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La nouvelle menace qui pèse sur le tourisme tunisien

La nouvelle menace qui pèse sur le tourisme tunisien

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Le couteau va de nouveau être remué dans la plaie: l’affaire de l’attentat de Sousse du 26 juin 2015 s’apprête à revenir sur le devant de la scène à compter du lundi 16 janvier 2017 avec l’ouverture en Angleterre du procès intenté par les familles des victimes à l’encontre du tour-opérateur TUI. Détail important: ce n’est pas l’Etat tunisien qui est poursuivi mais bien le voyagiste qui exploitait également l’hôtel Impérial sous l’enseigne RIU sur la plage duquel ont été tués 30 ressortissants britanniques et plusieurs autres blessés.

Dans la perspective de ce procès, la chaîne BBC a déjà diffusé en début de semaine un reportage orienté comme une enquête d’investigation qui n’a peut-être rien apporté de nouveau sinon que d’enfoncer encore plus l’image de la Tunisie en tant que destination touristique. Et ce n’est certainement là qu’un début car il est fort à parier que les autres médias britanniques vont s’emparer de l’affaire et en faire gorge chaude durant les semaines à venir.

Selon des informations obtenues par Destination Tunisie auprès d’une personne proche du dossier, une proposition aurait été faite à l’Etat tunisien d’indemniser les victimes pour éviter qu’elles n’aillent jusqu’au procès. La somme demandée selon notre source représentait l’équivalent de 130 MD. Or, les autorités tunisiennes n’auraient donné leur aval que pour un montant de 30 MD!

A défaut d’accord, la TUI se retrouve donc dans le box des accusés. Le premier tour-opérateur européen va sans aucun doute brandir les arguments qu’il faut pour défendre sa position. Et à ce niveau, c’est à n’en pas douter la gestion calamiteuse de la crise qui sera mise en exergue plus que l’acte en lui-même.

Car il n’est pas inutile de rappeler au passage que dans les jours ayant suivi l’attentat, les arrivées de touristes britanniques se sont poursuivies (certes avec beaucoup d’annulations, mais sans rupture totale). C’est en fait la visite d’inspection sécuritaire diligentée par Scotland Yard qui avait tout fait basculer: le rapport très négatif émis à l’époque avait entraîné la décision du gouvernement britannique d’imposer des restrictions de voyages sur la Tunisie.

Sur la plage de l'Impérial, au lendemain du drame.

Sur la plage de l’Impérial, au lendemain du drame.

Les conséquences d’une condamnation 

La grande inconnue désormais réside dans l’issue du procès. Et étant donné qu’il y a eu mort d’hommes, on voit mal la partie poursuivie s’en sortir indemne. Mais ce qui est réellement à craindre, c’est que la TUI soit condamnée lourdement. Dans ce cas là, il y a tout lieu de penser qu’elle suspendrait unilatéralement sa présence sur la Tunisie étant donné le risque que celle-ci fait peser sur ses activités.

Plus grave encore, la condamnation éventuelle de la TUI entraînerait des inquiétudes notamment chez le N°2 du marché européen et premier pourvoyeur de touristes sur la Tunisie (Thomas Cook pour ne pas le citer) qui pourrait théoriquement lui aussi décider de mesures drastiques de peur de se retrouver un jour dans une position aussi fâcheuse que son concurrent TUI aujourd’hui. Ceci sans parler des autres opérateurs qui seraient tentés d’opter pour de pareilles alternatives à titre préventif. On n’ose imaginer les conséquences qu’aurait un tel scénario sur le tourisme en Tunisie.

Effet boule de neige

La décision du Foreign Office d’imposer des restrictions de voyages sur la Tunisie en juillet 2015 avait tout de suite provoqué un effet boule de neige. La position anglaise avait immédiatement été suivie dans les actes par la Belgique, mais aussi la Hollande et les pays scandinaves notamment. A ce jour, aucun de ces pays n’a changé sa position à l’endroit de la Tunisie en dépit des multiples événements de nature aussi tragique survenus entre temps que ce soit en Europe ou ailleurs.

Du côté des professionnels du tourisme en Tunisie, nombreux sont ceux qui déplorent ce qu’ils qualifient de politique de « deux poids, deux mesures », qui fait que la destination est « toujours traitée comme une pestiférée » alors que d’autres pays touristiques (comme la Turquie pour ne pas user de langue de bois) a enregistré bien plus d’actes terroristes ces derniers mois et présente théoriquement plus de risques pour les voyageurs qui s’y rendent.

Autant donc dire que ceux qui continuent d’espérer une levée prochaine des restrictions de voyages sur la Tunisie sont loin d’avoir fini de manger leur pain noir.

Hédi HAMDI

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