Fil info

Maisons d’hôtes et gîtes ruraux réclament reconnaissance

Maisons d’hôtes et gîtes ruraux réclament reconnaissance

Partager sur :
[iSpeechWebReader textID="gl-post-single"]

Les propriétaires des maisons d’hôtes et des gîtes ruraux font entendre leur voix. Les exploitants de cette catégorie d’établissements, conduits par Isabelle Planchon, gérante de Dar Bibine à  Djerba, sont allés frapper à  la porte de Slim Tlatli, ministre du Tourisme, pour lui exposer les difficultés qu’ils rencontrent dans leur quotidien professionnel. Ils ont été reçus, samedi 16 octobre 2010 au siège du ministère, mais surtout écoutés et compris !Ces nouveaux établissements, dits aussi d’hébergement alternatif, sont de plus en plus nombreux à  ouvrir actuellement en Tunisie -avec une très forte concentration à  Djerba- et se caractérisent par une imagination très prononcée dans leur concept et la nature même du produit offert au client. « C’est une génération spontanée qui s’est créée très sincèrement sans que nous n’ayons rien fait » a reconnu le ministre, qui a tout de même rappelé l’existence d’un décret de loi datant de l’année 2007 (décret n°2007-457 du 6 mars 2007) relatif au classement des établissements touristiques fournissant des prestations d’hébergement. Mais ces textes sont loin d’être suffisants et l’administration est appelée à  encadrer l’activité par un cadre règlementaire clair qui définisse les tenants et les aboutissants du tourisme alternatif et, surtout, qui identifie la nature et la spécificité de chaque mode d’hébergement car hôtel de charme n’est pas maison d’hôte qui n’est pas gîte rural qui est différent d’un Houch réaménagé à  des fins d’hébergement.

Cependant, la mise en place d’un cahier de charges régulant l’activité avec trop de rigidité reviendrait à       
« stéréotyper » le produit, conséquence que les professionnels craignent par-dessus tout. La nouvelle règlementation se devra donc de laisser libre court à  l’imagination des promoteurs dans la conception et la définition de leur produit.

 « Nous ne voulons pas être hôteliers ! »
Les propriétaires de maisons d’hôtes refusent également d’être considérés comme des hôteliers. A ce propos, Mohamed Belajouza, président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH), les rassure tout de suite et invite au contraire la communauté des exploitants de maisons d’hôtes à  se fédérer en association car, à  leur manière  
« ils collaborent à  la fabrication d’un produit touristique global ». Et M. Belajouza de préciser : « nous ne comptons pas vous avaler ni obliger qui que ce soit à  être adhérent à  la FTH mais vous apporter notre assistance grâce à  nos 50 ans d’expérience. Mais à  partir du moment où vous accueillez des clients, vous êtes une branche de l’hôtellerie» n’a-t-il pas manqué de leur rappeler. Car effectivement en matière de devoir, le tourisme alternatif a les mêmes obligations qu’un hôtel classique, notamment sur les questions d’hygiène et de sécurité. Voire plus. Le cas de Dar Jasmin à  La Marsa est éloquent : Sonia Achour, responsable de cette maison d’hôtes, y accueille depuis plus de 3 ans des personnes en convalescence après avoir subi une opération de chirurgie esthétique. Rien à  voir donc avec des hôtels dits de charme. Amalgame également soulevé par Farah Ksouri de Dar Farisa à  Chott Mami (Ras Jebel) qui précise que les clients d’une maison d’hôtes sont reçus par le propriétaire dans le cadre d’une gestion familiale. « C’est comme si vous receviez des invités mais qui payent leur séjour ».De son côté, Skander Zribi, de Dar Zaghouan, évoque aussi les risques de confusion qui existent entre les établissements. Il déplore notamment le fait qu’Internet induise en erreur les clients étrangers. « Tapez gîte rural en Tunisie sur Google et vous tomberez sur appartement à  El Kantaoui » s’indigne-t-il. Ce qui confirme la nécessité urgente d’une règlementation qui remette de l’ordre dans le secteur.

Autre point soulevé par M. Zribi, l’existence d’anciennes maisons coloniales dans des fermes abandonnées qui pourraient être restaurées pour en faire des établissements pour des séjours alternatifs. Le ministre du Tourisme a annoncé à  ce propos qu’une commission était en passe d’être créée avec plusieurs ministères concernés (Domaines de l’Etat, Equipement et Habitat, Environnement…) pour recenser les anciennes propriétés coloniales puis les mettre sur le marché en faisant appel à  des projets.Autre suggestion de Skander Zribi : la mise en place d’un guichet unique (à  l’image de ce qui se fait à  l’API) pour faciliter les formalités administratives pour l’ouverture d’un gîte ou d’une maison d’hôtes.

L’épée de Damoclès des instances locales
Si l’on en croît les témoignages convergents des exploitants des maisons d’hôtes, c’est avec les instances locales que les relations sont plus difficiles. Confirmation de François Dominique, propriétaire de Villa Zembra (El Haouria), qui rapporte -en des termes très diplomatiques- que « les éléments convergent avec l’ONTT mais pas avec les instances locales qui menacent d’arrêter l’exploitation des établissements ». Il en appelle par conséquent au ministre du Tourisme pour « [nous] permettre de continuer à  exister l’âme en paix ».

Inquiétude relayée par plusieurs propriétaires de gîtes ruraux situés sur des terrains agricoles et qui font face à  des problèmes fonciers. Slim Tlatli s’est voulu rassurant sur ce sujet et a annoncé s’être réuni avec le ministre de l’Agriculture et que « tout le monde est d’accord pour encourager le développement des gîtes ruraux à  travers des autorisations d’exploitation des terrains sans pour autant les déclasser ».Sur un autre plan, Moez Karoui, promoteur de la Villa des Amandiers à  Hammamet, spécialisée dans le tourisme golfique, en appelle à  une charte de qualité à  mettre en place par les opérateurs. De leur côté, Isabelle Planchon (Dar Bibine, Djerba) et Sabri Oueslati (Dar Sabri, Nabeul), ont annoncé avoir déjà  élaboré des statuts pour la constitution d’une association ou d’une fédération des exploitants d’établissements de tourisme alternatif. Cependant, l’obtention d’un visa sera malheureusement pour eux plus pointilleuse que toutes les autorisations administratives réunies pour l’ouverture d’une maison d’hôtes.

Partager sur :
 
 
  



ARTICLES ASSOCIÉS

About the author

Relative Posts

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.