L’IATA déboutée sur les cautions bancaires des agences en Tunisie, …ou quand David assomme Goliath !
12 octobre 2011La Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV) vient d’obtenir gain de cause auprès de la PAConf (Passenger Agency Conference, organe qui supervise l’élaboration des politiques du programme IATA des agences de voyages dans le monde et qui comprend 200 compagnies aériennes) lors de sa 34ème session ouverte le 11 octobre 2011 à Singapour.
La PAConf a débouté l’Association internationale du transport aérien (IATA) et donné raison à la partie tunisienne en acceptant la demande de cette dernière de repousser au 31 décembre 2011 l’instauration de nouvelles cautions bancaires aux agences de voyages tunisiennes. Victoire sereine, mais importante, obtenue grâce à une sympathie mondiale en faveur de la Tunisie et sa fédération et un soutien international des confédérations universelles telles que l’UFTAA et la WTAAA, ou nationales comme celle de la Malaisie et d’ailleurs.
La FTAV pourra se targuer d’avoir été l’une des rares associations d’agents de voyages à avoir fait plier l’IATA, après la superpuissante Confédération de l’Union Européenne (ECTAA).
Retour sur une polémique
L’IATA voulait que l’été soit chaud pour le secteur des agences de voyages billettistes quand elle décida – sans crier gare – de porter les cautions bancaires garantissant la solvabilité des agences accréditées IATA en Tunisie à des niveaux prohibitifs. Tenez-vous en : à des agences qui n’ont jamais enregistré de défauts de paiements depuis pratiquement leur création, entre 900 et 1,6 million de dinars de caution ont été exigés !
La nouvelle équipe de la Fédération nationale, venant à peine de s’installer, a vu le ciel lui tomber sur la tête. Et les nouveaux critères financiers, concoctés du reste par les théoriciens de cabinets d’audit londoniens (mandatés par l’IATA), lui posèrent son premier gros défi. Autrement dit, un test inédit de ses capacités corporatives à l’aube de sa jeune gouvernance. Le président, Mohamed Ali Toumi, n’y est pas allé par quatre chemins : d’abord privilégier le dialogue et la discipline procédurale, assurer l’adhésion des adhérents et gagner le soutien des opérateurs sur le marché national, à leur tête les compagnies aériennes. Ensuite, qui sait, attendre la décision de la conférence en vivant le suspens à GMT + 8. Et dans l’hypothèse d’un échec, la dynamique post-révolutionnaire aidant, utiliser « l’arme lourde », jusque-là tenue secrète…
La bonne nouvelle est tombée
Mais, à la suspension de la séance le mardi 11 octobre à 10h00 heure locale à Tunis,18h00 à Singapour, la bonne nouvelle est tombée comme une manne venue du ciel ! Une résolution a été adoptée par la PAConf pour satisfaire la revendication de la FTAV et un message codé émanant d’une fédération internationale lit : « Vive le printemps tunisien ! ».
Mais quelle est la portée de cette décision pour les agents de voyages en Tunisie ? Dans la pratique, donner une grande bouffée d’oxygène à un secteur asphyxié par la conjoncture. En second lieu et, plus symbolique, c’est d’exorciser la domination IATA sur les marchés, et résorber à jamais la terreur qu’elle inspire aux agences lorsque par un simple « click » de son tristement célèbre « BspLink », elle abat sans pitié un agent de voyages, le menant à la faillite.
Troisièmement, la nouvelle équipe de Mohamed Ali Toumi aura relevé l’un des plus dangereux défis jamais posés à la FTAV depuis sa création. Elle annonce la couleur pour les nombreux dossiers ouverts et unit autour d’elle la communauté des agents de voyages en Tunisie, en recouvrant la confiance et la crédibilité, depuis longtemps perdus, avant cette révolution. Enfin, la vaste campagne de lobbying, entreprise à l’échelle mondiale, aura sorti une fédération auparavant sclérosée, souvent renfermée sur elle-même, individualiste et encline à l’égocentrisme d’intérêts misérabilistes. Ce temps est à jamais révolu.
L’on retiendra aussi que le fruit de cette victoire a été obtenu, tant par le soutien agissant de partenaires de la profession- et du ministère du Tourisme – (rendons à César…), mais suite à un combat solitaire car la FTAV ne pouvait ni voter ni être présente à cette conférence (statuts de la PAConf obligent), et avait la destinée de sa position entre les mains des quelques deux cents compagnies aériennes membres de la PAConf. Elle a su convaincre, avant de vaincre…Et David a assommé Goliath.
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