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APRES LES EVENEMENTS, LES AGENCES DE VOYAGES DE L’AVENUE BOURGUIBA PANSENT LEURS PLAIES

APRES LES EVENEMENTS, LES AGENCES DE VOYAGES DE L’AVENUE BOURGUIBA PANSENT LEURS PLAIES

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Avec du recul, on en sourit presque aujourd’hui. Et pourtant, entre les mois de janvier et de mai, les agences de voyages établies sur l’avenue Habib Bourguiba à  Tunis ont vécu aux premières loges les événements et les troubles qui s’y sont déroulés, non sans conséquences sur leurs activités et sur le moral de leurs équipes. Première concernée par les manifestations, l’agence Smaoui Voyages, en plein milieu de l’artère principale de la capitale, autrefois siège de la Swissair. Pour Moncef Smaoui, patron de l’agence ouverte en 1994, le chiffre d’affaires a basculé de 30% parce que la clientèle évitait de descendre en ville. « Durant ces événements qui n’étaient pas facile, il y avait des manifestations et des groupements de personnes tous les 10 mètres, avec un pic notamment le 28 février, journée marquée par un désastre de violence et de casse jamais enregistré auparavant » rapporte M. Smaoui qui a vécu tous les événements qui s’y sont produits au cours des dernières décennies : les troubles de juin 1967, les événements de janvier 1978 et ceux de janvier 1984, puis la révolution de 2011, autrement dit les grandes dates du Peuple tunisien.

Sur l’avenue Bourguiba, on retiendra en effet trois grandes périodes de troubles en 2011 : en janvier, avant et après la chute du régime de Ben Ali, en février, après l’affaire de « Kasbah 2 », puis en mai, suite aux événements dits de « Farhat Rajhi ». « L’avenue a toujours été le lieu de mémoire de Tunis, c’est un peu les Champs-Elysées de la Tunisie » se souvient Moncef Smaoui, qui évoque le passé de cette artère : « j’étais là  avec Swissair depuis très longtemps, c’était un lieu de rencontre des étudiants. L’Avenue a groupé la génération de l’Indépendance, les jeunes diplômés et les cadres et fonctionnaires au Café de Paris ». Le seul dégât enregistré durant les événements a été le bris de la vitrine principale de l’agence, vite remplacée (à  la charge des assurances). « Les agents de sécurité du Colisée (où se situe l’agence n.d.l.r) ont fait preuve de vigilance et ont fait face aux jeunes casseurs en les empêchant de pénétrer dans le complexe ». Quant au personnel de l’agence, Moncef Smaoui se veut reconnaissant et souligne qu’il n’y a pas eu d’absence et que celui-ci était présent pour répondre aux clients par téléphone et par e-mail « bien que nous ayons réduit les horaires de travail » (à  cause notamment du couvre-feu).

A quelques dizaines de mètres de là  mais à  l’intérieur même du Colisée, l’agence D’Alessandro Travel a, elle aussi, vécu des moments difficiles. Paradoxalement, les activités maritimes de cette agence qui représente la compagnie GNV n’ont pas été touchées durant les troubles qui ont été marqués par une demande importante de Tunisiens résidents à  l’étranger qui demandaient à  repartir en Europe à  cette période. Selon Karim Belaïba, directeur général-adjoint de l’agence, « l’activité tourisme de l’agence a chuté de 80% depuis le début de l’année tandis que l’activité Incoming a été totalement suspendue jusqu’à  nouvel ordre. Seule la billetterie aérienne n’a pas été touchée ». Située sur un point sensible, l’agence a vu passer en masse devant ses locaux les manifestants en fuite, sans parler des effets du gaz lacrymogène. « Nous avons dû mettre un vigile à  la porte pour baisser le rideau à  chaque fois que cela bardait sur l’avenue » raconte M. Belaïba. « Cela nous a permis de protéger l’accès principal mais pas le haut des vitrines qui a été brisé, sans parler de l’odeur du gaz qui restait dans nos locaux ». Le personnel travaillant au sein de l’agence D’Alessandro Travel a été très affecté par la situation et à  plusieurs reprises, la police lui a intimé l’ordre de quitter les lieux et de fermer. A ce jour, les dégâts n’ont pas été réparés de crainte que de nouveaux troubles n’éclatent.

Sur le côté opposé de l’avenue, une autre agence a également fait les frais des casseurs qui se sont mêlés à  la vindicte populaire. Il s’agit d’Arabel, l’agence de voyages dirigée par Najet Achour Ben Haj et spécialisée exclusivement dans la billetterie aérienne. Petite agence mais située sur un emplacement stratégique au premier étage d’un complexe commercial, elle a vu sa vitrine détruite par de grosses pierres et des bouteilles le 16 janvier, projectiles qui n’ont, heureusement, pas touché le reste du matériel, notamment informatique. « La crise nous a fait perdre une partie de notre clientèle (notre clientèle habituelle et celle de passage) et nous-mêmes n’avons pas pu accéder à  notre agence à  cause du gaz lacrymogène ». L’agence, qui a pignon sur rue depuis 13 ans, a finalement dû se résoudre à  fermer ses portes une journée et demi afin de réparer les dégâts. « L’un de nos clients (le groupe Hamrouni) ainsi que la compagnie Air France ont pris en charge les frais de réparation. Amadeus nous ont également appelés pour nous dire leur disponibilité à  nous fournir en matériel en cas de besoin ». Le soutien des partenaires a été d’un grand réconfort moral, quoique la peur des événements était toujours présente. « Pendant plus d’un mois, nous avons vécu dans l’insécurité totale » raconte Najet Ben Haj. « Nous avons été évacués par la police et plusieurs fois, les gens montaient pour se réfugier à  l’étage ».
Pour la responsable de l’agence, la crainte est aujourd’hui de voir des entreprises étrangères quitter le pays, ce qui aurait également de lourdes conséquences sur l’activité de la billetterie aérienne en Tunisie.

D.T
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