Moncef Badis : directeur général de Mauritania Airways : Un quotidien Nouakchott-Tunis au plus tard fin 2010
1 octobre 2009Le 7 novembre 2009, la compagnie aérienne Mauritania Airways, détenue à 51% par le groupe Tunisair, fête son deuxième anniversaire. Rencontre avec son directeur général.
DEUX ANS APRES SA CREATION, QUEL BILAN POUR MAURITANIA AIRWAYS ?
Le démarrage de nos activités s’est fait dans des conditions très difficiles liées à l’environnement général, à l’exiguïté du marché et aussi à la configuration de notre flotte qui n’était pas prévue dans le dossier de lancement. Désormais, nous disposons d’une flotte idéale constituée de deux Boeing 737 de nouvelle génération, beaucoup plus adéquats à notre type de trafic, en plus d’un ATR 42. Et si les choses évoluent dans le bon sens, nous disposerons d’un quatrième appareil fin 2010. En tout cas, avec cette nouvelle flotte, nos chiffres se sont nettement améliorés.
La compagnie emploie 160 personnes dont 72 PN (navigants ndlr) et nous prévoyons d’atteindre 190 personnes fin 2009 dont 20 expatriés tunisiens.
Sur notre réseau domestique, nous opérons sur Nouakchott-Nouadhibou-Zouiret et nous avons en projet les villes de Néma et Sélibali. Sur notre réseau international africain, nous opérons sur Dakar, Bamako, Abidjan, Niamey, Conakry, Cotonou et Brazzaville. Bientôt, nous desservirons Tunis, Libreville et Banjul.
Sur le réseau européen, nous sommes présents sur Paris et Las Palmas (Canaries).
LE HASARD A VOULU QUE LA COMPAGNIE PUBLIQUE MAURITANIENNE FASSE FAILLITE PRESQUE AU MOMENT DE VOTRE DEMARRAGE ET, PLUS RECEMMENT, C’EST AIR SENEGAL INTERNATIONAL QUI A CESSE SES ACTIVITES. SANS PARLER DE LA DISPARITION (PLUS ANCIENNE) D’AIR AFRIQUE. CELA NE VOUS A-T-IL PAS QUELQUE PART OUVERT LA PORTE A UNE CROISSANCE EXPONENTIELLE ?
Le marché mauritanien est très exigu. Le total du trafic n’excède pas 200.000 passagers par an entre entrées et sorties toute l’année, ce qui correspond à une semaine de trafic sur l’aéroport Tunis-Carthage et deux jours à Orly pour prendre ces exemples. Nous avons donc révisé notre Business Plan et axé notre stratégie principalement sur l’Afrique de l’Ouest et le trafic de cabotage et ce grâce à la Décision de Yamoussoukro (principe du libre accès des transporteurs aériens aux liaisons intra africaines ndlr).
Mauritania Airways a certes profité de la disparition de la compagnie publique mauritanienne et de la cessation d’activité d’Air Sénégal International et d’une compagnie espagnole, Binter. Donc, nous nous sommes positionnés non seulement sur la Mauritanie mais aussi sur l’Afrique de l’Ouest. Nous avons une bonne ponctualité et offrons un service de qualité à bon prix, en tout cas moins cher que les grandes compagnies.
Mauritania Airways est une compagnie qui veut être aux standards internationaux et ce sont ses atouts futurs.
JUSTEMENT, EN TERMES DE SECURITE ET DE CERTIFICATION, OU EN EST LA COMPAGNIE ?
Depuis notre démarrage, nous avons veillé à opérer selon les standards internationaux aux niveaux de la maintenance, du pilotage, de l’accès aux appareils… ; bref, tout le processus.
Nous faisons appel à des sous-traitants spécialisés dans tous les aéroports pour les contrôles de bagages et des formalités. Cela nous coûte plus cher mais nous ne lésinons pas sur les moyens quand il le faut.
A QUAND L’EQUILIBRE FINANCIER ?
Avec notre nouveau Business Plan, et avec l’amélioration que nous avons constatées, nous enregistrerons encore une légère perte en 2009 mais nous tablons sur des bénéfices en 2010. Et dans le cas d’une bonne année soutenue, nous aurons besoin d’un nouvel avion.Actuellement, nous sommes à la recherche d’un partenaire financier pour augmenter le capital de la société de 10 millions de US $ actuellement à 30 millions. La compagnie a proposé à l’Etat mauritanien de participer au capital au lieu de créer une deuxième compagnie dans un marché particulièrement exigu.
AVEC TUNISAIR, AVEZ-VOUS REUSSI A DEGAGER DES SYNERGIES ?
Le développement de l’axe de Tunis rentre dans ce cadre. Alimenter le Hub de l’aéroport Tunis-Carthage au départ de Nouakchott constitue l’un de nos objectifs. A moyen-terme (fin 2010 au plus tard), nous voulons atteindre un quotidien sur Tunis pour concurrencer les compagnies major sur le trafic de transit. Et dans l’autre sens, Tunisair peut alimenter Mauritania Airways en passagers sur des destinations qu’elle n’exploite pas.
Il existe d’autres synergies entre les deux compagnies, notamment technico-opérationnelles, les expertises de manière générale, en plus du côté commercial et des certifications pour lesquelles nous allons consacrer des efforts particuliers. Pour cela, nous comptons sur l’assistance de Tunisair.
Nous comptons également devenir membres de l’IATA à partir de juin 2010 pour offrir des services aux standards internationaux.
Propos recueillis par Hédi HAMDI
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