La Maison Russie, un marché prometteur pour la Tunisie
20 mai 2014Palace Nevski, un 5 étoiles situé dans la perspective du même nom à Saint-Pétersbourg, la plus belle avenue de la Venise du nord. Une journée d’information suivie d’une conférence de presse s’y sont tenues le 13 mai. Lotfi Kebaïer, T.O tunisien, directeur de HTL, installé dans la ville impériale, a mis les petits plats dans les grands. Invité de marque pour répondre aux questions des journalistes russes et tunisiens, Ali Goutali, l’ambassadeur de Tunisie à Moscou.
Salle pleine, forêt de micros et une palanquée de caméras, le sujet semble démesurément intéresser les médias. Même saisonnier, le marché russe est en constante progression. Entre 2013 et 2014, il a grimpé de près 10%, passant de 310 mille à 350 à mille arrivants, renouant avec les réalisations de 2010, l’année de référence et ce, curieusement, sans promotion particulière, ni efforts singuliers. Un marché qui avance à pas de géants, comme un automate, sans aide. C’est la récente visite de Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères de Russie en Tunisie, pensions-nous, qui a motivé la présence massive des médias. « Ce n’est pas la raison essentielle, nous répond, un journaliste local, nous sommes à l’approche des vacances, tout le monde est curieux des nouveautés, et en ce moment, la Tunisie tient une place considérable chez les vacanciers ». Les autorités en ont-elles conscience ? M. Kebaïer nous répond : « le marché russe est un gisement, il suffit de peu pour qu’il se développe davantage ; il me semble que l’ONTT néglige ce marché au profit d’autres marchés traditionnels. Cela fait plus de 22 ans que nous trainons 300 mille clients or, logiquement à ce jour, nous aurions dû avoir beaucoup plus, il n’y a pas à mon sens de stratégie concertée entre le tour-opérateur et l’Etat. Personnellement, je ne demande pas d’aide, mais je souhaiterais tout de même qu’il y ait au moins une campagne de promotion, c’est le moins qu’on puisse demander. Naceur Boughamoura, manager de Voyages 2000 à Sousse et ancien résident à Saint Petersburg, enfonce le clou : « alors que le marché est en progression, la durée de la saison se réduit. Quelques années plus tôt, la saison s’étalait de mars à novembre, aujourd’hui, elle dure de mai à septembre. Incompréhensible ! »
Ali Goutali donne des éclairages sur la Tunisie, l’Histoire, la géographie, les produits naturels, les civilisations, l’accueil, la tolérance, la révolution, les rapports russo-tunisiens, avant de se plier aux feux des questions.
La Russie, un gisement pour le futur
Les prévisions sont rassurantes, optimistes ; l’ambassadeur annonce une progression considérable pour cette saison. Et, ajoute-t-il, « en 2018, nous atteindrons le chiffre d’un million de touristes russes ». La résonnance de la révolution semble avoir atteint la curiosité des Russes qui suivent l’évolution de la transition démocratique ; les échanges entre les hauts responsables se multiplient, les citoyens veulent en savoir encore plus sur les modes de vie, les offres touristiques. L’ambassadeur a mentionné les intérêts des visiteurs au premiers rang desquels la thalassothérapie ; il faut signaler que les Russes ont une longue tradition dans ce domaine. Des villes comme Odessa ou Yalta sont connues pour le thermalisme et la thalasso. Les nouveautés ? Des conventions vont être signées entre les caisses de retraites russes, les vétérans de la guerre et des hôtels tunisiens. Mieux : des équipages de cosmonautes vont séjourner dans des stations de thalasso en Tunisie. Ce qui constitue une plus-value appréciable pour la destination.
D’autre part, M. Goutali a annoncé la signature d’un jumelage entre les villes de Bizerte et Saint-Pétersbourg. Fin de la conférence de presse. Un dîner tunisien est servi aux hôtes -trio salade-couscous-dattes- suivi d’un agréable spectacle animé par des ensembles russes et accessoirement par une troupe folklorique tunisienne. Et en guise de scoop, l’ambassadeur de Tunisie annonce le projet d’un film relatant l’épopée de la flotte qui a quitté la Mer noire en direction de Bizerte et l’installation des marins et officiers russes dans cette ville. Le réalisateur, qui a été approché, n’est pas moins que Nikita Mikhalkov, l’un des grands réalisateurs du cinéma russe (« Les yeux noirs », oscar du meilleur film étranger et prix du jury à Cannes pour « Soleil trompeur »). Tarek Ben Ammar serait sur la liste pour la production du film. L’histoire de cette flotte est palpitante à tel point que M. Goutali a comparé les péripéties de ce film à celles du Titanic. En moins dramatique bien sûr puisque dans la réalité, les Russes exilé à bord des bateaux ont fini par s’installer en terre tunisienne.
Hamma Hanachi
Laisser un commentaire