Retour de Marrakech
2 mai 2011Mardi 26 avril 2011. Attablés à la terrasse de l’Eldorador Palmeraie de Marrakech, avec mes amis Tarek Lassadi, patron de l’agence Traveltodo, et Imed Smaoui, notre compatriote et directeur général de l’hôtel, nous tergiversons jusqu’aux environs de minuit sur « la chose touristique », sujet cher à nous trois. En bons Tunisiens que nous sommes, nous n’omettons pas d’établir les parallèles d’usage et dont nous sommes si « friands », à savoir comparer l’incomparable : le tourisme tunisien et le tourisme marocain ; le produit Tozeur et le produit Marrakech.
Jeudi 28 avril 2011. Il est 9h00 du matin. J’effectue mon check-out à l’hôtel Palmeraie Golf Palace, qui marque la fin de mon séjour de 4 jours dans la Cité ocre. Bien que ce ne soit pas ma première visite, je rentre une fois encore en Tunisie les étoiles plein les yeux, avec un sentiment d’admiration à l’égard de cette ville, de ses hôtels (nous en avons visité au moins 25) ainsi que de ses projets de développement futurs qui témoignent de la bonne santé du secteur et de ses perspectives prometteuses. .
13h00. Je déjeune à Casablanca avec une veille connaissance perdue de vue depuis 12 ans, quand me parvient par SMS une nouvelle -inquiétante tout d’abord, effrayante ensuite : une explosion vient d’avoir lieu à Marrakech sur la Place Jemaâ El Fna. J’y étais pas plus tard que la veille jusqu’à 18h00. On allume 2M, la chaîne TV locale, qui annonce justement la diffusion imminente d’un flash d’info sur «l’explosion de Marrakech». La crainte se confirme. Les images arrivent en direct. Elles me glacent le sang. J’ai le cœur meurtri, mais je suis également pris d’un sentiment de révolte face à ce que je considère comme une injustice : pourquoi un illuminé s’est-il attaqué au principal site touristique de Marrakech ? Pourquoi faut-il qu’il y ait des victimes qui payent de leur vie à cause de l’obscurantisme de certains hominidés [plus proches du singe que de l’Homme].
Je pense à tous ceux que j’ai rencontrés la veille sur la Place et me demande ce qu’il va advenir d’eux : les charmeurs de serpents ? les vendeurs de bric à brac ambulants ? les dresseurs de singes ? les musiciens ? les diseuses de bonne aventure ? les petits restaurateurs au charme si particulier ? les dizaines de commerçants avec leurs stands de jus d’orange et de pamplemousse ? les magasins d’artisanat qui s’enfoncent jusqu’à dans les profondeurs de la veille ville ? les échoppes de produits contrefaits ? les calèches avec leurs chevaux qui ne sentent pas très bon mais qui offrent des balades tellement typiques dans les méandres de la ville ? les cafés alentours ? les petits (et petites) mendiant(e)s qui survivent grâce à ce que les touristes daignent bien leur donner?
Je suis aussi triste que le sont les Marrakchis. Ce drame me conforte dans ma conviction que les extrémistes sont des lâches. Oui, des lâches. Car aucune cause ne peut légitimer l’atteinte à la vie d’innocents, quelle qu’elle soit !
Ces barbares d’un autre âge -qui avaient malheureusement déjà agi sous nos cieux en 2002-, doivent être combattus avec la plus grande fermeté. Désolé de ne pas faire partie de ceux qui prônent le dialogue avec eux. Car à quoi bon discuter avec ceux qui ne sont pas sourds mais qui pourtant ne vous entendent pas ? Avec ceux qui ne sont pas aveugles mais qui ne vous voient pas ?
Marrakech se relèvera ! Marrakech saura se ressaisir ! Je n’en doute pas un instant. « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » dit le dicton. Passée l’émotion, la machine touristique redémarrera car l’image de Marrakech repose sur des fondements solides. Car on ne tue pas le tourisme à coups de bombes. On ne tue pas l’intarissable besoin de voyager qui caractérise l’être humain moderne.
On ne doute pas un instant que les autorités marocaines agiront à bon escient et appliqueront un plan de communication de crise efficace. Que les professionnels locaux sauront maintenir leur présence sur les brochures des tour-opérateurs. Sans oublier tous ces expatriés Français établis à Marrakech qui mettront en branle leur lobbying pour refaire tourner la machine touristique. Joli pied de nez aux barbus en perspectives.
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