THOMAS COOK A PERDU 160.000 CLIENTS SUR LA TUNISIE
7 juin 20112011 ne restera certainement pas dans les annales de Thomas Cook. Le groupe touristique européen a en effet enregistré l’annulation de 160.000 réservations sur la Tunisie depuis le début de l’année tous marchés confondus. «Maintenant, il n’y a plus d’annulations mais pas de réservations non plus» a déclaré Denis Wathier, président de Thomas Cook France (photo ci-contre). Au départ du marché français justement, le voyagiste, qui réalise traditionnellement entre 150.000 et 200.000 clients sur la destination, verra ces chiffres réduits de moitié cette année. A l’heure actuelle, les ventes sont difficiles et accusent une baisse comprise entre 45 à 55% par rapport à la même époque de 2010. Pour autant, cela n’a pas empêché Thomas Cook France d’organiser les 7 et 8 juin l’une des grandes réunions annuelles de son management (80 personnes) à Hammamet, à l’hôtel Eldorador Salammbô. «Vu que la Tunisie est notre première destination, il nous est paru symbolique de montrer notre attachement au pays» a expliqué D. Wathier, qui a souligné les efforts réalisés pour relancer le marché, à travers des actions commerciales et avec l’ONTT, «mais il faut reconnaître que nous n’arrivons pas à retrouver les volumes habituels» a-t-il tempéré.
Actuellement, la barre psychologique des prix pour la relance serait située entre 300 et 350 euros ! «C’est un prix catastrophique pour nous et pour les hôteliers mais c’est le seuil psychologique pour faire repartir les clients et l’été ne va pas être bon sur la Tunisie» a reconnu le responsable. Cependant, l’entreprise n’est pas en décroissance comme on pourrait le croire car ses clients se sont déportés vers d’autres destinations, notamment la France, l’Espagne, la Grèce, la Crète et, dans une moindre mesure, la Turquie. Mais les capacités aériennes ayant été simplement adaptées par rapport au programme initial, le voyagiste estime être en mesure de répondre aux demandes de dernière minute grâce aux stocks importants disponibles pour juillet et août «mais nous n’arriverons pas à faire des miracles» a-t-il prévenu. Thomas Cook affrète ses clients essentiellement avec la compagnie Transavia mais également avec Tunisair et Nouvelair. L’action de soutien aux voyagistes initiée par la partie tunisienne (lire) a permis à Thomas Cook France de garder ses capacités aériennes (avec les compagnies tunisiennes) sans avoir à les reporter sur d’autres destinations.
Deux ans avant la reprise
Malgré tout, Denis Wathier se veut parfaitement optimiste quant à l’avenir de la Tunisie touristique : «les Français vont repartir, il faut reconstruire la confiance et l’avenir de la destination. Il faudra deux ans pour retrouver les mêmes volumes et les mêmes prix qu’avant et le challenge sera de les faire revenir. La révolution, il fallait la faire. Maintenant, c’est le contre-coup économique et il faut attendre patiemment le retour de la confiance».
Pour l’heure, Thomas Cook a décidé d’engager une montée en gamme de sa marque hôtelière Eldorador (propriété de sa filiale Jet Tours) sur un segment de marché cédé par le Club Med. Le nouveau concept, lancé sur dans un premier temps sur 5 Eldorador, dont les deux existants en Tunisie (Salammbô Hammamet et Aladin Djerba), s’articule autour de produits retravaillés (lire notre article) avec un slogan : «le Club de qualité… à un prix accessible». Commentant les souhaits de la Tunisie de voir son tourisme monter en gamme, le patron de la filiale française du voyagiste a estimé que «la Tunisie s’est structurée comme une destination aux portes de l’Europe, balnéaire, pour un tourisme de masse dans le bon sens du terme et qu’il faut savoir la garder et y rajouter en complément un tourisme plus haut de gamme en allant chercher des niches qui intéresseraient toujours les T.O qui les vendront».
A plus court terme, Denis Wathier confirme son optimisme pour l’hiver prochain, estimant que «les efforts actuels finiront par payer». Même dans le pire des cas et si la situation en Tunisie ne se stabilisait pas d’ici 2012, Thomas Cook assure qu’il maintiendra sa présence sur le marché. «On baissera alors nos volumes et on ajustera nos capacités, mais on ne se retirera pas, c’est trop important pour nous la Tunisie !»
Hédi HAMDI
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