Nouvel épisode dans la guéguerre administration-profession : Fakhfakh impute la taxe de séjour à la FTH… et Belajouza imperturbable !
8 décembre 2012La mise en place d’une taxe de séjour de 2 dinars par nuitée hôtelière a été demandée par la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) ! C’est ce qu’a soutenu mordicus Elyès Fakhfakh, le ministre du Tourisme, à l’occasion d’un point de presse qu’il a tenu hier à Tunis.
«A la base, l’idée consistait à consolider les ressources du Fonds de compétitivité du tourisme tunisien, mais le ministère des Finances a décidé que les revenus de cette taxe seraient reversés dans la Caisse de compensation», a expliqué le ministre. «Le tourisme de toute façon en profite puisque tous les touristes mangent du pain subventionné» a-t-il ajouté. Un journaliste a tenté de mettre en doute les affirmations du ministre mais ce dernier a persisté dans sa position certifiant que la demande de la FTH avait été directement transmise au ministère des Finances en août et que l’ANC allait travailler à reporter l’échéance de son entrée en application.
Du coup, l’on se demande s’il n’y a pas eu amalgame entre deux taxes : car celle sur les nuitées hôtelières a été totalement rejetée par la profession qui a même saisi le ministère des Finances pour la contester et tenter-à défaut de pouvoir l’annuler- de la faire reporter tout au moins.
Au profit du Fonds de compétitivité
La seconde taxe, proposée effectivement par la FTH, était une taxe de séjour pour les étrangers arrivant en Tunisie qui aurait été collectée au profit du Fonds de compétitivité, mais celle-ci n’a pas été retenue. De toute évidence, quelqu’un s’est emmêlé les pinceaux dans le traitement des deux dossiers.
Dans le registre des nouvelles taxes toujours, le ministre a confirmé que les compagnies aériennes allaient désormais s’en acquitter en 2013 (toujours au profit du Fonds de compétitivité du tourisme), la décision ayant été entérinée depuis 2011. Reste à savoir si les concernés seront du même avis, sachant que Tunisair par exemple avait d’emblée rejeté l’idée de toute taxe, estimant qu’elle participait déjà suffisamment aux efforts de promotion du tourisme par l’octroi d’un important quota de titres de transport gratuits au profit de l’ONTT pour soutenir ses diverses actions.
Nouvelle polémique administration-profession ?
Dans la foulée de la conférence de presse, Fakhfakh a été interpellé concernant les relations tendues entre l’administration et la profession. «La relation est faite de hauts et de bas» a-t-il répondu. «Cependant, ce n’est pas nouveau et chacun voit ses priorités de son propre point de vue». Le ministre s’est ensuite voulu conciliant durant un court instant en déclarant que les portes étaient toujours ouvertes et que la main était tendue. «Les représentants de la profession sont tous les jours au ministère du Tourisme et à l’ONTT pour participer à toutes les réunions et à toutes les commissions. Nous avons eu 160 séances de travail ensemble et malgré cela, ils prétendent ne pas être impliqués dans les décisions».
Et le ministre de repartir de plus belle dans une nouvelle attaque en règle, déclarant qu’«il y a eu des déclarations qui ont même remis en question nos chiffres qui sont ceux de la BCT et du ministère des Finances et que le ministère du Tourisme ne fait que refléter». «Les provocations ont commencé avant même que je ne vienne [au ministère, ndlr], sauf que je ne suis pas là pour polémiquer mais pour travailler». L’intervention du ministre sur la question s’est achevée par un nouveau pic lancé à l’encontre de Mohamed Belajouza : «le président de la FTH a multiplié les déclarations et nous ne lui avons pas répondu, mais il fallait à un moment donné lui répondre sur tout ce qu’il a déclaré depuis 1 an». Signe donc que la hache de guerre entre les deux hommes est loin d’être enterrée.
Cependant, il se trouve que pendant toutes ces déclarations, Mohamed Belajouza justement se trouvait dans la salle assis en second plan derrière les journalistes. Le président de la FTH est resté de marbre durant toute la conférence. Reste à savoir si le ministre ignorait sa présence ou, au contraire, a-t-il tenu de tels propos en parfaite connaissance de cause.
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