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Tunisie destination-santé : les déboires d’un secteur pourtant performant

Tunisie destination-santé : les déboires d’un secteur pourtant performant

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En cette période de vaches maigres où les indicateurs du tourisme sont en continuelle régression et où plusieurs pays européens et américains ont coupé les ponts touristiques avec la Tunisie, le tourisme de santé constitue une lueur d’espoir dans ce sombre tableau. Hélas, tous les efforts fournis durant ces dernières années par les professionnels n’ont pas fait avancer les choses d’une semelle et n’ont pas pu forger cette image reflétant les performances réelles du secteur et des acteurs de la santé. Dans la liste des obstacles figurent surtout l’absence de coordination, les problèmes liés à l’obtention du visa, ainsi que les insuffisances liées aux liaisons aériennes entre la Tunisie et les pays africains.

Le 4 mars, à l’occasion du salon Tunisia Health Expo qui s’est déroulé au Parc des Expositions du Kram, le Cepex (Centre de promotion des exportations) a remis ce sujet sur le tapis en invitant les différents intervenants dans le secteur de la santé. En présence du ministre du Commerce, Mohsen Hassen, de la P-d.g. du Cepex, Aziza Htira, des représentants du ministère de la Santé et du secteur privé de la santé, ainsi que certains ambassadeurs africains, les intervenants ont essayé de mettre le doigt sur le mal et d’identifier les obstacles empêchant de faire de la Tunisie une destination santé et faire prévaloir ses compétences, notamment à l’échelle africaine.

Secteur performant, mais…

Le diagnostic de l’état du secteur de la santé délivré par Samar Samoud, conseillère auprès du ministre de la Santé, a démontré qu’il s’agit d’un domaine complet et performant en Tunisie qui occupe la 4e place dans le classement de la région MENA grâce à des services de médecine pointus (niches d’exportation), une industrie  pharmaceutique développée, un système de formation dans les métiers de la santé solide et réputé et une filière santé qui s’appuie sur une demande nationale vaste et sophistiquée.

A cela s’ajoutent des exportations de services en croissance. La Tunisie est le premier exportateur de services de santé sur l’ensemble Afrique et Moyen-Orient avec un volume d’affaires s’élevant à 490 millions de dinars en 2013. Cette position a été confirmée par le docteur Boubaker Zakhama, président de la Fédération nationale de la santé, qui a mis en exergue le niveau élevé du personnel qui y travaille. Cela se traduit par le nombre d’étudiants étrangers (26.000) choisissant la Tunisie pour y poursuivre leurs études en médecine et le taux de satisfaction élevé estimé à 94%.

En 2013, 400.000 patients étrangers ont choisi  la destination pour se faire soigner. Les revenus des prestations des services de tourisme liés à la santé enregistrés en 2013 ont atteint 1.062 millions de dinars.  Le secteur a contribué, en outre, à créer 23.500 postes d’emploi dans les services de tourisme.

Attractivité internationale déséquilibrée

A vrai dire, toutes ces performances cachent une réalité bouleversante : les recettes générées par les exportations des services de santé ou celles payées par les personnes qui viennent se faire soigner en Tunisie sont peu significatives par rapport au potentiel réel du secteur et aux opportunités existantes sur le marché africain. Tous les professionnels s’accordent à dire que les potentiels de développement sont énormes et qu’il y a encore du pain sur la planche pour pouvoir conquérir le marché africain.

Mais l’image véhiculée jusque-là ne sert pas un développement solide et d’avenir. Les raisons ? D’après Samar Samoud, cette défaillance se justifie, surtout par l’absence d’une stratégie d’attractivité internationale de la destination, une offre peu différenciée, une communication éparpillée, une concurrence régionale de plus en plus agressive, une communication non contrôlée et brouillée par de multiples intervenants non coordonnés, l’absence de structure de coordination et de politique publique dans le secteur et aux insuffisances qualitatives et quantitatives des services et prestataires complémentaires aux services de santé.

Evoquons, dans ce cadre, les liaisons aériennes directes avec les pays africains ayant besoin d’être renforcées et l’absence de services spécifiques de transferts, d’accueil et d’hébergement pour les patients étrangers. Il s’agit, encore, de réduire la dépendance au marché libyen, vu les risques qui entourent ce marché actuellement. En raison de la forte dépendance du marché libyen plaçant la Tunisie à la première place de destination en matière de service de santé, les intervenants ont préconisé de s’ouvrir davantage sur le marché africain selon une stratégie de partenariat, surtout que certains pays comme le Soudan et la Côte d’Ivoire sont prêts à accueillir les Tunisiens à bras ouverts. Chose confirmée par l’ambassadeur de Côte d’Ivoire et par le secrétaire général du Conseil national des Médicaments du Soudan, lors de la conférence.

Supprimer les complications liées au visa

Néanmoins, cette ouverture sur ces marchés requiert, avant tout, de renforcer le transport aérien et d’accorder plus facilement le visa d’entrée. Parmi les points soulevés aussi, la construction de liens pérennes et structurels entre le système de santé tunisien et des pays cibles, l’investissement dans le secteur de santé dans les pays d’Afrique et l’amélioration des services d’accueil et de transfert à l’aéroport, ainsi que la mise en place des services d’assurance-voyage.

Les services de séjour spécifiques représentent, pour leur part, un autre champ de bataille puisque l’image de la destination dépend non seulement de la qualité des soins, mais de la qualité de l’ensemble des composantes de la chaîne de valeur. En tout cas, pour arriver à des résultats performants et engager un processus optimal, les intervenants ont appelé à engager une démarche participative avec les différents intervenants qui doit impacter un partenariat public-privé et l’obligation de passer d’une logique d’exportation à une logique de compétitivité internationale de services de santé.

Kemel Chebbi

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