Avec son nouvel Airbus A.330, Tunisair veut tourner la page de la crise et entamer une montée en gamme
10 juin 2015L’introduction dans sa flotte de son premier long-courrier semble redonner du baume au management de Tunisair.
La compagnie nationale s’est vu remettre, le 9 juin à Toulouse, un Airbus A.330-200, premier d’une commande de 3 appareils du même type, dont le 2e exemplaire sera livré dès le mois de juillet prochain, tandis que le 3e est prévu pour l’année prochaine. Ce nouvel avion a une capacité de 266 sièges dont 24 en Business Class et 242 en classe économique répartis en deux cabines.
Baptisé « Tunis », l’Airbus A.330 de Tunisair a eu droit à une livraison en grande pompe au siège de l’avionneur européen à Toulouse. Pour la circonstance, toute une délégation officielle tunisienne a fait le déplacement pour découvrir le nouvel avion : le ministre du Transport, avec la présidente de Tunisair, le directeur général de l’Aviation civile, le PDG de l’OACA, la moitié des hauts cadres de la compagnie, le directeur général de l’ONTT, mais aussi plusieurs députés (toutes couleurs politiques confondues), notamment les présidents des commissions en rapport avec le transport. Car pour Tunisair, il s’agit désormais de séduire et convaincre les élus de la Nation étant donné que pour l’acquisition de chaque nouvel avion, elle a besoin de l’aval des députés vu que l’Etat est désormais le garant des crédits qu’elle contracte. La compagnie en est à son 7e nouvel appareil acquis dans le cadre de son plan de flotte décidé en 2008 qui porte sur un total de 13 Airbus (10 A.320 et 3 A.330). Pour les 6 avions qui lui reste à acheter, l’accord des députés sera inévitable.
La présidente de Tunisair, Sarra Rejeb, semblait de toute évidence fière de cette acquisition. « Je suis très heureuse de pouvoir accueillir l’A.330-200 au sein de notre flotte, sa rentabilité hors pair et ses coûts d’exploitation inégalés nous permettront de développer nos opérations et gagner de nouvelles parts de marchés » a-t-elle affirmé. Car chez Tunisair, on estime que la crise fait désormais partie du passé et que l’avenir sera plus serein, grâce au plan de restructuration engagé et grâce aussi aux nouveaux avions. « Ce premier long-courrier va surtout nous donner les moyens de nos ambitions stratégiques » a-t-elle ajouté. Autrement dit, le transporteur public estime qu’avec ce nouvel appareil, il va pouvoir enfin rivaliser avec la concurrence. « L’A.330 est un avion qui, depuis sa conception, a fait ses preuves durant les dernières décennies avec des améliorations continues qui lui ont attribué des prouesses techniques le positionnant confortablement dans l’univers concurrentiel du segment des gros porteurs long-courriers bi-couloirs » a également déclaré la première responsable de Tunisair.
Cependant, malgré les capacités de l’avion à effectuer d’une traite un Tunis-Montréal par exemple ou un Tunis-Pékin, il ne sera opérationnel que sur les lignes conventionnelles de la compagnie, notamment Paris, Istanbul, Dakar, Nouakchott et Dubaï. Certains observateurs seraient tentés de se demander à quoi cela sert-il de disposer d’un appareil à long rayon d’action pour le faire voler sur des destinations classiques. Chez Tunisair, on répond d’emblée qu’il s’agit d’améliorer les conditions de vol grâce à des cabines plus confortables et des offres de divertissement à bord équivalentes aux autres transporteurs.
Cependant, l’idée d’une ligne Tunis-Montréal ne semble pas être abandonnée. L’échéance d’avril 2016 paraît la plus probable. Tunisair opèrera à raison de deux fréquences par semaine selon ses prévisions. Mais pour l’heure, la priorité est de développer les flux vers Tunis-Carthage en se basant sur la stratégie du hub. Autrement dit, faire de l’aéroport de la capitale un point de ralliement des passagers venant d’Afrique et se rendant vers l’Europe du sud ou le Moyen-Orient grâce au réseau de la compagnie.
Un avion idéal selon Airbus
Pour conforter la thèse de Tunisair, l’avionneur européen Airbus confirme que l’A.330-200 est un appareil idéal pour les lignes de point à point, d’autant plus qu’il est capable de couvrir tous les types de vols, du court au véritable long-courrier. D’ailleurs, et toujours selon Airbus, un nombre croissant d’utilisateurs de monocouloirs A.320 découvrent les avantages de passer à la catégorie supérieure avec le bi-couloirs A.330-200 « qui représente une alternative incontestable aux avions long-courriers de plus grande capacité, et leur permet de se développer ». Une théorie qui semble donc s’appliquer parfaitement à Tunisair qui dispose d’une flotte de monocouloirs A.320 et B737-600 après avoir retiré de sa flotte les vieux A.300-600 acquis d’occasion à la fin des années 90 et qui ont continué à voler jusqu’en 2014.
Quant à la motorisation choisie, il s’agit également d’une nouveauté pour Tunisair puisqu’elle opte pour le motoriste Rolls-Royce qui équipera tous ses A.330-200 de réacteurs Trend 700, réputés pour leur fiabilité, leurs performances et leur faible coût opérationnel. Chez Rolls-Royce, on avance que ce moteur équipe 650 appareils et a déjà totalisé 32 millions d’heures de vol sur les A.330 avec des performances environnementales et sonores exceptionnelles.
Pour la petite histoire, en 1961, les Caravelle de Tunisair étaient équipées de moteurs Rolls-Royce. Mais ensuite, la compagnie s’était rabattue sur un autre motoriste, en l’occurrence CFM. Quant à savoir combien a coûté l’Airbus A.330 de Tunisair, la discrétion sur ce point est en général de mise. Au prix catalogue, l’appareil vaut environ 250 millions de dollars, mais selon une source bien informée, Tunisair aurait réussi à négocier un prix très attractif. Impossible d’en savoir plus car une clause de confidentialité est signée dans ce genre de transaction entre l’acquéreur et son fournisseur. L’essentiel sera que Tunisair rentabilise son investissement.
H.H
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