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A Moscou, l’ambassade « interdit de parler de la Tunisie »

A Moscou, l’ambassade « interdit de parler de la Tunisie »

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Il s’appelle Lotfi Kebaier et fait partie de ces Tunisiens allés étudier en Russie à  la fin des années 80. Son diplôme d’ingénieur en chemin de fer en poche, il reste finalement sur place et ouvre un tour-opérateur qu’il nomme HTL, basé à  Saint-Pétersbourg, avec un bureau à  Moscou et une représentation à  Sousse.
Tant bien que mal, depuis la création de l’entreprise en 1992, il travaille sur la Tunisie et se donne corps et âme à  la promotion du tourisme dans son pays. Au début des années 2000, il avait réussi à  occuper jusqu’à  15% du marché touristique russe vers la Tunisie avec plus de 4000 clients réalisés en une année.

A l’heure où la Tunisie vient de vivre sa révolution, il maintient le cap contre vents et marées et tente d’assurer la visibilité de la destination auprès de ses partenaires et des médias russes. Aujourd’hui lundi, Lotfi Kebaier avait prévu d’organiser une conférence de presse à  Saint-Pétersbourg afin de rassurer le marché et de montrer que la révolution tunisienne est le signe de la maturité d’un peuple. « Face à  un office du tourisme tunisien et une ambassade tous les deux passifs, j’ai décidé d’apporter des réponses claires au marché et de l’informer sur la nature de notre révolution pour tranquilliser l’opinion ». Mais avant cela, il a contacté l’ONTT Moscou et l’ambassade pour demander des drapeaux de la Tunisie, des brochures, des statistiques diverses, des CD, etc. pour consolider son message.

Réponse de l’ONTT Moscou selon Lotfi Kebaier : « vous n’avez pas le droit de parler de la Tunisie et des Tunisiens, c’est l’ambassade qui doit le faire. De plus, vous devez recevoir l’accord du ministère du Tourisme avant toute initiative, déposer une liste des journalistes invités, etc. ». Samedi 22 janvier, le représentant de l’ONTT Moscou l’informe que l’ambassade a décidé d’organiser elle-même une conférence de presse…. au plus tôt début février 2011.

Conséquence : la conférence de ce lundi n’a bien-sûr pas pu avoir lieu et a du être reportée. Lotfi Kebaier a décidé de ne pas baisser les bras : « ils ont tout fait pour m’empêcher de communiquer mais je vais le faire quand même car la saison est menacée et chaque jour qui passe compte énormément ».

Persona non grata

Et pourtant, Lotfi Kebaier n’a pas remis les pieds en Tunisie depuis 2005 car son passeport lui avait été confisqué par l’ambassade de Tunisie à  Moscou lors d’une demande de renouvellement. En cause, un différent avec la compagnie aérienne Karthago Airlines, présidée à  l’époque par Belhassen Trabelsi, beau-frère du président déchu. « Certes, ma société passait à  cette époque par des problèmes financiers et je n’avais pas été en mesure d’honorer mes engagements financiers à  l’égard de la compagnie » reconnaît-il. « Mais avant même de me laisser le temps de renflouer ma société, de trouver un terrain d’entente sur un rééchelonnement de mes dettes, un procès m’était intenté en Tunisie où je suis aujourd’hui poursuivi par la justice ».
Lotfi Kebaier est aujourd’hui décidé à  ne pas baisser les bras et à  s’expliquer clairement face à  la justice de la Tunisie de l’après révolution et s’en remettre à  la décision qui sera prise dans le strict respect de la loi.
Il ne peut s’empêcher de rappeler à  qui veut bien l’entendre qu’il a été à  l’origine des efforts réalisés en faveur de la suppression du visa pour les touristes russes venant en Tunisie. Il ne manque pas de rappeler également qu’il avait fait toutes les démarches administratives nécessaires pour permettre à  la compagnie Karthago Airlines de pouvoir opérer sur la Russie, « cette compagnie qui est aujourd’hui à  l’origine de mon blocage en Russie depuis plus de 5 ans ».

J.R
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