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Hôtel El Shems Monastir: fin de l’aventure et entrée en résistance de certains clients

Hôtel El Shems Monastir: fin de l’aventure et entrée en résistance de certains clients

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©Destination Tunisie- C’était l’un des hôtels symboles de la zone touristique de Skanès à Monastir. Inauguré en 1969, El Shems a fermé ses portes définitivement le 15 novembre 2015. Ce village de vacances de 1200 lits était exploité par la CNRO française (Caisse nationale de retraite ouvriers du bâtiment), organisme de protection sociale et de retraite -devenu Pro BTP en 1993 (qui gère 11 villages de vacances en France et dans d’autres pays).

Situé en bord de mer, il était l’image même du modèle touristique tunisien classique qui a séduit des millions de vacanciers français durant des décennies, avec un produit élaboré sur mesure pour cette clientèle. Il était particulièrement connu pour être le fief des retraités durant l’hiver et des familles (de revenants fréquents) durant les périodes de vacances scolaires à des tarifs réputés très attractifs dans le cadre des actions sociales de l’organisme.

Le terrain sur lequel est construit l’établissement (rétrogradé ces dernières années en catégorie 2 étoiles), appartient au gouvernorat de Monastir qui l’avait cédé à l’époque dans le cadre d’une concession de 99 ans accordée à la CNRO (puis à Pro BTP de facto) qui l’avait construit et qui continuait de l’exploiter jusqu’à la semaine dernière. Officiellement, cette fermeture est due d’abord à la conjoncture qui sévit dans le pays et en second lieu à cause de l’état de l’établissement qui nécessite des rénovations en profondeur malgré quelques améliorations constatées l’été dernier. Officieusement, on parle de mauvaise gestion et d’une situation de faillite de la société. Informations impossibles à faire confirmer. Le personnel a en tout cas été informé de son licenciement.

Actes de résistance

Cependant, une poignée de clients nostalgiques adhérents à Pro BTP tente tant bien que mal de faire revenir l’organisme sur sa décision. « C’est honteux de fermer ce village El Shems … « Le soleil »… Je pense à tout ce personnel si sympathique et convivial avec tous les clients…. La meilleure réponse aux actes terroristes est de le rouvrir et à nous, clients, d’y retourner le plus souvent possible… J’ai une pensée émue pour tous nos amis tunisiens…. » déclare par exemple Hervé Poulain sur la page Facebook dédiée à l’hôtel. « C’est un peu nous « gens du bâtiment » qui l’avons construit avec nos cotisations sociales …. et on nous le prend !!!! dur » déplore une autre membre, Michèle Pacalon.

L’affaire secoue donc le petit monde de ce groupe qui compte tout de même 3,5 millions d’adhérents et  208 000 entreprises. Une pétition en ligne a même été engagée par tous les nostalgiques qui espèrent pouvoir revenir y séjourner (https://www.change.org/p/laura-contre-la-fermeture-du-village-btp-vacances-el-shems?source_location=petitions_share_skip). Le commentaire qui accompagne la pétition est le suivant : « nous avons fermement condamné le collège patronal et la CGC qui ont signé la mise à la casse d’un magnifique outil de tourisme social. Des usagers d’El Shems déplorent la fermeture de ce centre de vacances sociales, familles de salariés du BTP qui y passaient leurs vacances, retraités qui goûtaient enfin un peu de douceur de vivre ».

Emily Famery, autre inconditionnelle de l’hôtel, a lancé pour sa part un appel aux « retaités, salariés et enfants du BTP », leur demandant de « continuer la lutte et de ne pas laisser tomber ». « Une réunion a eu lieu. Les dirigeants continuent de souhaiter la fermeture malgré les propositions apportées par les syndicats; j’ai eu le vice-président de Pro BTP VAC au téléphone. A sa demande, écrivez toutes et tous une lettre contre la fermeture du village, et proposez une solution à apporter afin de pouvoir rouvrir notre village, écrit-elle. Je les transmettrai à monsieur le vice-président ».

« S’il y a au moins 500 réservations sur 6 mois, le cas sera peut être revu, mais il faut des demandes de séjour, c’est le manque de réservations qui fait que l’on en est là aujourd’hui » s’indigne une autre supportrice de l’hôtel, Sylviane Burel.

Mais le témoignage le plus touchant reçu par la direction de Pro BTP est certainement celui-ci, il résume en réalité le lien qui unit cette communauté à l’hôtel (fac similé ci-dessous) : « Le village a plus de 40 ans et a vu passer une multitude de vacanciers. Certains y vont en famille depuis des générations. Personnellement, cet été étaient mes premières vacances au village sans ma famille. Nous venions à plus de 10 quasiment chaque été depuis 2000. Comprenez notre désarroi. Certains retraités y passent plusieurs mois par an. Ce village est le nôtre. Nous y avons nos repères. Chaque année nous pensons à notre retour au village, nous y avons amis et famille. Petit rappel. Certains travaillent au village depuis 27 ans, voire plus. Quel est leur avenir? En Tunisie, l’allocation chômage n’existe pas. Si nous comptons les salariés à l’année et les saisonniers, savez-vous au moins combien de personnes vous venez de mettre au chômage? Ou n’avez-vous pensé qu’à l’aspect « rentabilité du village »? Avez-vous songé à d’autres alternatives ? ».

Difficile en tout cas d’imaginer dans la conjoncture qui sévit que la direction de Pro BTP revienne sur une décision sûrement mûrement réfléchie. Mais la réaction des clients est tout à l’honneur de l’établissement et de la destination. Maigre consolation.

 

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