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Pourquoi l’Africa est-il encore fermé

Pourquoi l’Africa est-il encore fermé

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Ce ne sont pas les derniers événements qui se sont déroulés sur l’avenue Habib Bourguiba qui sont en cause, mais l’hôtel Africa à  Tunis est bel est bien fermé depuis maintenant près d’une quinzaine de jours suite à  un mouvement de grève de la quasi-totalité de son personnel qui exige la revalorisation des salaires et la titularisation des contractuels. Le directeur général de l’hôtel et quelques chefs de département ont inévitablement eu droit à  la désormais célibrissime formule « dégage ».

Le cas de l’Africa n’est pas exceptionnel dans le nouvel environnement socio-politique de la Tunisie post-révolutionnaire. Sauf qu’il intervient au sein d’un établissement mythique de catégorie 5 étoiles, qui se situe sur la principale artère de la capitale tunisienne et qui appartient au premier groupe hôtelier tunisien par sa taille, le groupe El Mouradi, l’un des premiers employeurs du pays. Certes, nulle entreprise ne peut aujourd’hui prétendre être à  l’abri d’un quelconque mouvement social, sauf que dans le cas d’espèce, la direction générale de l’Africa n’en démord pas et accuse les grévistes, qui siègent au sein même de la réception de l’hôtel, «d’égoïstes faisant du chantage pour des fins illégitimes». La direction du groupe est allée encore plus loin en rendant publique la grille des salaires et avantages des employés grévistes (en gardant seulement leurs initiales), selon le poste occupé, pour démontrer que leurs rémunérations sont conformes à  la convention collective du secteur.

Dans un communiqué dont DestinationTunisie.info a obtenu une copie, le groupe El Mouradi, contrairement à  d’autres opérateurs hôteliers de la place, semble totalement inflexible face au mouvement qu’il dénonce avec une vigueur peu commune : «Ces contestataires ont un emploi, un salaire au-dessus de la moyenne nationale, et supérieur aux salaires prévus par la loi. Ils bénéficient tous des augmentations légales de salaire du 1er mai, et parfois d’augmentations de fin d’exercice. Ils disposent d’une assurance maladie et d’une cotisation pour la retraite, des deux primes semestrielles de rendement, d’une assurance complémentaire optionnelle, d’une restauration gratuite et bénéficient de prêts personnels, d’avances sur salaires, de cadeaux de fin d’année, de prêts pour l’aïd, de dons et prêts pour la rentrée scolaire, parfois de logement de fonction et même de primes supplémentaires Et malgré tout cela, ils prétendent être privés de leurs droits et que leur dignité est bafouée».

Pour ne pas arranger les choses, plusieurs grévistes se sont exprimés devant les caméras de télévision pour demander une amélioration, peut-être légitime de leurs conditions, mais en proférant des accusations parfois graves à  l’égard de leur employeur. La contestation a également été relayée sur le réseau Facebook qui a été le théâtre de commentaires quelquefois à  la limite de la décence et de la morale. Quant aux non-grévistes, ils auraient subi des menaces de leurs collègues, parfois physiques.

En se penchant sur les revendications des grévistes, on constate, outre les demandes d’augmentations, que les exigences de titularisation concernent même les nouvelles recrues. D’autres contestataires ont un autre genre d’exigence : ils demandent à  être raccompagnés chez eux après le travail ! D’autres encore se plaignent de n’avoir pas pu obtenir de crédits auprès de leur banque…

La direction générale s’est vue signifier par les grévistes que dans le cas où leurs revendications n’aboutiraient pas, «l’hôtel serait saccagé avec l’aide de leurs copains de quartier».

L’Africa emploie environ 200 salariés directs et 700 indirects. La situation actuelle laisse présager des jours difficiles pour toutes les parties en présence.

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