Rapprochement touristique avec l’Iran : prometteur, mais…
11 décembre 2015Un programme de coopération triennal signé entre le ministère du Tourisme et le vice-président iranien pour renforcer les flux touristiques entre les deux pays.
En ces moments de crise qui frappe de plein fouet le tourisme, les malheurs du secteur ne viennent pas uniquement de la question sécuritaire. La dépendance démesurée au marché européen constitue, bien entendu, un autre maillon faible empêchant l’envol du secteur dans notre pays.
Le ministère du Tourisme est, aujourd’hui, tenu de changer son fusil d’épaule, en diversifiant les marchés cibles et ses produits, ainsi que de prospecter les marchés lointains, en mettant en place de nouveaux ponts facilitant l’échange et les déplacements.
Dans cette optique, le ministère du Tourisme a pris l’initiative de se rapprocher du marché iranien. En présence du vice-président iranien chargé du tourisme, Massoud Soltani-Far, la ministre du Tourisme, Salma Elloumi Rekik, l’ambassadeur iranien en Tunisie, Mustapha Bouroujerdi, le président de la FTAV (Fédération tunisienne des agences de voyage), Mohamed Ali Toumi, le président de la FTH (Fédération tunisienne de l’hôtellerie), Radhouane Ben Salah, ainsi que des représentants des deux départements du Tourisme, les deux parties, tunisienne et iranienne, ont signé aujourd’hui à Tunis un programme de coopération triennal comptant 11 articles portant sur l’investissement dans le tourisme, l’amélioration des flux touristiques dans les deux sens, l’accompagnement des agences de voyage dans l’élaboration de programmes touristiques communs, l’échange d’expertise et la participation aux manifestations et salons du tourisme se déroulant dans les deux pays. Ce programme de coopération a été signé à l’occasion de la 5ème session de la commission mixte tuniso-iranienne.
Vols directs Tunisie-Iran à partir de la deuxième moitié de 2016
Selon Mme Rekik, en 2015, 1.500 touristes iraniens sont entrés en Tunisie, contre 5.000 en 2010. « Nous espérons que ce nombre atteindra 10.000 en 2016 », ajoute-t-elle. Pour sa part, le vice-président iranien a considéré que le principal problème à résoudre dans la prochaine étape, c’est l’absence de vols directs entre les deux pays. Les ressortissants des deux pays doivent passer par la Turquie pour aller en Tunisie ou en Iran. Pour cela, les deux parties sont déterminées à créer une ligne aérienne directe. « Nous allons inciter les compagnies aériennes iraniennes et tunisiennes à mettre en place leurs vols directs, en leur facilitant toutes les autorisations et les procédures requises. De ce fait, nous pensons que le premier vol direct sera lancé à partir de la deuxième moitié de l’année 2016 », estime-t-il.
Le touriste iranien aime la vie et la culture
Pour Mohamed Ali Toumi, les Iraniens sont ouverts et aiment la vie et la culture, contrairement à ce que pensent certains parmi nous. Autrement dit, ils représentent une haute gamme de touristes. Ce qui requiert de leur offrir un service de bonne qualité avec un prix abordable. « Cela ne signifie en aucun cas qu’on devrait tomber dans le bradage, mais il faut, quand même, préserver un rapport qualité-prix attrayant et raisonnable. Je pense, par ailleurs, que ce marché regorge d’opportunités, non seulement pour les professionnels du tourisme, mais aussi pour les échanges commerciaux », développe-t-il.
Quant aux agences de voyage iraniennes qui travaillent sur la Tunisie, le président de la FTAV a souligné qu’elles ne sont pas nombreuses. Il s’agit de quatre ou cinq agences seulement. De ce fait, notre pays n’est pas connu sur le marché iranien. Ce qui nécessite un grand travail de communication pour y faire connaître la destination tunisienne.
Le touristique rime avec le commercial
En parallèle des travaux de la 5ème session de la commission mixte tuniso-iranienne, un workshop a été organisé entre les agences de voyage tunisiennes et celles iraniennes dans le but d’échanger les informations relatives aux deux destinations et d’établir des partenariats entre les deux parties.
Ce premier contact a permis aux représentants des agences de voyage tunisiennes de se faire une idée sur le profil du touriste iranien et les problèmes à résoudre. Selon Ramine Benzakour, patron de Malik Voyages, un Iranien qui vit en Tunisie a considéré que le premier frein devant l’arrivée des Iraniens en Tunisie, c’est l’absence de vols directs entre les deux pays.
« Les agences de voyage iraniennes espèrent, aussi, recevoir des touristes tunisiens. Ce qui est difficile, puisque le Tunisien n’a pas les moyens pour y aller. Dans le meilleur des cas, nous pourrions mobiliser entre 100 et 200 voyageurs par an. Par contre, les agences de voyage iraniennes ont la capacité d’envoyer 40 ou 50 charters par an en Tunisie. Avec ce déséquilibre, il serait difficile d’établir des vols directs entre les deux pays, car pour que le vol soit rentable, il faut éviter les retours à vide des avions. Sinon, il sera nécessaire de développer le commercial, afin de pouvoir remplir les avions», explique-t-il.
Le Nouvel an perse, la période où les Iraniens voyagent plus
Il est à noter, par ailleurs, que la fête de Norouz, nouvel an perse, à partir du 21 mars de chaque année, est la période où les Iraniens voyagent plus. En effet, les acteurs du tourisme tunisiens, intéressés par ce marché, sont tenus de se mobiliser durant cette période-là, afin de faire venir le plus grand nombre possible de touristes iraniens. De ce point de vue, le lancement de vols après le mois de mars serait injustifié et irréfléchi, selon certains représentants des agences de voyage tunisiennes. Certains d’entre eux préfèrent lancer les vols directs entre les deux pays avant le mois de mars.
©Destination Tunisie
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