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Amor Ben Yedder, directeur des crédits aux projets touristiques à la STB: « 1700 millions de dinars d’engagements avec notre banque »

Amor Ben Yedder, directeur des crédits aux projets touristiques à la STB: « 1700 millions de dinars d’engagements avec notre banque »

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L’endettement hôtelier demeure un dossier épineux et lourd. A l’échelle nationale, l’engagement total des hôtels tourne autour de 4300 millions de dinars dont 55% (2600 millions de dinars) sont des créances classées. De plus, il y a aujourd’hui environ 200 unités fermées dont 25% sont engagées avec la STB.

Sur un total de 240.000 lits que compte le secteur, seulement 160.000 sont en service, c’est à dire que la machine hôtelière a perdu en quelques années un tiers de sa capacité.

La région du sud-ouest du pays est la plus sinistrée à l’instar de Tozeur, Nefta, etc. Les zones balnéaires ne sont pas en reste. A titre d’exemple, les hôtels situés en deuxième, troisième et quatrième zones de Hammamet sud rencontrent de grandes difficultés. Ce tableau sombre dressé par Amor Ben Yedder, directeur des crédits aux projets touristiques à la STB (Société tunisienne de banque), reflète l’état d’un secteur qui souffre. Ce qui nécessite une intervention rapide pour le sauver sans tarder. Dans cette interview Amor Ben Yedder revient sur la question de l’application du Livre blanc, les problématiques du secteur et les deadlines pour assainir la situation.

Où en êtes-vous de l’application du Livre blanc ?

Au niveau de la STB, nous avançons. Néanmoins, je devrais préciser que ce dossier a été adopté par l’APB (Association professionnelle des banques). C’est-à-dire que toutes les banques de la place sont désormais concernées et engagées dans sa résolution. En tout cas, je pense que le plus dur dans ce dossier est déjà derrière nous, car je viens d’apprendre de la ministre du Tourisme que le Livre blanc a été adopté par le conseil ministériel tenu le 28 février. Ce qui fait que le traitement du dossier sera fait de la même façon à l’échelle nationale. Donc, toutes les banques ne pourront plus refuser d’appliquer la solution apportée par ledit Livre blanc.

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Amor Ben Yedder avec le président de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie, Khaled Fakhfakh. Un travail conjoint pour résoudre le dossier de l’endettement.

Pouvez-vous expliquer le concept de traitement des créances selon ce Livre blanc ?

C’est une démarche qui consiste à traiter les créances tout en respectant certains principes et en se basant essentiellement sur le chiffre d’affaires de l’établissement. Autrement dit, nous allons restructurer et adapter le remboursement de l’endettement selon les capacités financières de l’unité hôtelière. Auparavant, nous essayions d’assainir l’endettement sans prendre en considération la situation de l’entité et ses capacités de remboursement. En effet, l’engagement était de plus en plus lourd et devenait difficile à supporter par l’hôtel. Résultat ? L’établissement est moins rentable, particulièrement après la dernière crise du secteur du tourisme.

Quid de la STB ?

Au niveau de la STB, nous avons fait un pas de plus par rapport aux autres banques. Nous pensions à l’étape qui suit l’adoption du Livre blanc, soit un cadre juridique qui réglemente cette opération. En effet, nous avons préparé ce que nous appelons « term-sheet » et un contrat syndiqué. Celui-ci veut dire un contrat signé par toutes les banques engagées pour que le traitement des créances des hôtels se fasse de la même façon, en appliquant la même démarche. Ce term-sheet a été envoyé à l’APB pour approbation. Une fois approuvé par toutes les banques et l’habillage juridique prêt, nous passons à l’œuvre.

Vos deadlines ?

Je rappelle d’abord qu’au niveau de la STB, nous avons à peu près 320 unités hôtelières pour un engagement STB uniquement s’élevant à 1700 millions de dinars. Nous avons catégorisé et classé ces entités selon certains critères bien précis.

La première catégorie concerne les unités concernées par le Livre blanc. La deuxième catégorie englobe les entités avec des dettes carbonisées. C’est-à-dire celles qui ne sont pas capables de rembourser leurs dettes. Donc, il faudra envisager leur reconversion en d’autres activités car elles tirent vers le bas tout le secteur.

La troisième catégorie touche toutes les unités hôtelières que nous pourrons assainir d’une manière simple sans même avoir besoin d’appliquer le Livre blanc.

La dernière catégorie concerne tous les établissements qui n’ont pas de problèmes financiers et qui fonctionnement normalement. Pour la STB, nous avons environ 70 unités concernées par l’application du Livre blanc pour un engagement de 800 millions de dinars. Nous avons donné comme deadline la fin de cette année pour que l’hôtelier puisse entrer en 2019 à l’aise et travailler tranquillement afin de rembourser les banques.

Quant aux dettes carbonisées, nous  comptons le tiers des unités, soit 110 établissements avec un engagement s’élevant à 300 millions de dinars.

L’énorme endettement des unités hôtelières envers les banques fait que ces dernières ne pourront plus continuer à financer ce secteur. Or, certaines unités auront besoin d’un financement pour qu’elles puissent être de nouveau rentables. Qu’en pensez-vous ?

Sûrement. Pour cela, il nous faut aujourd’hui des fonds d’investissement capables d’injecter des financements dans ces entités. Cependant, ces fonds, qui sont déjà là ne pourront pas intervenir que s’il y a un avantage fiscal. En effet, nous appelons l’Etat à encourager ces fonds, en donnant des concessions fiscales. Cela va aider à préserver des emplois et à doper l’économie nationale. Nous sommes d’ailleurs en train de préparer une étude avec la FTH (Fédération tunisienne de l’hôtellerie) et les banques en vue de montrer à l’Etat que chaque dinar accordé aujourd’hui aux hôteliers, sera récupéré à hauteur de 5 dinars au bout de trois ans. Cette étude sera achevée dans un mois et sera présentée au chef du gouvernement.

Propos recueillis par Kemel Chebbi

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