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Les experts allemands encore au chevet du tourisme tunisien

Les experts allemands encore au chevet du tourisme tunisien

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Difficile de ne pas s’enthousiasmer lorsque l’on apprend que 45 millions d’Allemands, c’est-à-dire plus que la moitié de la population, voyagent pour le balnéaire et que 25 milliards d’euros constitue le chiffre d’affaires généré par les touristes allemands en 2013. Un montant en nette progression selon les experts allemands du tourisme qui ont animé le 12 et le 13 janvier une rencontre tuniso-allemande sur le tourisme. Organisée par l’AHK (Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce) en partenariat avec le ministère du Tourisme et la FTAV, cette rencontre annuelle portait sur l’analyse du comportement du touriste allemand, d’une part, et sur le positionnement de la Tunisie sur le marché des voyages en Allemagne, d’autre part. Tout au long de cette conférence qui s’est voulue interactive, des représentants de l’industrie touristique en Tunisie ont pu apporter leurs réflexions autour de ces thèmes et interagir sur plusieurs problématiques comme la desserte aérienne, la diversification de l’offre touristique et des régions, la qualité de la chaîne de valeurs touristiques et la qualité de l’environnement touristique.

Profil du touriste allemand : décryptage

Il est de toute évidence plus opportun de parler d’abord des tendances comportementales des touristes allemands et de mettre en évidence leurs principales exigences, leurs attentes et leurs motivations quand ils partent en vacances. Même si nous en connaissons une grande partie, il a été confirmé que ces derniers voyagent beaucoup et réservent leurs destinations jusqu’à 6 mois avant le départ. Les Allemands ont un pouvoir d’achat relativement élevé en Europe et sont par conséquent disposés à dépenser plus, pour des prestations de qualité. Bien entendu. « Le segment des voyages dont le budget dépasse les 3 000 euros a augmenté de 10 % sur les deux dernières années » a déclaré Dirk Inger, expert et président de la Fédération allemande du voyage. Les Allemands sont aussi « très à cheval sur les règles d’hygiène et sur la propreté », a-t-il dit et répété à maintes reprises. A bon entendeur salut. Il est à noter également, que par rapport à la moyenne européenne, les Allemands sont considérés comme les plus sensibles aux problèmes écologiques. Ils sont également de grands consommateurs de croisières et le marché allemand reste fortement tourné vers la Méditerranée, comme l’a indiqué Roland Gassner, expert chez GFK SE Travel & Logistics. D’ailleurs, « 85 % des touristes allemands qui viennent en Tunisie sont principalement intéressés par le soleil, le sable et la mer », a-t-il  souligné en ajoutant « mais ceci ne veut pas dire qu’ils se contentent de se dorer au soleil pendant une semaine sans rien faire ». Ces derniers veulent bouger, trouver des activités comme le VTT, la randonnée, le golf, la thalasso, le bateau, les excursions, le shopping, visiter des sites archéologiques, etc. A juste titre, pour Dirk Inger, « la Tunisie doit renforcer ses atouts pour lesquels elle a déjà un avantage compétitif comme la thalassothérapie et doit attirer plus de monde vers ses sites exceptionnels, classés patrimoine mondial de l’humanité ».

Brise d’optimisme ou léger regain de confiance ?

Une étude de 2013 a révélé que seulement 49 % des touristes allemands qui se sont rendus en Tunisie ont été satisfaits de leurs séjours, que 54 % ont l’intention de revenir et que 32 % uniquement ont la volonté de recommander la destination à des amis ou des proches. Des chiffres pas très réjouissants même si l’on constate que sur cette même année, les entrées de touristes allemands ont augmenté de 3 % par rapport à l’année 2012. Ce qui représente un peu plus de 400 000 touristes. Sur les 45 millions qui ont voyagé pour le balnéaire à travers le monde, cela est complètement dérisoire. Surtout pour un pays qui peut se vanter d’avoir 1 300 km de littoral méditerranéen. Certes, pendant ces dernières années, l’image de la Tunisie s’est retrouvée amplement détériorée et la confiance totalement ébranlée pour des raisons telles que l’instabilité politique, les tensions sociales, les services hôteliers de mauvaise qualité, l’insécurité ou encore les problèmes d’hygiène qui ont scandaleusement atteint leur paroxysme.

Mais aujourd’hui, la Tunisie est en train d’envoyer des signaux positifs qui peuvent de nouveau faire rétablir a confiance auprès des touristes et des investisseurs dans le secteur du tourisme. « La Tunisie est maintenant un pays stable, fiable et démocratique. Nous sommes prêts à vous apporter notre soutient et à regarder avec vous l’avenir avec optimisme », a annoncé Dirk Inger. « Personne ne peut aujourd’hui prétendre ne pas visiter la Tunisie pour des raisons géopolitiques car la transition est faite. Le tourisme doit retrouver désormais son rôle moteur dans la croissance économique de notre pays », a annoncé Amel Karboul, la ministre du Tourisme, dans son allocution où elle a appelé les professionnels du secteur à se débarrasser des vieux réflexes et de rompre avec l’attentisme en soulignant que sur le moyen terme, la Tunisie sera gagnante des efforts qui ont été déployés à travers la stratégie « 3+1 ».

A la reconquête d’un paradis perdu

Les intervenants ont été tous unanimes quant aux mesures que la destination Tunisie doit appliquer pour rehausser son image et redevenir désirable aux yeux des Allemands. « La Turquie a réussi à le faire pendant ces dernières années, pourquoi pas la Tunisie ? », s’est interrogée Petra Dachtler, Chargée d’affaires à l’ambassade d’Allemagne en Tunisie. Voici la synthèse de ces mesures : la diversification des produits et des régions ; des prestations de services (hôteliers et para-hôteliers) de meilleure qualité ; la formation du personnel ; une politique plus efficace pour la gestion des déchets ; développer des niches à forte valeur ajoutée (tourisme agraire, tourisme événementiel, tourisme culturel, tourisme vert, tourisme résidentiel avec les longs séjours pour les séniors ; les maisons d’hôtes) en parallèle avec le balnéaire. D’après Dirk Inger, il est aussi impératif de donner « un profil clair » à la Tunisie à travers lequel elle pourra véhiculer une image et une identité forte qui la différencie des autres destinations balnéaires qui lui sont substituables. Par ailleurs, celui-ci a déclaré en présence de Mme Karboul, que le timbre de sortie est une mesure pénalisante qui, selon lui, n’est pas du tout adaptée à cette conjoncture difficile. Toujours selon cet expert, la destination est appelée à améliorer la visibilité de ses produits en développant sa politique de communication sur des supports utilisateurs de nouvelles technologies pour plus de transparence. Des agents allemands de voyages sont recommandés pour être sur place et tester les produits pour qu’ils puissent par la suite mieux les conseiller et plus facilement les commercialiser aux clients. Un meilleur positionnement de la Tunisie dans les circuits de la vente directe a été également préconisé étant donné que les Allemands sont encore des partisans de la billetterie classique même s’ils choisissent leurs séjours en ligne.

Le tourisme tunisien est comme un corps malade qui n’arrive pas à se soigner seul, avec ses propres moyens. La médication prescrite par les experts allemands du tourisme n’est pas quelque chose de vraiment nouveau. C’est presque une rengaine puisque tout le monde connait la recette. La vraie difficulté réside, comme toujours, dans l’application concrète de ces batteries de mesures et de recommandations. En faisant abstraction de se qui se passe en Libye entre belligérants islamistes et de la  crainte par certains de contamination (rappelons-le tout de même), l’aboutissement de ces mesures va dépendre des choix stratégiques du prochain gouvernement, de sa volonté à assainir l’environnement économique du pays et de sa capacité à favoriser des conditions de sécurité optimale. Cela dépendra aussi du degré d’implication des parties prenantes qui interviennent sur toute la chaîne de valeurs touristiques, à laquelle il revient d’assurer des services de bonne qualité au client et de lui garantir un plein d’émotions et d’impressions positives depuis son arrivée à l’aéroport. Seulement, et rien qu’en prononçant le mot aéroport, on s’aperçoit que le chemin de la guérison risque d’être un peu long…

K.M

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