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Marché français : la Tunisie la tête sous l’eau, les touristes partis ailleurs et la ministre sur la défensive

Marché français : la Tunisie la tête sous l’eau, les touristes partis ailleurs et la ministre sur la défensive

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Les derniers chiffres communiqués par le Seto concernant la Tunisie sont accablants. Ils démontrent que les touristes français sont quand même partis en vacances quitte à avoir payé leur séjour plus cher pour aller ailleurs. Quant à la ministre du Tourisme, elle tente, tant bien que mal, de défendre l’image d’une destination très mal en point.

René-Marc Chikly vient de le confirmer : au Top 5 des flop de l’année chez les tour-opérateurs français, la Tunisie est la destination qui a enregistré la plus forte baisse avec 55% de moins en un an. Le président du Seto, le Syndicat français des entreprises de tour-operating, a présenté les chiffres de son secteur sans ambages ni détour lors d’une conférence de presse mardi dernier à Paris en présence de Selma Elloumi-Rekik, ministre du Tourisme, Mohamed Chihi, l’ambassadeur de Tunisie à Paris, et Radhouane Ben Salah, président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie. Une manière de dire les choses aux concernés droit dans les yeux. Cette conférence de presse, organisée en marge du salon professionnel IFTM, était de toute évidence une occasion rêvée pour les T.O français de confirmer une tendance qui n’est finalement une surprise pour personne. Mais qui n’arrange personne également.

L’impact de la chute de la demande

Les touristes français se sont détournés de la Tunisie cette année mais cela ne les pas empêchés de partir en vacances. René-Marc Chikly a souligné que les destinations arabes de manière générale avaient régressé. Au final, le Seto a constaté une baisse du nombre de clients chez les T.O de 2,5% à la date du 31 août. Dans le même temps, le volume d’affaires des voyagistes n’a reculé que de 0,5%.

En d’autres termes, les résultats des T.O n’ont pas été affectés outre mesure par la chute de la demande sur l’Afrique du Nord (Maroc -30%) et la Turquie (-36%) car les touristes sont quand même partis, mais ailleurs. En tête des destinations moyens-courriers prisées par les touristes français, le Portugal en premier lieu, suivi par les Canaries, les îles grecques et la Sardaigne qui occupent le Top 5 des voyages à forfaits.

Les attentats n’ont pas le même impact

Sur le long-courrier, le Seto a enregistré depuis le début de l’année une augmentation de 18% des voyages à forfaits vers la Thaïlande, pays qui a pourtant subi un attentat meurtrier en cours d’année. « Quand on est surinformés, on devient fragiles » considère R-M Chikly. Allusion faite à la sur-médiatisation des événements qui ont touché la Tunisie en mars et en juin 2015 mais aussi à la situation de la Turquie qui souffre de « l’amalgame Turquie=Syrie » pour de nombreux Français.

En tout, ce sont 750.000 clients qui auront été perdus par les tour-opérateurs français membres du Seto à partir de 2010-2011, tandis que le poids de la région dans l’ensemble des départs s’est réduit de 18 points.

Même moins chère, la Tunisie n’attire pas

Selon les données présentées par le syndicat professionnel, la recette unitaire par client sur la Tunisie a été cette année de 746 euros en juillet, soit moins que les Baléares (829 euros), les Canaries (806 euros), tandis que l’Espagne affichait un prix moyen de 746 euros également. Preuve donc que les clients ont accepté de payer plus cher mais ont privilégié des « destinations sécurisantes ». Même scénario en août avec une recette unitaire par client s’élevant à 825 euros pour la Tunisie, 909 euros pour les Baléares et 892 euros pour les Canaries. Seule l’Espagne s’est vendue pour moins cher que la Tunisie avec un forfait moyen de 760 euros.

Selma Elloumi au micro face au Seto et aux médias

Dans une salle archi-comble, l’intervention de la ministre du Tourisme Selma Elloumi-Rekik était très attendue par les journalistes sur place. En présence des membres du Seto (dont Pascal Izaguirre, président directeur général de TUI France), la ministre a jugé nécessaire de rappeler à cette assistance de professionnels aguerris que « la Tunisie est un pays riche de 3000 ans d’histoire ». On ne sait pas si le scoop a plu aux présents, mais cela n’a pas empêché Mme Elloumi-Rekik d’enchaîner sur les os de dinosaures retrouvés à Tataouine ainsi que sur l’ancien fort dans lequel étaient emprisonnés les officiers déserteurs de l’armée française qu’il fallait visiter.

Dans un registre plus politique, elle a rappelé qu’elle appartenait au parti qui avait gagné les dernières élections et qui avait composé avec trois autres partis pour obtenir une majorité lui permettant de gouverner. « Quand on parle de printemps arabe, la Tunisie est le seul pays qui a réussi » a-t-elle dit après avoir souligné au passage que « la Tunisie est passée par 4 années difficiles à cause de gouvernements successifs ».

La ministre du Tourisme est ensuite montée à la charge, arguant que la France avait également « eu plusieurs attentats mais a fait des chiffres records » en termes d’arrivées touristiques. « Je fais appel à la solidarité internationale » a dit Selma Elloumi-Rekik. « Avant de penser aux restrictions, il faut penser aux peuples et à l’impact réel de ces décisions ».

Pour évoquer les attentats, la ministre a préféré le terme « phénomène » lors de son speech. « Le phénomène doit être traité au niveau régional et collaborer sur la sécurité pour mettre la Tunisie au même niveau sécuritaire que d’autres villes » avant de reconnaître qu’il y avait effectivement « un travail à faire au niveau de certaines institutions » et d’ajouter : « la Tunisie passe par une situation conjoncturelle, on en profite pour faire des réformes ». Les journalistes n’ont pas jugé bon de lui poser la moindre question à l’issue de son intervention.

Hédi HAMDI
Reportage à Parisconférence de presse ministre

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