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Marché français : les professionnels du tourisme sur des charbons ardents

Marché français : les professionnels du tourisme sur des charbons ardents

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A la veille du salon du tourisme et des voyages IFTM qui se tient à Paris du 23 au 26 septembre 2014, les professionnels du tourisme en Tunisie se mobilisent à l’initiative de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV). Ils s’efforcent de trouver de nouvelles recommandations pour sortir de la spirale dans laquelle se trouve la destination depuis 2011 au départ du marché français.

La Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme (FTAV) a organisé mercredi 10 septembre un workshop réunissant un panel de professionnels opérant sur le marché français réunissant autour de la même table les présidents des fédérations professionnelles du tourisme (FTAV et FTH), la directrice générale de l’ONTT, la présidente du groupe Tunisair, les représentants des compagnies Nouvelair et Air France, aux côtés de plusieurs patrons d’agences de voyages pour débattre de la problématique épineuse de la baisse, sur les quatre dernières années, de la fréquentation touristique enregistrée au niveau du marché français. Une baisse drastique que certains qualifient même de « descente aux enfers ». Que se passe-t-il réellement et pourquoi le marché français, qui se comportait si bien, est-il frappé de plein fouet ? Quelles sont les solutions concrètes qui ont été proposées par nos professionnels pour contrecarrer cette baisse ?

Des statistiques inquiétantes

C’est saisissant lorsque l’on regarde les chiffres communiqués par l’ONTT sur l’évolution par nationalité de la fréquentation touristique sur les années 2010, 2013 et 2014, pendant le mois d’août, 2010 étant considérée comme année de référence. Il y a de quoi s’affoler – vraiment – quand on voit que les entrées européennes sur le sol tunisien ont toutes baissé sur la période 2010-2014. A part quelques petites exceptions. Citons-les quand même pour ne pas trop se saper le moral : la Grande Bretagne (+36,2 %), l’Ukraine (+119,7 %), la Russie (+39,2 %) et la Tchéquie (+28.6 %). Mais la vraie inquiétude, c’est la France qui boude la Tunisie. Pourtant, les deux pays sont historiquement et géographiquement si proches. Le nombre de touristes français a en effet baissé de 8,6 % entre août 2013 et août 2014 et de 34,5 % entre août 2010 et août 2014. Par ailleurs, et toujours selon la même source, nous avons enregistré une baisse de 46,8 % du nombre de touristes français entre 2010 et 2014 sur l’intervalle allant du 1er janvier au 31 août. Autrement dit, nous avons perdu presque la moitié de nos clients français de 2010 à 2014 qui venaient entre janvier et août. Ces chiffres ne sont guère encourageants et la situation est loin d’être rassurante.

Ça l’est aussi pour les opérateurs aériens dont les témoignages, toutes compagnies confondues, vont négativement dans le même sens. « Régression soutenue au niveau du trafic de et vers la France sur ces trois dernières années », selon Saloua Essghaier, PDG de Tunisair. « Un fléchissement au niveau du charter avec la France et une activité qui tend à disparaitre », d’après Faouzi Mouelhi, directeur central du Produit chez Tunisair ; idem chez Nouvelair depuis 2011, confirme Karim Dahmani, son directeur commercial. Pour Nicolas Delaporte, directeur d’Air France Tunis, « les chiffres de juillet et août 2014 sont très décevants et la vente de la Tunisie est un vrai casse-tête » a-t-il souligné. « Les confirmations des vols auprès de sa compagnie arrivent de plus en plus tardivement et c’est carrément anxiogène pour notre activité », a-t-il ajouté.

Les temps sont durs pour tout le monde : agents de voyages, tour-opérateurs et compagnies aériennes qui souffrent aussi bien les uns que les autres de la baisse d’activité du marché français que ce soit pour le tourisme de groupe, individuel ou itinérant. A la fois pour des vols charter ou réguliers. Certains TO, à l’instar de Thomas Cook France, se sont carrément détournés de la Tunisie pour partir investir ailleurs.

Les pourquoi de la baisse du marché français

Les raisons qui ont été évoquées lors de la réunion de la FTAV sont connues et à maintes occasions répétées et réentendues. A l’unanimité de ceux qui étaient présents à cette table ronde, les causes de l’amenuisement de la fréquentation des touristes français en Tunisie sont principalement les suivantes :

– Mauvaise qualité du produit touristique et son manque de diversification ;
– Dégradation de l’image de la Tunisie aux yeux des Français notamment ;
– Contraction des capacités d’offre au niveau des opérateurs (estimée à -30 %) ;
– Les études d’impact ayant révélé des résultats négatifs sinon décevants sur la Tunisie et qui ont été diffusés à travers les médias français ;
– Campagnes publicitaires désuètes, mal ciblées et parfois inutiles. D’où le choix contesté de Publicis, l’agence de communication engagée par l’ONTT ;
– Problèmes sécuritaires en Tunisie et dans les pays voisins ;
– Conditions d’hygiène déplorables et situation environnementale dramatique ;
– Augmentation des prix des billets d’avion et Open Sky qui tarde à être adopté.

Chacune de ces raisons citées peut être à elle seule suffisante pour dissuader un client à venir en Tunisie. Que dire alors lorsque toutes ces raisons se fédèrent…

Des actions à mener pour pallier la baisse de fréquentation

L’objectif de ce workshop de la FTAV était de récolter un maximum de suggestions de la part des différents professionnels. Certains n’ont pas hésité à rappeler qu’une panoplie de recommandations a été établie en 2013 mais qu’elle n’a jamais vu le jour. Voici en tout cas ce qu’il en est sorti de ce débat comme recommandations principales tout en espérant, qu’au moins, une partie d’entre elles pourraient être réellement appliquées par les autorités ou les organismes concernées :

– Relancer le dossier de l’Open Sky qui demeure en veille et que l’on sort du placard de temps à autre ;
– Changer la politique de promotion de la Tunisie sur le marché français en lançant des actions VIP et en créant des événements attractifs ;
– Aller sur place dans les régions pour se rapprocher du public ;
– Développer de nouvelles niches à forte valeur ajoutée : événements sportifs, circuits culturels, tourisme du 3ème âge, tourisme médical…
– Travailler sur les relations publiques et le relationnel ;
– Inviter des agents de voyage français en Tunisie pour mieux vendre la destination de visu ;
– Miser sur le digital et améliorer l’attractivité des portails internet de nos canaux de commercialisation ;
– Donner une image moderne et renouvelée de la destination Tunisie ainsi que de nos produits sur les salons à l’international ;
– Travailler sur la qualité de nos produits touristiques. Une qualité plancher a été suggérée par Saloua Essghaier qui a même parlé de « SMIG de qualité ».

Ces actions sont tout à fait plausibles et peuvent sûrement être réalisables si, bien sûr, on s’en donne les moyens. La vraie difficulté consiste non pas dans l’application de ces mesures mais plutôt dans la perception de la Tunisie aux yeux des touristes européens, en l’occurrence français. Si nous autres avons déjà une perception négative de notre pays à cause des problèmes actuels que nous sommes en train de vivre, sinon de subir au quotidien, entre le manque d’hygiène, l’absence de civisme et les problèmes d’environnement comment veut-on que des personnes, qui sont d’ailleurs beaucoup plus à cheval que nous sur ces convenances, aient l’envie de venir chez nous. Surtout lorsque à cela s’ajoutent les problèmes de sécurité et celui de l’islamisation galopante de notre société. Il est clair que le touriste européen ne veut pas de cela pour ses vacances. C’est tout à fait légitime. Il n’y a pas de solution miracle pour faire venir les français. Soignons d’abord notre comportement et le reste suivra. La vraie image de la Tunisie sera véritablement rétabli aux yeux des européens quand on aura remédié à ces problèmes. Aussi, lorsque nous-mêmes serons réellement convaincus d’avoir un pays où il fait bon vivre. Et comme disait le Général de Gaulle : entre possible et impossible, deux lettres et un état d’esprit. C’est avec l’état d’esprit qu’on pourra tout changer.

©Destination Tunisie

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