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Ce que le PDG de Tunisair a révélé à la TV

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Ses apparitions médiatiques sont extrêmement rares depuis sa nomination à la tête de la compagnie aérienne nationale fin décembre 2016.

Mais pour faire face à la tempête de critiques que traverse Tunisair, son PDG, Elyès Mnakbi, a finalement pris la parole en effectuant une sortie sur la chaîne Nessma TV le 5 septembre courant avec une présence sur le plateau de l’émission Ness Nessma en direct.

L’animateur, Hassen Belwaer et le chroniqueur Sofiène Ben Hamida ont été sans complaisance et ont, sans détour, pointé du doigt tout d’abord les énormes retards de vols enregistrés au cours de la dernière période, citant comme preuve le site AirHelp qui aurait, entre le 14 juillet et le 14 août, recensé 1140 vols effectués par le transporteur national dont 1135 étaient en retard avec une moyenne d’1h38.

Période très difficile

Imperturbable, le PDG du groupe Tunisair avait de toute évidence fait le choix de la transparence, à tel point que certains détails et chiffres avancés durant son interview ont surpris les observateurs. « Tunisair passe par une période très difficile » a-t-il avoué d’emblée, soulignant en premier lieu la vétusté de la flotte et évoquant « des avions ayant 27 ans, d’autres 15 ans d’âge » qui nécessitent des « doubles et triples checks pour préserver la sécurité des passagers ». « Je dis aux passagers, excusez-nous pour le retard, mais la sécurité à Tunisair est une ligne rouge. Je dis aux passagers, insultez-moi, insultez mes parents, je vous transporte en retard mais je vous amène et je vous ramène sans problème (labès dans l’interview en arabe) ».

Pour expliquer la situation qui prévaut, le PDG de la compagnie a affirmé « qu’avant la révolution, Tunisair était une société; après la révolution, c’est devenu une autre société. Avant la révolution, elle assurait sa mission de la meilleure manière et en était arrivée à donner au gouvernement 600 milliards. Aujourd’hui, Tunisair est redevable de 600 milliards cumulés ces 7 dernières années ».

« Ce n’est pas facile de gérer Tunisair vu les moyens dont elle est dotée. Je ne dirai pas ingérable mais très difficile à gérer » a-t-il concédé.

Entre l’année dernière et cette année, la taille de la flotte est demeurée la même malgré une activité en croissance de 25% (chiffre d’affaires) et de 14% (passagers transportés) a indiqué Mnakbi qui a annoncé la location de 6 appareils.

Entretien technique des appareils

L’animateur de Nessma TV a ensuite évoqué les problèmes techniques rencontrés par les appareils dont certains seraient à l’arrêt et s’est interrogé sur la raison ayant conduit à cette situation. Sans détour, Elyès Mnakbi a déclaré que la cause était d’ordre financier. « Avant, Tunisair disposait d’un grand stock de pièces de rechanges qui évitaient de tomber en panne. Maintenant, nous n’avons plus de crédibilité avec nos fournisseurs à l’étranger et nous ne pouvons plus acheter de pièces de rechanges quand il faut. Auparavant, nous achetions nos pièces 4 ou 5 mois à l’avance avec un prix donné, désormais, nous les achetons à 5 ou 6 fois leur prix car il n’y a plus de confiance entre le fournisseur et Tunisair ». Malgré tout, le premier responsable du groupe a tenu à indiquer que « beaucoup de choses étaient en train de changer et que les fournisseurs reprenaient confiance. ».

Elyès Mnakbi a affirmé que la compagnie assurait actuellement 150 vols par jour alors qu’elle n’était pas en mesure de faire plus de 50 vols par jour. Il a admis qu’il faisait face à des considérations sociales, politiques et que certaines lignes étaient opérées à perte, indiquant par ailleurs n’avoir pas été en mesure de répondre à 50% des demandes en vols charters par manque de moyens « malgré la pression du ministère du Tourisme » a-t-il admis.

Nouvelle stratégie en route

Sur un autre plan, il a affirmé que les 4 plans de redressement mis en place étaient tous tombés à l’eau.  » Nous avons un nouveau plan que nous sommes en train d’appliquer  » indiquant que désormais, toutes les nouvelles études étaient confiées aux « enfants de la société », autrement dit en interne et sans avoir recours à des cabinets extérieurs qui ne prennent pas en considération les spécificités de la compagnie. « Nous avons une nouvelle étude qui n’a rien coûté sinon en temps faite par les compétences de Tunisair que nous avons soumise à notre conseil d’administration et que nous allons proposer à la présidence du gouvernement, un regard nouveau pour une nouvelle Tunisair ».

Le PDG de la compagnie a laissé entendre qu’à l’avenir, Tunisair n’achètera plus d’avion mais optera pour la formule de la location, ce qui lui reviendrait moins cher. « Nous avons réalisé une étude qui a montré qu’en louant un avion pendant 10 ans, cela permet d’économiser 30% de son prix » (par rapport au neuf ndlr).

Passagers mystères

Elyès Mnakbi a indiqué que depuis sa prise de fonction, il a tenté de sensibiliser le personnel de la compagnie sur la situation qui est, a-t-il dit, le résultat d’un cumul de problèmes. Il a également affirmé que des passagers avaient été « infiltrés » pour obtenir des comptes-rendus sur d’éventuels dépassements. « Nous sommes des hommes de terrain et réalisons des inspections à tout moment et nous ne restons pas dans nos bureaux » a -t-il dit.

Evoquant la situation de la filiale Tunisair Handling, le PDG a déclaré qu’à une époque, celle-ci dégageait 20 à 30 milliards par an mais que désormais, sa masse salariale avait atteint 130% de son chiffre d’affaires suite à la titularisation de tous les bagagistes de sous-traitance après 2011 dont certains revendiquent le droit de rester dans des bureaux vu la pénibilité de leur tache cumulée pendant plusieurs années avec désormais un salaire de 2000 dinars.

Interrogé sur les affaires de vols de bagages et sur les solutions à apporter, Mnakbi a révélé qu’après avoir consulté les dossiers des bagagistes, il s’est avéré que « la majorité étaient des repris de justice. » Nous les avons tout de suite retirés d’en dessous des avions », d’où le calme observé ces derniers temps après avoir démantelé ces réseaux. Le responsable a également déclaré avoir voulu recruter 200 militaires comme bagagistes et a regretté la réponse négative apportée par le ministère de la Défense à ce sujet.

Open Sky 

Le sujet a été mis sur la table au cours de l’interview sur Nessma TV, Sofiène Ben Hamida accusant Tunisair d’être derrière le blocage de la situation. « L’Open Sky, s’il entre en vigueur, va toucher Tunisair » a estimé son président, précisant que cela allait affecter en particulier la catégorie de passagers constituée des Tunisiens résidents à l’étranger. Elyès Mnakbi a admis que la compagnie nationale ne pouvait pas entrer en compétition tarifaire avec les compagnies aériennes étrangères.

Concernant les rumeurs de vente de Tunisair, il a formellement nié l’idée de la privatiser ou de la vendre même partiellement. « Je suis très heureux que même les députés de la nation soient contre la privatisation, ce qui est très bien ».

La situation des pilotes a également été évoquée et notamment certains écarts de conduite évoqués par les journalistes de la chaîne. Le premier responsable de la compagnie a estimé que « les commandants de bord de Tunisair rendent service à la Tunisie vu les salaires qu’ils touchent par rapport à l’étranger (5 ou 6 fois plus élevés) et donc qu’ils sont en train de faire des sacrifices ».

Compte rendu: Donia Touihri

 

 

 

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