Statistiques du tourisme : ces chiffres qui ne surprennent personne
4 avril 2011Les dernières statistiques officielles du tourisme confirment ce à quoi tout le monde s’attendait : la Tunisie a perdu 42,9% de ses entrées touristiques depuis le début de l’année 2011. A la date du 20 mars, ce sont officiellement 525.704 non-résidents étrangers qui ont été comptabilisés aux frontières (réfugiés à Ras Jédir non compris). Il y a un an à la même époque, la destination avait déjà totalisé 13% de ses arrivées avec 920 mille touristes. Evidemment, entre 2010 et 2011, nulle comparaison n’est possible tellement la conjoncture est différente.
Grosso modo, tous les marchés ont vu leurs réalisations divisées par deux, sinon plus dans certains cas. C’est ainsi que les Français par exemple ont été 48% moins nombreux que l’année dernière à la même époque. Les arrivées italiennes ont baissé, elles, de 40 % et celles en provenance de Belgique de 32%. Dans le même temps, le marché anglais a reculé de plus de 57% et celui de Suisse de 58%. Mais ce sont les marchés allemand, espagnol et tchèque qui semblent avoir été les plus affectés par la nouvelle conjoncture tunisienne. Au 20 mars, le marché allemand enregistrait -69,1%, l’Espagne -76%, la Tchéquie -79% et les pays scandinaves -84% ! En définitive, les arrivées européennes ont régressé de 54,1% avec un total de 151.398 arrivées de non-résidents, chiffre qui prend également en considération les centaines de journalistes étrangers venus en Tunisie non pas pour faire du tourisme mais pour raisons professionnelles.
Le Maghreb plus affecté que l’Europe
La révolution tunisienne, suivie quelques semaines après par le déclenchement de la guerre en Libye, ont provoqué une très importante baisse des arrivées en provenance de ce pays, naguère premier pourvoyeur de touristes sur la Tunisie. Entre le 1er janvier et 20 mars 2011, le marché libyen a chuté de 63% et celui d’Algérie de 35%.
La situation exceptionnelle que traverse le tourisme tunisien se reflète également sur les nuitées hôtelières. Depuis le début de l’année, elles ont baissé considérablement mais à différents degrés selon les régions. A Tunis-ville, elles ont régressé de 49%, à Gammarth de 45%, à Nabeul et Hammamet de 61% et à Yasmine-Hammamet de 59%. En descendant vers le Sahel, les chiffres ne sont pas plus reluisants. Les nuitées ont chuté de 67% à Sousse, de 65% à Monastir et autant à Mahdia. A Djerba, elles ont été réduites de moitié avec une baisse de 52,4%. Il est cependant à noter que ces taux prennent en considération les réalisations des dix premiers jours de janvier, soit juste avant la chute du régime, durant lesquels les nuitées avaient progressé de 3,3%.
Au niveau des recettes touristiques également, après une progression de 5% au cours de la première dizaine de janvier, elles ont reculé de 48% à la date du 20 mars 2011 avec 263 millions de dinars contre 452 millions à la même époque en 2010 et 508 millions en 2009.
Les espoirs portent maintenant sur une reprise même modérée des flux touristiques européens d’autant que la majorité des pays émetteurs ont aujourd’hui levé les restrictions de voyages sur la Tunisie. Reste que l’incertitude quant à l’évolution de la situation demeurera tant qu’un retour à la sécurité totale ne pourra être assuré. Par ailleurs, les événements de Libye ne participeront pas à la reprise normale du tourisme en Tunisie de sitôt.
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