiteurs en provenance du Maghreb ont constitué en 2016 exactement 52,2% du total des arrivées de l’étranger avec notamment une clientèle libyenne reléguée à la 2e place avec 1.117.007 entrées comptabilisées. Les Marocains sont loin derrière avec 46.547 arrivées.

L’effrondrement des marchés émetteurs classiques

En analysant les chiffres de l’année touristique 2016, il est nécessaire de ne pas perdre de vue qu’elle a répercuté les conséquences des attentats terroristes de l’année 2015 au Bardo et à Sousse. Les marchés émetteurs, que l’on a toujours considéré comme des marchés « classiques », ont rudement pâti de la conjoncture, à commencer par les Français qui ont baissé de 15,9% en un an à 390.684 entrées en provenance de l’Hexagone sur les 12 mois de l’année écoulée !! Au passage, on rappellera juste que la Tunisie avait totalisé 1.385.293 touristes français en 2010; 767.138 en 2011. Cherchez l’erreur…

Pour ce qui concerne le marché allemand, la baisse entre 2015 et 2016 a été de 40,9% avec désormais et uniquement 129.085 touristes en provenance de ce pays. Il fut un temps où un T.O avait réalisé ces chiffres à lui tout seul sur ce marché. Pour mémoire, les Allemands étaient 458.631 à visiter la Tunisie au cours de l’année 2010.

Au départ de l’Italie, l’année 2016 n’a guère été plus reluisante, avec 71.982 visiteurs en provenance de ce pays, en baisse de 13,7% par rapport à 2015 et de 71,5% par rapport à 2014 ! Autant donc parler d’une hécatombe touristique.

Le marché suisse ne s’est pas mieux porté avec à peine 18.157 touristes, ce qui représentait le total des réalisations d’un hôtel à lui tout seul à Sousse il y a encore quelques années.

Il y a ensuite ces marchés qui font l’objet de restrictions de voyages vers la Tunisie de la part de leur gouvernement respectif, ce qui est de nature à encore aggraver les réalisations touristiques. Au départ de la Grand-Bretagne, l’année 2016 a enregistré à peine 23.000 visiteurs tandis que la Belgique a totalisé 22.946 touristes et la Hollande 7740 personnes. Pour ce qui est de la clientèle scandinave, autant dire que la Tunisie touristique a touché le fond sur ce marché avec seulement 9525 touristes comptabilisés en 2016, soit une baisse de 13,7% par rapport à 2015. A titre de comparaison, la destination avait reçu 131.651 scandinaves en 2010.

En définitive, la Tunisie a recensé à ses frontières au cours de l’année 2016 exactement 1.415.334 non-résidents européens, en baisse de 24,7% par rapport à 2015 et de 49,6% par rapport à 2014. En d’autres termes, la Tunisie a perdu la moitié de ses touristes européens entre 2015 et 2016. Ces touristes européens qui en arrivent à devenir presque minoritaires avec désormais 24,7% du total des arrivées. Comparaison n’est pas raison dirait le dicton, mais l’on ne pourra s’empêcher de relever qu’en 2010, les Européens avaient été 3.814.402 à séjourner en Tunisie (TRE non compris), ce qui représentait à l’époque 55,3% du total des arrivées de non-résidents.

Le fric, c’est pas chic

Au-delà des arrivées des personnes, il y a lieu de s’intéresser à ce que ces visiteurs ont procuré aux caisses de l’Etat en devises. Au 31 décembre 2016, la Banque Centrale de Tunisie a comptabilisé 2322.9 millions de dinars de recettes touristiques, en baisse de 3,8% par rapport à l’année précédente et ce sans prendre en considération le glissement de la monnaie tunisienne par rapport aux principales devises étrangères pour le marché que sont l’euro (-9%) et le dollar (-9,4%).

Hédi HAMDI

Crédit photos: Adel Mhenni

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