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Au Sommet arabe de l’aviation, l’Open Sky fait débat entre les pro- et les anti-libéralisation

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A la veille de la signature par la Tunisie des accords d’Open Sky avec l’Union européenne, le sujet fait également polémique notamment au Moyen-Orient comme l’a confirmé le dernier Sommet arabe de l’aviation placé sous le thème « Enjeux et opportunités de la transformation du secteur de l’aviation civile dans le monde arabe ».

Il n’y a pas qu’en Tunisie où le thème de l’Open Sky suscite les passions. Dans le monde arabe en général, la question fait couler beaucoup de salive dans les milieux du transport aérien. Le 7e Sommet arabe de l’aviation qui vient de se dérouler à Dubaï l’a une nouvelle fois confirmé. Le débat lors de cette rencontre, qui se tient chaque année dans un pays arabe différent, a apporté une nouvelle fois la preuve que la question divise et que les avis sont très contradictoires entre les pro- et les anti-Open Sky. Dans cette région du proche et du Moyen-Orient, la position des Etats varie d’un extrême à un autre. Le trafic aérien est, par exemple, libéralisé à Dubaï, au Liban, ainsi que sur certains aéroports régionaux en Egypte (Le Caire n’est pas en Open Sky) et en Arabie Saoudite.

Cheikh Ahmed Ben Saeed Al Maktoum, (président de l’Autorité de l’aviation civile émiratie et également président d’Emirates) avec, à sa gauche, Adel Al Ali (Air Arabia) et Samir Al Darabi (directeur de l’UNIC pour les Etats du Golfe) à sa droite.

Quatre transporteurs pour un pays

Aux Emirats Arabes Unis, ce sont pas moins de 4 compagnies aériennes qui opèrent sous un pavillon national commun dont deux majors, Emirates (Dubai) et Etihad (Abou Dhabi) et deux low cost, Fly Dubai et Air Arabia (qui a fait de Sharjah sa base opérationnelle). Pour Adel Al Ali, le président-directeur général de cette dernière, « le secteur du transport aérien est plein d’enthousiasme, c’est une industrie étroitement liée aux défis économiques, à la technique, aux technologies de l’information lesquelles vont changer notre façon de travailler à l’avenir » a-t-il rappelé à l’ouverture du Sommet.

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Adel Al Ali, le président d’Air Arabia, à l’ouverture du Sommet arabe de l’aviation.

Le premier responsable d’Air Arabia a par ailleurs souligné que le transport aérien à l’horizon 2020 atteindra les 7 milliards de passagers transportés et que la moitié de ce chiffre concerne le monde arabe, ce qui constitue pour lui une opportunité de consolider son infrastructure de base mais aussi de s’adapter aux attentes des générations futures en matière de voyage.

Et c’est ensuite par Al Ali que le ton a été donné pour ce qui concerne l’Open Sky. Celui-ci a en effet lancé le débat à la fin de son intervention en insistant sur le levier économique que constitue le transport aérien, soulignant que le secteur n’était pas propice au protectionnisme. « C’est une industrie ouverte qui doit être libéralisée car elle participe à la croissance des Etats, d’où l’importance de l’améliorer notamment dans les pays arabes » a-t-il lancé à l’assistance.

Une vieille connaissance du tourisme tunisien plaide contre l’Open Sky

La dernière fois que nous l’avions rencontré, c’était à Tunis au tout début de l’année 2001. A l’époque, Stefan Pichler était le grand manitou du groupe Thomas Cook dans sa version allemande, premier tour-opérateur fournisseur de touristes à la Tunisie au départ du marché allemand. Aujourd’hui, on le retrouve aux commandes de Royal Jordanian, la compagnie publique du royaume hachémite, avec le titre de CEO (président-directeur général). Sauf que Pichler est appelé aujourd’hui à défendre les intérêts d’une compagnie nationale et s’est vu chargé d’une mission particulière, celle de la redresser dans un environnement géopolitique particulièrement instable, mais surtout ultra-compétitif. L’ex-patron de Thomas Cook s’est bien évidemment ouvertement rangé dans le camp de ses employeurs. Invité à intervenir au Sommet arabe de l’aviation, il n’a pas caché sa crainte par rapport à la conjoncture qui sévit dans la région et à la question de l’Open Sky qui se pose avec acuité. « Ici au Moyen-Orient, la concurrence est un sujet particulièrement difficile » a-t-il admis. « L’Open Sky n’est pas facile à mettre en  place pour un Etat parce que cela nécessite d’abord du temps, mais cela entraine aussi des conséquences comme la limitation des emplois » a-t-il ajouté, sous-entendant que l’Etat jordanien n’était pas disposé à libéraliser le trafic aérien. Pichler a par ailleurs soutenu que pour les compagnies publiques, chaque dollar dépensé devait rapporter au moins 50% en valeur ajoutée locale. « Si on offre cette valeur ajoutée à une autre compagnie, c’est une perte pour l’Etat ».

« Le protectionnisme, un mal pour l’aérien »

A contrario, Abdul Wahab Teffaha, secrétaire général de l’AACO (Organisation des transporteurs aériens arabes), présent lui aussi au Sommet de l’aviation, a implicitement raillé les dirigeants des compagnies aériennes arabes. « Au cours de ma carrière, j’ai entendu beaucoup de belles paroles venant de ceux qui disent oui à l’Open Sky mais qui rechignent à le mettre en place au prétexte que ce n’est pas facile » a-t-il déclaré, soulignant que le protectionnisme n’était en aucun cas profitable à quiconque et le qualifiant de véritable « mal » pour les compagnies aériennes. « Et pourtant, s’est-il insurgé, le trafic aérien doit être le moteur de l’intégration et de la croissance économiques ».

Citant en exemple le cas de Dubaï, Teffaha a mis en exergue « l’expérience mise en place depuis 15 ans qui n’est pas seulement celle de créer une ville mais de créer une culture et une dynamique économiques grâce à un gouvernement ouvert et libéral quand il s’agit d’investissements ». Son message au Sommet de Dubaï, marqué par la présence du Cheikh Ahmed Ben Saeed Al Maktoum, (président de l’Autorité de l’aviation civile émiratie et également président d’Emirates) était on ne peut plus équivoque à l’endroit des Etats arabes et de leurs compagnies aériennes : « oubliez le protectionnisme dont les conséquences sont néfastes car il tue l’économie » a-t-il lancé.

Un avis relayé par Ghaith Al Ghaith, président de Fly Dubai (photo ci-dessus) qui a ouvertement appelé à revoir les lois régissant le transport aérien dans le monde arabe. Fly Dubai qui a développé pour sa part un modèle économique low cost qui lui est propre. « Il n’existe pas de modèle low cost standard, a-t-il expliqué. C’est une culture à développer et chaque dirham investi doit rapporter. Aux USA et en Europe, il existe un grand potentiel pour les low cost; dans notre région, c’est celui des travailleurs pour lesquels nous devons élargir les offres tout en faisant payer les services à la demande ». Un modèle qui se porte de toute évidence à merveille puisque la compagnie a annoncé il y a moins d’un mois avoir lancé une commande pour 175 Boeing 737 MAX et pris une option pour 50 appareils supplémentaires. De quoi donner le tournis à plusieurs compagnies traditionnelles ailleurs dans le monde arabe.

Hédi HAMDI

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