Tozeur : qui se souvient encore de Dar Cherait ?
22 mars 2012A Tozeur, portes closes et touristes dépités. Alors que la saison touristique bat son plein à l’occasion des vacances scolaires, l’hôtel Dar Cherait ainsi que les attractions qui en dépendent restent désespérément fermés et ce depuis le mois de janvier 2011 au grand dam des visiteurs de la région. Idem pour le parc d’attractions Chak Wak, situé dans la palmeraie. Celui-ci a certes été victime d’un incendie il y a quelques mois (lire ) mais seule une petite partie aurait réellement été endommagée.
Sur le plan social, le personnel (150 personnes environ) –en chômage technique jusqu’en octobre 2011- se dit désappointé et s’est tourné aujourd’hui vers les prud’hommes.
Abderrazek Cherait, patron des lieux, aurait quitté la ville pour s’installer à Tunis, loin du tumulte du Djérid. En fait, la crise à Dar Cherait couvait bien avant la révolution. Salaires non versés, climat social tendu, personnel en grève…. Il n’en fallait pas plus pour que le propriétaire congédie ses deux directeurs généraux (celui de l’hôtel et celui du musée) et ferme son hôtel et les attractions s’y rattachant, arguant de problèmes financiers insolubles, notamment avec les banques (on parle d’un endettement ayant atteint 20 MD pour un emprunt initial de 7 MD).
Au sein de la filière touristique tunisienne, personne n’a cependant oublié la « sortie » de Abderrazek Cherait à la TV au lendemain de la révolution. Sur Nessma TV et lors d’un débat sur le devenir du tourisme, celui-ci avait plaidé en faveur d’un effacement de la dette des hôteliers, occultant les vrais problèmes du tourisme dans une Tunisie à l’époque encore sous couvre-feu et qui avait pour priorité absolue de rassurer tout d’abord ses touristes et ses prescripteurs de voyages. Mais de toute évidence, le concerné était déjà au bord du gouffre.
Personne pour s’en soucier
Aujourd’hui, l’affaire est totalement dans l’impasse. Même le site Internet du groupe www.darcherait.com.tn est désormais désactivé. Bien que le tourisme donne de réels signes de reprise dans la région du Sud-Ouest, personne pourtant ne semble accorder le moindre intérêt à ce dossier qui vire au tragique. Car le musée Dar Cherait à lui tout seul est une institution. C’est un monument du patrimoine culturel tunisien. Il appartient certes à un particulier mais il constitue une pièce maîtresse du tourisme culturel à Tozeur, ville qui a tant besoin de diversifier son offre touristique locale. Mais qui se soucie aujourd’hui du destin de Dar Cherait ? Ni l’administration du Tourisme, ni le ministère des Affaires sociales, ni la Banque centrale de Tunisie n’ont véritablement pris l’initiative d’ouvrir le dossier et de trouver une solution à la crise.
Incontestablement, il faut sauver Dar Cherait. Premier musée privé tunisien, il a été fondé en 1990 par Abderrazek Cherait qui a longtemps occupé le poste de maire de la ville de Tozeur (1995-2008) et réputé pour avoir été un mécène et un fervent défenseur des arts et du patrimoine ainsi que du tourisme culturel. Les banques auront-elles raison de ce fleuron touristique dont le rayonnement va sans aucun doute bien au-delà de la région du Djérid ?
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