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Tourisme saharien : la traversée du désert continue… à  cause des banques et des avions ?

Tourisme saharien : la traversée du désert continue… à  cause des banques et des avions ?

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450.000 : c’est le nombre moyen de touristes qui visitent Tozeur et ses environs chaque année. Le chiffre peut sembler conséquent mais en réalité, il est insignifiant au vu des investissements touristiques et para-touristiques réalisés dans la région ces 20 dernières années tant par l’Etat que par les privés.

C’est donc un fait : le tourisme dans la région du sud-ouest tunisien n’arrive toujours pas à  décoller. Elle draine certes des touristes mais uniquement dans le cadre d’excursions ponctuelles, trop courtes pour pouvoir assurer la rentabilité des entreprises hôtelières locales. Les 46 hôtels (4936 lits) de la région ont de toute évidence beaucoup de mal à  joindre les deux bouts, en témoigne d’ailleurs le nombre (trop) important d’hôtels qui ont du fermer leurs portes ces dernières années. A Nefta par exemple, sur les 6 hôtels de la ville, 3 sont actuellement fermés !

A écouter les professionnels de la région, beaucoup d’établissements, et non des moindres, seraient au bord de la faillite, enlisés dans le cercle vicieux de l’endettement bancaire.

Au cours d’une récente réunion officielle à  Tozeur entre les professionnels de la région et Slim Tlatli, le ministre du Tourisme, Abderrazek Chraïet, figure emblématique du tourisme local, a tiré la sonnette d’alarme et a appelé à  trouver une solution rapide à  la situation qui prévaut. « Nous devons ensemble, profession, administration et banques, nous réunir pour trouver une solution urgente car tous seuls, nous n’allons pas nous en sortir et nous ne réussirons jamais à  payer nos créances. J’en appelle à  la prise de décisions radicales » a-t-il lancé solennellement.

Les mauvaises manières et leurs conséquences

Les difficultés financières dans lesquelles sont embourbés de nombreux hôtels ont une conséquence directe sur la clientèle qui se traduit pas une baisse de la qualité des prestations offertes, ce qui aggrave encore l’image de la destination. En dehors des hôtels, les propriétaires de calèches, les restaurateurs et autres marchands d’artisanat ne sont également pas exempts de tous reproches dans leur manière de traiter avec les touristes, loin s’en faut.

Le ministre du Tourisme, Slim Tlatli, ne manque d’ailleurs pas une occasion de rappeler aux professionnels les conséquences de tels agissements. A Tozeur, il a une nouvelle fois évoqué les incidences graves découlant des commentaires désobligeants postés par les touristes mécontents sur les sites Internet tels que TripAdvisor et autres « qui peuvent être lus par des milliers de personnes ». M. Tlatli a en tout cas annoncé l’organisation de campagnes pour tenter de sensibiliser tous les intervenants à  la nécessité de gérer différemment leurs relations avec les touristes.

La question que l’on se pose également est la suivante : pourquoi à  peine 3 ou 4 hôtels à  Tozeur réussissent-ils à  tirer leur épingle du jeu alors que tous les autres se débattent dans de sérieuses difficultés avec des taux de remplissage moyens qui n’arrivent pas à  dépasser les 30% sur l’année ? Pour Tahar Osma, président de la Fédération régionale des agences de voyages, il est surprenant que « le tourisme saharien soit en pleine évolution mais que le taux d’occupation des hôtels n’évolue pas proportionnellement ». Pour lui, il y a nécessité de commercialiser le produit saharien de manière totalement différente de celle du balnéaire et en appelle à  concentrer la communication sur les villes européennes qui assurent des vols directs sur Tozeur.

Pas assez d’avions ?

Autre facteur mis à  l’index pour expliquer les difficultés que connaît la région : le manque de dessertes aériennes directes reliant Tozeur aux principales villes européennes. Certes, il existe actuellement des vols directs au départ de Paris, Lyon, Milan, Madrid, Genève, Zürich, etc. mais ceux-ci n’ont pas encore porté les fruits escomptés. Beaucoup de professionnels sont d’ailleurs sceptiques sur la longévité de ces vols et citent la desserte Marseille-Tozeur qui n’a survécu qu’une année et demi ou encore la ligne Francfort-Tozeur dont l’exploitation n’avait pas franchi le cap des 9 mois par manque de rentabilité. Pour Tunisair, qui assure la totalité des vols réguliers internationaux sur Tozeur, le minimum vital en termes de coefficient de remplissage de ses appareils est bien évidemment la condition sine qua non pour pouvoir assurer les dessertes. Face à  une demande insuffisante, le transporteur national ne peut évidemment pas maintenir indéfiniment tous les vols.

Dans les semaines à  venir, la région va accueillir le Festival international du Sahara de Douz (23-26 décembre 2010) et le Festival des oasis de Tozeur (26-29 décembre 2010). Malgré la régularité de leur déroulement et toute la bonne volonté affichée par leurs comités d’organisation respectifs, ces événements contribuent modestement à  promouvoir l’image de la destination. Mais ce dont Tozeur aurait véritablement besoin, ce serait trois ou quatre très grandes opérations événementielles plusieurs saisons d’affilée pour espérer se faire connaître au niveau international comme une région à  part entière totalement détachée de l’image balnéaire qui s’obstine à  coller à  la Tunisie touristique.

Hédi HAMDI
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