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Mehdi Houas : « ma feuille de route pour le futur du tourisme en Tunisie »

Mehdi Houas : « ma feuille de route pour le futur du tourisme en Tunisie »

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A quelques jours de la fin de son mandat en qualité de ministre du Commerce et du Tourisme au sein du gouvernement de transition, Mehdi Houas a élaboré une feuille de route pour l’avenir du tourisme en Tunisie et dans laquelle il détaille sa vision pour le développement du secteur sur les 50 prochaines années !

Pour Mehdi Houas, l’emplacement de la Tunisie comme carrefour au sein de la Méditerranée constitue une chance et ce depuis l’époque romaine, ce qui pourrait lui permettre de devenir « le hub du centre de la Méditerranée » avec un marché national, méditerranéen et africain. Mais le ministre voit grand et considère que « la Tunisie peut devenir la Suisse de la Méditerranée ou le Singapour de l’Afrique ». Excusez du peu ! « Par sa proximité avec l’Europe, la Tunisie, après l’avoir requalifiée, doit retrouver sa force dans le domaine touristique ». Cette requalification justement, devra passer par plusieurs étapes fondamentales « que l’on peut mettre en application même en 5 ans » confirme le ministre à  DestinationTunisie. Son idée consiste fondamentalement à  « transformer le tourisme en rupture » et propose de fixer des objectifs concrets à  l’horizon 2016 : « 10 millions d’entrées, selon un ticket moyen de 800 dinars (soit 400 euros par visiteur), générant 8 milliards de dinars de recettes touristiques ». Les chiffres avancés ne sont pas le fruit du hasard mais se fondent sur la croissance mondiale de l’OMT, estimée à  50% à  l’horizon 2020. Dans sa feuille de route, Houas souligne la nécessité, pour atteindre les objectifs fixés, de se baser sur 4 axes : « monter en gamme notre tourisme balnéaire, construire une palette de produits pour séjours courts, valoriser notre splendide désert et construire un ‘Las Vegas’ pour classe moyenne ».

Ce qu’il faudra faire et ne pas faire

Pour monter en gamme notre tourisme balnéaire, Mehdi Houas estime que « la pollution visuelle d’une enfilade d’hôtels de style imposant et dépassé (…) » nous empêchera de séduire une clientèle moyen-haut de gamme. Le ministre s’insurge à  ce propos contre le All inclusive, considérant que « nous n’attirerons jamais des clients qui recherchent « l’exclusif » avec du « tout-inclusif » et recommande que « les quelques refuges balnéaires encore non exploités soient mis en exploitation uniquement selon des concepts d’éco-Resorts de très haut de gamme ».

Pour la construction de nouveaux produits pour séjours courts, il est proposé dans cette feuille de route de développer le tourisme de terroir, le tourisme culturel et de patrimoine ainsi que les différentes formes de thérapies douces. « Nous pourrions envisager de construire ‘le plus beau hammam du monde’ » propose Mehdi Houas. Pour ce qui est de la construction du ‘Las Vegas’, l’idée consiste à  édifier à  Remada par exemple, un site de jeux semblable à  Monaco ou Deauville qui génèrerait un afflux nouveaux de clients qui ne peuvent pas s’offrir de voyages aux USA. « Cet ‘oasis’ comporterait aussi une capacité de tourisme conférencier, des animations de soirées et un grand centre de shopping de démarques ».

Le ministre remet par ailleurs en question le tourisme de golf et de marina pour leur impact néfaste sur notre écosystème et considère en conséquence qu’il serait « plus judicieux de renforcer les quelques golfs à  plus fort potentiel, et pour les marinas, de d’abord explorer le potentiel des installations existantes ».

Plus encore, Houas estime que « le plus gros défi réside dans la prise d’une poignée de décisions courageuses visant la transformation de nos méthodes ». Et parmi ces décisions, il propose de « nettoyer le parc hôtelier », en rasant une partie des hôtels et appelle « les hôteliers à  se consolider entre eux et/ou à  vendre à  des opérateurs professionnels étrangers ».

Sur un autre plan, la feuille de route s’affiche ouvertement en faveur de l’ouverture du ciel tunisien à  la concurrence et recommande « d’adopter pleinement l’Open Sky » arguant du fait que « moins d’argent en billets d’avions, c’est plus d’argent dépensé sur place ». Et parmi les autres solutions préconisées, Mehdi Houas milite en faveur de l’hébergement alternatif en appelant à  « adopter sans plus attendre les réglementations permettant l’essor des hébergements alternatifs ».

Au niveau des institutions, il est recommandé de « restructurer la gouvernance du secteur de l’Etat en fusionnant l’ONTT et le ministère pour augmenter l’efficacité des ressources et des actions et créer une agence de catégorisation/notation indépendante et ‘sans complaisance’ ». Mais l’appel le plus important consiste aussi et surtout à  tripler le budget de promotion du secteur et à  rendre au privé des activités qui incombent encore au public.

Last but not least, la feuille de route propose « pour finir la transformation totale du secteur » de « réduire le rôle et l’assistance de l’Etat pour augmenter celui du privé », de même qu’elle suggère aux hôteliers de « redevenir des opérateurs touristiques plus complets » et enfin, de « nous réapproprier collectivement notre propre patrimoine » que « les Tunisiens ne connaissent pas » selon ce rapport.

Si cette feuille de route est en substance très réaliste, elle paraît difficilement réalisable, du moins sur le court et le moyen-termes. Car il est évident qu’elle préconise un changement de mentalité et de gouvernance en profondeur, que les générations actuelles auront beaucoup de mal à  mettre en application. On peut oser espérer voir 50% de ces projets concrétisés ; ce serait déjà  un grand pas pour le tourisme tunisien.

H.H
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