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En 2012, menace sur les voyages des Tunisiens à l’étranger ?

En 2012, menace sur les voyages des Tunisiens à l’étranger ?

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Une année noire se prépare-t-elle pour les Tunisiens désireux de se rendre à  l’étranger ? Après la fausse rumeur de suppression du timbre de voyage, voici une vraie décision qui vient d’être révélée aux professionnels du voyage.

La Banque centrale de Tunisie n’accordera aucun budget en devises en 2012 dans le cadre de la réglementation connue sous le nom d’Inclusive Tour mise en place depuis 5 ans. Ce budget annuel permettait aux voyageurs tunisiens de payer leurs prestations à  l’étranger (hôtel, location de voitures, transfert, etc.) en dinars avant de partir et en toute légalité via leur agence de voyages. En 2006, le gouvernement d’alors s’était rendu à  l’évidence qu’il n’y avait pas d’autre alternative que de libéraliser –ne serait-ce que partiellement- les voyages organisés à  l’étranger pour juguler des pratiques devenues incontrôlables (comme l’utilisation des allocations touristiques sur les passeports des voyageurs ou encore la compensation avec d’autres opérateurs étrangers). Le budget alloué allait ensuite évoluer, moyennant des rallonges successives décidées conjointement entre la BCT, la FTAV, l’ONTT et le ministère du Tourisme, jusqu’à  atteindre 23 MD en 2010. Pour 2012, la profession en espérait 30 !

Une annonce tombée comme un couperet

Le 29 décembre 2011, la Banque centrale de Tunisie a informé la commission out-going de la Fédération tunisienne des agences de voyages qu’aucun budget en devises ne sera consacré aux voyages à  l’étranger en 2012, les considérant probablement comme des produits de luxe et ne constituant donc plus une priorité. Cette annonce a fait l’effet d’une bombe dans le milieu des agences de voyages et des différentes centrales de réservation opérant sur le marché pour qui les voyages à  l’étranger sont actuellement le seul gagne-pain depuis la chute des entrées touristiques étrangères dans le pays. « Si cette décision est maintenue, j’estime qu’elle est très grave car elle remet tout en cause » considère Mehdi Ghannouchi, patron de l’agence de voyages T.G.V à  Tunis. En effet, la légalisation de l’Inclusive Tour avait permis de réguler le marché des voyages à  l’étranger générant dans la foulée des avantages fiscaux importants pour les caisses de l’Etat. Interdire aux agences de voyages de vendre des prestations à  l’étranger en dinars à  leurs clients ramènerait la profession à  la case départ, sachant qu’aujourd’hui, l’on compte près de 700 agences de voyages en Tunisie qui dépendent fortement de la billetterie aérienne et des voyages organisés à  l’étranger tant pour les loisirs que pour les affaires.

Les professionnels révoltés

« Le pays a-t-il fait une révolution pour revenir en arrière ? » s’insurge de son côté Nadaa Ghozzi Farhat, représentante officielle en Tunisie de GTA , filiale de Kuoni, l’un des grossistes du voyage à  l’échelle mondiale. « Les conséquences sur le plan macro-économique seront beaucoup plus graves pour le pays et cela lui en coûterait certainement plus que les 30 MD que la BCT ne veut pas donner ». Quant aux agences ayant déjà  entamé des démarches pour l’organisation de voyages professionnels à  l’étranger début 2012, la BCT leur a suggéré d’utiliser les comptes AVA des entreprises concernées. Sihem Zaïem, gérante de l’agence Tunisivision et présidente de la commission out-going à  la FTAV, explique que les entreprises n’accepteront pas de puiser sur ce compte comme bon leur semble quand bien-même la BCT les y a autorisées.

En tout état de cause, la décision de ne pas consacrer de budget légal aux voyages à  l’étranger serait-il le signal d’un retour au protectionnisme à  outrance au nom de la politique d’austérité du nouveau gouvernement ? Le secteur des agences de voyages craint en tout cas le pire car les conséquences sur le secteur risquent d’être très graves, les agences étant dans leur majorité des PME financièrement fragiles. Pour autant, les 30 MD que demande aujourd’hui le secteur constituent moins de 1% des recettes du tourisme et pour lesquelles les agences contribuent amplement. La requête paraît donc somme toute légitime.

Du côté de la BCT, on a proposé une autre solution alternative jugée d’emblée par la FTAV comme irréalisable dans l’immédiat. L’idée consisterait à  faire ouvrir un compte en dinars convertibles pour chaque agence laquelle serait ensuite chargée de procéder au change directement sur le passeport de son client. Au vu de la stricte réglementation qui régit le change en Tunisie, il apparaît clairement qu’il s’agit d’une solution utopique et irréalisable dans l’état actuel des choses. Pour les observateurs, la décision de ne pas consacrer de budget aux voyages va ouvrir la porte à  des pratiques du passé. Les spéculateurs se frottent les mains mais la Fédération tunisienne des agences de voyages a décidé de ne pas s’en tenir à  cette décision qu’elle va contester en plus haut lieu. Pour le tout-nouveau ministre du Tourisme, immédiatement informé de la décision, il s’agit d’un baptême du feu dont il aurait bien pu se passer.

Hédi HAMDI
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