Tourisme : la grève de trop dans les hôtels et les agences de voyages ?
1 novembre 2011Le 1er novembre a été décrétée journée de grève générale des employés du secteur de l’hôtellerie et des agences de voyages. Ainsi en a décidé le syndicat UGTT. Malgré les dernières tractations intervenues tout au long de la journée d’hier entre la partie syndicale et les deux fédérations professionnelles, la FTH pour les hôtels et la FTAV pour les agences de voyages, aucun compromis n’a pu être trouvé, chaque partie campant sur ses positions.
Du côté de la centrale syndicale, on estime qu’il n’est pas normal que tous les secteurs affiliés à l’UTICA aient signé des conventions sur des augmentations de salaires sauf celui du tourisme. Par conséquent, la revendication porte sur une augmentation immédiate des salaires de 4,5% avec effet rétroactif au 1er mai 2011.
Du côté des fédérations professionnelles du tourisme, on rappelle, premièrement, que l’hôtellerie et les agences de voyages ne dépendent pas de l’UTICA. En second lieu, elles soulignent avoir annoncé leur disposition à entamer les négociations salariales, mais à condition que les augmentations n’entrent en vigueur qu’à compter de 2012, c’est à dire quand la situation du secteur se sera améliorée (lire notre article à ce sujet). Les professionnels du tourisme estiment en effet que leur chiffre d’affaires a reculé de plus de 50% en 2011 par rapport à l’année précédente et qu’il est par conséquent très inadéquat que le mouvement de grève intervienne justement au moment où l’on constate un timide retour de la clientèle touristique étrangère ces derniers jours à l’occasion des vacances dites de la Toussaint en Europe. « Après tout le mal qu’on s’est donné pour ramener la confiance auprès de nos tour-opérateurs partenaires, voilà que nos efforts vont être anéantis par nos propres employés » a déploré un directeur général d’hôtel de Yasmine Hammamet.
Menaces de blocus
Pire encore, certains employés d’agences de voyages auraient brandi la menace d’accompagner la grève d’un blocus de certains hôtels pour empêcher les touristes d’en sortir. Le cas échéant, de telles pratiques tomberaient sous le coup de la loi et auraient de graves conséquences pour les instigateurs. Cependant, il s’agit de cas très isolés car plusieurs salariés ont d’ores et déjà indiqué qu’ils étaient contre toute participation à la grève. Bien qu’il soit difficile de faire des estimations, il est certain que le mouvement ne sera pas suivi par tous, loin s’en faut.
Du côté de la FTAV, on s’étonne du ton adopté lors des négociations et de l’intransigeance affichée par la partie syndicale qui a refusé de céder ne serait-ce que sur une proposition de report de la grève. Mohamed Ali Toumi, président de la fédération, s’est dit dépité : « la révolution s’est faite pour créer de nouveaux emplois et non pas pour cesser de travailler » s’est-il insurgé. Car selon les estimations, l’augmentation de 4,5% exigée par les syndicats pourraient participer à la création de 120.000 nouveaux emplois dans le tourisme si le montant équivalent était réinjecté dans la promotion.
Ce 1er novembre, certains hôtels devraient par conséquent connaître une journée difficile, mais nombre de patrons demeurent confiants en la majorité de leur personnel, considérant que jamais ils n’agiront contre les intérêts de leur propre gagne-pain. Du moins, ils osent le croire.
Laisser un commentaire